Un parti pourri, deux de centre droit?

Le parti québécois doit mettre cartes sur table

Chronique de Pierre Gouin

S’il existe une alternative valable, je ne crois pas qu’un nouveau parti qui présenterait un programme de centre droit aura beaucoup de succès. Quel contribuable de la classe moyenne bien informé voudrait voter pour ce parti? On a vu la réaction populaire au dernier budget libéral. Un parti de centre droit tentera lui aussi de régler les problèmes budgétaires du Québec sur le dos de la classe moyenne. On connaît le discours: les entreprises et les entrepreneurs créent la richesse, les dépenses du gouvernement sont improductives, sauf les subventions aux entreprises, et si les québécois veulent conserver les mêmes services publics ils devront y consacrer une plus grande part de leurs revenus.
Pourquoi payer plus maintenant qu’il y a dix ans? Les gens voient clair. Ils concluent que nous sommes en déficit d’abord parce que ceux qui sont près du pouvoir au Québec s’en sont mis plein les poches depuis des années, et aussi, parce qu’une crise économique mondiale, provoquée par des financiers trop gourmands, crée des difficultés à tous les gouvernements ou presque. Pour la droite, les québécois veulent tout avoir sans payer. Il ne faut pas rire du monde: il y a trop de corruption impliquant des fonds publics pour qu’on se laisse plumer sans rien dire.
Le parti québécois devrait avoir beau jeu de se démarquer mais il n’a pas été très clair sur ses orientations depuis plusiers années, au point où il peut aussi être perçu comme un parti de droite, en ce qui a trait au partage de la richesse. Pendant des mois il me semble que la chef, en accord avec le parti, n’a fait que le nécessaire pour survivre politiquement en attendant la chute du premier ministre : des réactions vives aux scandales impliquant les libéraux mais peu de propositions concrètes visant à mieux protéger nos institutions de la corruption; une opposition ferme à certaines des mesures du budget, mais pas de dénonciation claire de l’idéologie néo-libérale sous-jacente. Si le parti québécois ne performe pas mieux dans les sondages, ce n’est pas dû à une insatisfaction populaire quant à la stratégie référendaire. C’est en bonne partie parce que la population ne sait pas trop à quoi s’attendre de sa part et qu’elle croit que la différence avec le parti libéral n’est qu’une question de nuances, dans les mœurs comme dans les politiques.
Le parti québécois devrait annoncer clairement qu’avant de considérer des hausses significatives de taxes et de tarifs, il s’attaquera à la corruption et au gaspillage dans les hautes sphères de l’administration publique. Il devrait aussi annoncer qu’il mettra fin à l’expansion effrénée du secteur privé de la santé. La privation actuelle se fait en pillant les ressources rares du secteur public, qui ont été formées avec des fonds publics, et n’a comme seul impact que de faire passer ceux qui ont les moyens de payer à l’avant des files d’attente.
Certes, il faut assez rapidement éliminer le déficit mais les difficultés budgétaires actuelles sont pour une bonne part attribuable au laxisme dans l’administration des fonds publics. En outre, les données sur le déficit et les projections du niveau de la dette sont de qualité douteuse, la partialité s’étant immiscée jusque dans la présentation des données budgétaires officielles.
Les administrations de plusieurs ministères ressemblent maintenant à de grands cabinets ministériels. Les cadres ont créé des cliques intouchables qui se soustraient elles-mêmes aux règles de la fonction publique, y compris celles qui affectent la rémunération. L’impossibilité de mettre en place un véritable processus de rationalisation des dépenses publiques s’est révélée dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix: on demandait aux gestionnaires de préparer une liste de coupures qui pourraient être effectuées dans leur secteur, des documents étaient préparés démontrant que tous les mandats étaient essentiels et on finissait avec une coupure uniforme dans toutes les activités du secteur public, ce qui touche plus la prestation de services que l’administration. Aujourd’hui, on ne perd plus de temps avec les consultations internes. Depuis longtemps l’indépendance des hauts fonctionnaires n’existe plus. Plus récemment, l’indépendance des administrateurs d’organismes et de sociétés d’État s’est effritée comme celle des juges apparamment. Des analystes on dit que de toute façon les juges qui ont été nommés sont tous compétents. C’est lamentable. Pour un juge, et même pour un administrateur public, l’indépendance n’est pas moins indispensable que la compétence.
L’effort consacré à l’assainissement de l’administration et des dépenses publiques n’empêchera pas de s’occuper des autres vraies affaires, au contraire. L’évolution du fédéralisme canadien depuis quelques décennies constitue une des principales causes de nos difficultés budgétaires. Je comprends mal la stratégie qui vise à réclamer de nouveaux pouvoirs d’Ottawa en échange de points d’impôt alors que rien n’oblige le gouvernement fédéral à négocier de bonne foi. Au contraire, depuis l’épisode de lutte aux déficits des années quatre-vingt-dix, la stratégie du fédéral a été d’accroître son pouvoir en n’accordant pas aux provinces les recettes fiscales nécessaires au financement des responsabilités déjà prévues par la constitution. Ce qui est ainsi apparu clairement c’est que les provinces n’ont aucun pouvoir de négociation face au gouvernement central en matières de fiscalité, d’autant plus que les autres provinces préfèrent, aussitôt que les choses se corsent, sacrifier leur propres intérêts plutôt que de se placer du même côté que le Québec. Une campagne d’information devrait mettre en lumière la disparité qui existe entre les budgets serrés disponibles pour la santé et l’éducation au Québec et les ressources énormes qu’Ottawa consacre à des mandats secondaires et à des mandats provinciaux, avec le gaspillage qui s’ensuit. Dans un premier temps, cette campagne générerait un appui populaire à des revendications sur le plan fiscal mais la réaction d’Ottawa pourrait se traduire par des appuis nouveaux à l’indépendance du Québec.
Finalement, que les féderalistes nous laissent tranquilles avec leur péréquation. Les montants importants versés au Québec au cours des années récentes s’expliquent principalement par les ressources pétrolières de quelques provinces, non pas par une meilleure gestion de l’économie en dehors du Québec. Il faudrait comparer ces versements aux pertes que subit le Québec en raison d’un dollar surévalué de 20% à cause de ce même pétrole.


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5 commentaires

  • Lise Pelletier Répondre

    1 novembre 2010

    Bonjour M.Gouin,
    En effet, PQ ou PLQ bonnêt blanc ou blanc bonnêt, surtout pour ceux qui ne suivent pas la politique.
    Je me permets d'attendre les états généraux d'avril pour voir ce que Mme Marois va proposer et pour porter jugement.
    Jusqu'à maintenant, à part la promesse de la tenue d'une enquête publique sur la construction et le financement des partis, rien d'autre. Faudra voir, c'est certain.
    @M.Tremblay, ce serait un honneur pour moi d'avoir comme chef du parti québécois M.Michaud, quel baume pour lui après ces 10 années d'exclusion, un homme bon doué d'une grande intelligence.
    Et comme vous dites, si adorable !!
    Vous m'avez fait rire là, même si c'est vrai, simplement je ne m'attendais à ce genre de commentaire de votre part.
    Je lis vos tribunes ou commentaires depuis quelques mois et ceux-ci sont plutôt directs et sans fausse complaisance. Ce que j'apprécie énormément.
    Lise Pelletier
    +

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2010

    Je trouve que Les marionnettes qui seront à la tête de ce parti sont d'un ridicule, je les écoute parler et je comprend une chose dans leurs discours et c'est de remettre john james charest au pouvoir pour avoir droit à leurs enveloppe brune de john james eux aussi.....
    Restons vigilant et ne portons aucune importance à ce nouveau parti libéral déguiser..
    VIVE LE QUÉBEC LIBRE ET LE QUÉBEC FRANÇAIS.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2010

    Logiquement, le PQ devrait s'attaquer au système fédéral. C'est celà un parti indépendantiste.
    Mais Marois nous dit qu'elle veux plutôt faire des demandes au fédéral ! C'est un non-sens. Le fédéral ne peut pas donner des pouvoirs qu'il n'a pas lui-même. Lui non plus ne contrôle plus rien. Harper obéi aux corporations et aux banques privées. Ce sont eux qui contrôle le Canada. Ce sont eux le système.
    Réduire les dépenses de l'État ? L'État ne dépense pas ! L'argent du travail des citoyens s'engouffre dans un entonnoir directement dans les coffres des banques privées et ne reviens plus pour payer le travail d'autres travailleurs ou en investissement pour la création d'entreprises. L'État doit alors encore emprunter à ces banques privées.
    Il n'y a pas de sortie à celà par des demandes au fédéral. C'est le système du pays. Le fédéral aussi s'engouffre et n'arrive à retarder l'innévitable que grâce au pétrole.
    La seule sortie possible est l'indépendance et la nationalisation de toutes les institutions financières du Québec. On arrête alors la perte du fruit de notre travail dans cet entonnoir. L'argent revient.
    Mais pour faire l'indépendance les Québécois doivent comprendre pourquoi et donc il faut l'éduquer, faire la pédagogie. Le PQ ne la fait pas lorsqu'il est au pouvoir et ne la fait pas plus lorsqu'il est en opposition.
    Il y a un homme qui était prêt à le faire et qui le fait toujours, mais qui mériterait d'être au PQ pour le faire mieux, c'est Michaud. C'est pourquoi il l'ont lynché.
    Michaud au pouvoir, il s'attaquerait à ces bandits en forçant des réformes par la loi et la constitution fédérale.
    Il obligerait le fédéral à agir en le dénonçant à l'international pour ne pas respecter ses lois, etc...
    Nous avons besoin d'un PQ qui se bat ! Pas à genoux à quémander !
    Mme Marois a trop d'intérêts personnels en jeu pour se battre contre le système. Elle dépend du système. Elle en fait partie. Je suis sûr qu'elle a été placée là, comme Boisclair nous fut imposé et Bouchard aussi.
    Ces jeunes péquistes ont compris. Il faut placer nous-mêmes nos hommes. Quelle plus belle preuve d'intégrité que Michaud ? Il n'y a pas meilleur symbole contre la corruption des Libéraux. Et de plus, il est adorable.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2010

    Je suis bien d'accord avec l'auteur. Il y a du grand ménage à faire dans la haute administration publique, dans nos sociétés d'État, mais également dans la fiscalité. Je pense que le prof. Lauzon pourrait donner quelques bonnes idées.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2010

    Exactement comme vous dites : «Le parti québécois devrait annoncer clairement qu’avant de considérer des hausses significatives de taxes et de tarifs, il s’attaquera à la corruption et au gaspillage dans les hautes sphères de l’administration publique».
    Mais le fera-t-il ? Le fera-t-il pendant qu'il est pertinent de le faire? Et clairement ?
    La cheffe a déjà annoncé qu'elle reverrait la loi inique 115. Pourquoi n'annonce t-elle pas qu'Melle fera de même avec la corruption généralisée qui nous coûte la peau des fesses?
    C'est ça qui m'agace avec le parti, il se tient souvent devant un filet ouvert, et il ne lance pas...