Qui sont les véritables caribous?

Une foi aveugle unit ceux qui croient encore au Canada, celle des vrais Caribous. Faudrait-il les suivre ?

Chronique de Louis Lapointe


Qui sont les véritables caribous, ceux qui croient que le Canada peut
changer, un chemin déjà battu qui conduit directement au gouffre
constitutionnel, ou ceux qui préfèrent tracer le sentier qui mène au pays ?
L’expérience nous prouve que toutes les tentatives de changer le Canada
sont demeurées vaines. Une foi aveugle unit ceux qui croient encore au Canada, celle des vrais Caribous. Faudrait-il les suivre ?

Alors, dites-moi, qui a la foi, ceux qui pensent qu’une prière peut
arrêter la pluie ou ceux qui se construisent un abri ? Qui a la foi, ceux
qui pensent que le Canada va changer ou ceux qui travaillent à fonder un
nouveau pays ? Pas plus qu’une prière ne peut arrêter la pluie, la foi
aveugle ne changera le Canada.

On devrait plutôt parler d’espoir lorsqu’on parle du pays. Celui des
bénévoles travaillant jour après jour pour que naisse le pays ; celui de
nos grands parents participant aux corvées pour bâtir leurs granges et
leurs maisons ; celui de nos lointains ancêtres édifiant de majestueuses
cathédrales, sachant tous, en leur for intérieur, que les générations
suivantes verraient tôt ou tard le résultat de leur labeur, chaque poutre,
chaque pierre ajoutée, nourrissant le désir de voir ces œuvres achevées,
peu importe le temps écoulé. C’est le même espoir qui habite ceux qui
travaillent d’arrache-pied à faire avancer la cause de l’indépendance.

Tandis que les réformistes se bercent d’illusions tranquilles, croyant
qu’on peut changer le Canada, un édifice dont on ne peut même pas penser
changer une seule pierre de peur qu’il ne s’écroule tant il est bâti sur des
fondations fragiles, les indépendantistes travaillent à construire le
pays.

Nous sommes loin de la foi. Nous sommes plutôt dans le domaine de
l’espoir, celui de voir un jour une cathédrale là où il y avait jadis un
terrain vacant, un pays là où il y avait une colonie asservie !

Alors, je vous le demande bien, qui sont les véritables caribous ?

Louis Lapointe

Brossard, le 28 avril 2008

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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14 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juin 2014

    Monsieur Lapointe,
    Pour moi, un « caribou » est un terme péjoratif utilisé par des membres du Parti Québécois pour désigner ceux qui croient, pur et dur, à l'indépendance du Québec au moyen d'un référendum non gagnant. C'est une métaphore pour rappeler qu'il y a longtemps, 10 000 caribous (les vrais animaux) se sont jetés dans la rivière Caniapiscau en 1984. Ça avait passé pour un suicide collectif.
    Alors, lorsque vous dites: « ... Une foi aveugle unit ceux qui croient encore au Canada, celle des vrais Caribous. ... », il me semble que vous êtes complètement à côté de la « track ». Ceux que l'on appelle les Caribous, n'ont aucune espèce de liens sentimentaux envers le Canada.
    C'est peut-être moi qui suis à côté de la « track »...

  • Yves Côté Répondre

    4 mai 2011

    Je n'avais pas eu l'occasion de lire ce texte en 2008. Vigile a eu l'excellente idée de le publier de nouveau et cela m'a enfin donné l'occasion de le connaître.
    Monsieur Lapointe est, de mon point de vue, entièrement dans le vrai par son analyse historique et sociale. Lui, il se souvient.
    Concision, intelligence et sensibilité s'y trouvent liées pour donner l'heure juste à ses lecteurs.
    Merci à Monsieur Lapointe et à Vigile.
    Vive le Québec libre !

  • Éric Messier Répondre

    3 mai 2011

    Bravo M. Lapointe, très bien dit.
    J'aime surtout votre rappel du courage (un peu fou) dont ont fait preuve nos ancêtres Français.
    Ce sont eux les souches du Québec moderne (dans le sens qu'avant eux, il n'y avait que des teepees, tous les autres, incluant les Brits, ne sont venus que bien après).
    Ceux qui répliquent à ce fait pur et simple en hurlant au racisme ou la xénophobie sont soit ignorants, soit jaloux.
    Leur but est de nous faire taire et s'écraser, ce qui marche trop souvent.
    Il faut rappeler à cette nation qu'elle a toute les raisons d'être fière et autonome.

  • Marcel Haché Répondre

    3 mai 2011

    J’espérais à l’époque que le P.I. incite le P.Q. à radicaliser son discours et l’incite aussi à envisager une prochaine campagne électorale sur le mode référendaire. Je reste convaincu de la justesse de l’approche du P.I. et que, tôt ou tard, le P.Q. y viendra.
    Mais l’état des lieux…à deux environ des élections provinciales, peut-être trois, cette disparition du Bloc, je suis convaincu plus que jamais de la justesse de l’approche du P.Q. quant à une gouvernance souverainiste. Il est maintenant trop tard au P.Q. de modifier sa course. Le ferait-il qu’il se suiciderait. Le P.Q. s’est condamné à une prise soft du pouvoir.
    Les conservateurs de Harper viennent de réussir le test de cette façon précise. Ils ont gagné d’une manière soft, mais rien n’indique qu’au pouvoir, ils seront aussi soft…

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    3 mai 2011

    Alea jacta est.

  • Rodrigue Guimont Répondre

    29 avril 2008

    Du caribou à l'orignac (>> orignal)
    À lire pour mieux comprendre une partie des 63% des sondés, toujours assis entre deux chaises, qui souhaitent faire progresser la (con)fédération canadienne:
    http://www.ledevoir.com/2008/04/29/187372.html

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 avril 2008

    M. G.Martin,
    La vérité ferait-elle moins mal si je signais J.Tremblay?
    Pourquoi croyez-vous que les journaux anglo ne demandent pas à leurs éditorialistes de signer leur texte?
    Savez, si je lisais un texte sans savoir qu'il est de Pratte, peut-être serais-je moins braqué en interprétant chaque mot...
    Tout comme Michel David, sa reconversion récente, depuis sa prise de position dans l'hôpital de Lachine, nous aurait moins rendus soupçonneux s'il n'avait pas signé... C'est la progression de mentalité avec Internet. Essayez, vous verrez.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2008

    Les 2 critiques contre le PI, n'ont pas assez de courage pour s'identifier.
    Parce que s'il le faisaient, leur message perdrait encore plus de crédibilité qu'en étant anonyme, voilà.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    28 avril 2008

    M. G.V.: "en vertu de quel snobisme indépendantiste il faudrait lever le nez là-dessus."
    Voilà le genre de vocabulaire auquel M. Sénéchal avait daigné renoncer mais que les émules d'Éric affectionnent encore. Ce sont pourtant vos alliés éventuels que vous dénigrez! De plus, s'aventurer hors de l'abri nucléaire quand la bombe a déjà sauté, c'est trop tard. M. Frappier compte tirer un autre coup de semonce près des oreilles de Pauline pour n'avoir pas vu venir la Cour Suprême contre sa nouvelle loi 101. Et ensuite? Plus de PQ à l'Assemblée, Mario à l'opposition, un parti qui veut parler d'indép. à un peuple désabusé et entiché de Charest et Harper! Qui sont les Québécois? Plutôt les néo...

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2008

    La "belle surprise" c'est que pour la première fois depuis 1973 un parti politique fait de l'indépendance l'enjeu d'une élection. C'est déjà quelque chose, c'est déjà énorme, c'est exceptionnel. Sortir du placard. Briser le choeur des autres partis qui nous chantent tous à l'unisson la beauté des réformes dans le régime. Enfin le choix électoral de l'indépendance. Je me demande bien en vertu de quel snobisme indépendantiste il faudrait lever le nez là-dessus.
    GV

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    28 avril 2008

    "Le PI peut nous faire une belle surprise aux prochaines élections partielles."
    En dehors de Vigile, quelqu'un a-t-il déjà entendu parler du PI?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2008

    Le parti québécois actuel ressemble à l'Union Nationale de 1968-69.Il est fort encore d'une grande espérance , qui l'a porté, et le porte encore.Il garde présentement son électorat traditionnel.Mais c'est un parti discrédité.Qui n'arrive plus à véritablement renouveler auprès des jeunes générations l'enthousiasme à l'égard de l'indépendance du Québec.
    Et le parti indépendantiste lui pose maintenant un défi historique qu'il ne peut plus relever :après avoir mis en retrait l'idée référendaire,le P.Q. ne peut plus maintenant la ressortir sans se discréditer davantage.Plus,il ne peut même plus radicaliser son discours.En fait,le P.Q. vient d'entrer dans l'orbitre fédéraliste.Orbitre éloigné,il est vraiC'est pourquoi le p.m. Charest, blagueur et sérieux, demandait dernièrement à Pauline Marois si elle était devenue fédéraliste.
    La chef du P.Q. n'est pas fédéraliste.Mais la question posée ne témoignerait-elle pas qu'elle est devenue caribou ?
    Les caribous sont aussi fédéralistes, évidemment,mais ceux-là,Ottawa voudra les abuser en les reconnaissant"nation dans un Canada Uni",en les invitant même à rejoindre la famille canadienne de 1982.Tel est l'agenda.
    Pour le reste,les caribous,c'est la vieille poutine du P.Q.,pas du P.I.

  • Lionel Lemay Répondre

    28 avril 2008

    En réponse à l'article de Pierre Cloutier du 25 avril, j'ai dit que j'étais un caribou qui a traversé la Caniapiscau sans se noyer et j'ai joint le Parti Indépendantiste. J'espère que d'autres caribous suivront en masse.
    Depuis 1995, j'étais découragé de l'immobilisme du PQ après le départ de M. Parizeau mais je n'avais pas d'autre alternative.
    Dans les échanges de vues, quelqu'un disait que les députés du PQ n'étaient là que pour l'attrait du pouvoir provincial et qu'ils avaient peur de parler d'indépendance. Un autre a répliqué qu'une personne qui a peur du feu ne devient pas pompier et j'ai répondu que le pompier en poste qui laisse brûler la maison sans rien faire pour éteindre le feu ne mérite pas la confiance des gens.
    Le PI peut nous faire une belle surprise aux prochaines élections partielles. Vive le Parti Indépendantiste.

  • Rodrigue Guimont Répondre

    28 avril 2008

    Le problème numéro un chez nombre de nos compatriotes c’est l’aspect monétaire de la question. On reconnaît bien ici nos origines normandes : « p'tet ben qu'oui, p'tet ben qu'non... »
    Misère!... Intéresser des gens qui ne s'intéressent pas à la politique ou qui votent toujours du même bord depuis des générations (j’exagère à peine!) et qui de plus n’y comprennent rien ou si peu... faut être Croisé pour y croire et malgré tout j'y crois...
    Aussi longtemps que nous aurons un portefeuille à la place du cœur, on réfléchira de manière pragmatique.