Un gouvernement libéral minoritaire où l'ADQ s'imposera

Québec 2007 - Résultats et conséquences


Isabelle Rodrigue - Revanche des régions ou simple expression du ras-le-bol envers les «vieux partis», les électeurs québécois auront réussi à passer à l'histoire, lundi, en faisant sortir de l'ombre l'Action démocratique du Québec (ADQ) et en élisant le premier gouvernement minoritaire depuis 1878.
Après une campagne marathon de 34 jours, qui a donné lieu à l'une des luttes les plus serrées de l'histoire politique récente du Québec, la soirée de lundi aura transformé complètement le paysage politique québécois.
Le gouvernement libéral de Jean Charest continuera à gouverner pour un second mandat mais, statut de gouvernement minoritaire oblige, il sera tenu en laisse par les deux partis d'opposition. L'ADQ formera l'Opposition officielle, reléguant le Parti québécois (PQ) à la troisième place.
«Les Québécois ont rendu un jugement, il faut reconnaître que c'est un jugement sévère. Mon parti et moi-même devrons en tirer des conclusions», a souligné M. Charest, dans son discours à Sherbrooke où il a été réélu.
Par contre, «jamais je ne baisserai les bras», a ajouté le premier ministre, d'un ton combatif mais se disant prêt à travailler avec les deux autres partis à l'Assemblée nationale.


L'engouement pressenti envers le parti de Mario Dumont se sera donc concrétisé, la formation ayant balayé comme prévu les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. Plus encore, l'ADQ aura fait des incursions importantes dans des secteurs où personne n'aurait prédit cette tournure il y a un mois, comme en Montérégie, en Mauricie, dans Lanaudière et dans les Basses-Laurentides.
L'ADQ termine au deuxième rang, derrière le Parti libéral (PLQ) qui n'a été en mesure que de conserver ses bastions traditionnels de Montréal, Laval, de l'Estrie et de l'Outaouais.
La formation de M. Dumont a remporté 41 circonscriptions, seulement sept de moins que le Parti libéral qui termine cette course avec 48 députés élus. Le Parti québécois vient ensuite, avec 36 députés élus.
En pourcentages, le PLQ obtient 33,1 pour cent des appuis, suivi de l'ADQ avec 30,8 pour cent et du PQ avec 28,3 pour cent. Il s'agit du pire score des libéraux depuis la Confédération.
Les Québécois ont écrit une page d'histoire, a déclaré M. Dumont lors de son discours, à Rivière-du-Loup. «Ils ont fermé un chapitre et en ont ouvert un autre», a-t-il lâché, donnant déjà rendez-vous à ses sympathisants pour la «prochaine étape», faisant allusion à la prochaine élection.
M. Dumont a été le premier chef a être déclaré élu, devançant largement son adversaire libéral, Jean D'Amour, l'ex-maire de Rivière-du-Loup.
Une vague adéquiste a déferlé sur la grande région de Québec, où seuls les péquistes Agnès Maltais (Taschereau) et Rosaire Bertrand (Charlevoix) ainsi que les libéraux Philippe Couillard et Sam Hamad ont pu sauver les meubles devant l'ADQ qui y aura amassé sept sièges, dont celui de la vedette Gilles Taillon.
Les électeurs auront montré la porte au ministre des Transports, Michel Després, dans Jean-Lesage, et à Carole Théberge, ministre de la Famille, dans Lévis, faisant place à des députés adéquistes là aussi.
Mais la grande surprise vient de la Montérégie, où l'ADQ s'est imposée dans La Prairie, Shefford, Huntingdon, Saint-Hyacinthe, Iberville, et Marguerite d'Youville.
Dans Saint-Jean, un comté considéré baromètre, les électeurs ont accordé leur confiance à l'adéquiste.
Dans les Basses-Laurentides, le parti de M. Dumont remporte la mise dans Blainville (battant l'ex-ministre péquiste Richard Legendre), Groulx, Prévost et Deux-Montagnes.
Le PQ, qui connaît son plus bas score depuis l'élection de 1970, garde la main sur Lac-Saint-Jean, où les libéraux n'auront pas réussi à faire élire leur vedette, le médecin Yves Bolduc. Le parti conserve aussi les comtés montréalais de Hochelaga-Maisonneuve, Bourget, Mercier, Gouin et, à l'arraché, Vachon.
Les libéraux conservent sans grande surprise leurs châteaux forts montréalais ou lavallois, ne cédant que Crémazie à la péquiste Lisette Lapointe. Si plusieurs ministres libéraux ont dû se battre bec et ongles pour conserver leur comté, deux auront été défaits par leur adversaire péquiste: le ministre des Ressources naturelles, Pierre Corbeil, a été battu dans Abitibi-Est, tout comme la ministre Françoise Gauthier, dans Jonquière.
L'ex-journaliste de Radio-Canada, Christine St-Pierre, aura réussi à se faire élire dans L'Acadie, tout comme son ex-collègue, Bernard Drainville, dans Marie-Victorin. Pierre Curzi, candidat dans Borduas, délaissera sa carrière de comédien pour celle de député péquiste.
Le chef du PQ, André Boisclair, a conservé son fief de Pointe-aux-Trembles. Il a été le premier à prendre la parole devant ses partisans, réunis à Montréal.
Moins souriant qu'à l'habitude, un brin crispé, il a tenté d'amoindrir le choc pour le PQ en soulignant que seulement «quelques sièges nous séparent du pouvoir».
L'élection est décisive pour MM. Charest et Boisclair, qui pourraient être forcés de faire des choix cruciaux quant à leur avenir politique, au terme de cet exercice.
Signe que les tiers partis semblent réussir à s'imposer malgré des moyens moins grands, le Parti vert obtient 3,9 pour cent des voix, une croissance notable depuis 2003 alors que la formation avait terminé avec moins d'un pour cent des voix.
Son chef, Scott McKay, aura terminé au quatrième rang dans la circonscription de Bourget, où il se présentait.
Québec solidaire aura perdu son pari de faire élire un de ses porte-parole. Françoise David et Amir Khadir ont mordu la poussière, non pas sans une lutte féroce: les deux candidats ont terminé au deuxième rang dans leur comté respectif. Leur formation obtenait 3,9 pour cent des voix.


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