Plutôt que de faire durer un psychodrame malsain, André Boisclair a démissionné hier matin de son poste de chef du Parti québécois. L'intensité de la remise en question de son leadership ne lui permettait pas de présider au processus de rénovation du programme du PQ qu'il voulait engager. Son départ facilitera la suite des choses pour ce parti.
Au lendemain de la défaite du 26 mars, le chef péquiste avait invité ses militants à ne pas se réfugier dans le déni de la réalité. Ces derniers jours, s'appliquant à lui-même ce mot d'ordre, il constatait que la confiance à son endroit était gravement altérée. Il portait le poids de la défaite électorale, la plus sévère subie depuis 1970 par le PQ, et d'une contestation de ses qualités personnelles qui avait commencé bien avant la campagne électorale. Sa décision sert le bien commun.
Parce qu'il a pu apparaître précipité, le départ d'André Boisclair a été perçu comme un choc au sein de son parti. Survenant au moment où les travaux de l'Assemblée nationale reprennent, il ne peut que renforcer l'image de désarroi régnant au PQ. Au surplus, le vide créé par cette démission laissera à l'Action démocratique et au Parti libéral un espace dont ils profiteront. Le gouvernement Charest pourra respirer plus librement tant que le PQ n'aura pas de chef.
Ce moment difficile à passer était inévitable, et mieux valait qu'il survienne maintenant que plus tard. À moyen terme, le PQ a tout à y gagner, pourvu qu'il fasse les choses dans l'ordre. D'abord, il lui faut se choisir un nouveau chef rapidement, c'est-à-dire dès cet automne. Ensuite, celui-ci devra mener la nécessaire rénovation du programme. Il faut également éviter d'imposer au prochain chef du PQ un programme à la préparation duquel il n'aurait pas été associé. Élu chef en novembre 2005, André Boisclair était prisonnier du programme adopté au congrès de juin 2004. Ce programme ne lui convenait pas, c'était un secret de polichinelle, mais il ne se sentait pas la capacité de le mettre de côté, même s'il avait été élu à une très forte majorité par les militants.
Le PQ a un travail considérable de reconstruction à réaliser. Il lui faut remobiliser ses membres, en recruter de nouveaux, regarnir ses coffres, redéfinir ses stratégies et ses orientations. Pour y arriver, il devra exister entre le chef et la base militante une confiance, voire une complicité, qui, une fois les débats terminés, entraîne le ralliement de tous derrière un objectif commun. Ces prochaines années, il s'agira pour le PQ moins de faire aboutir le projet de souveraineté que de retrouver la position de grand parti qui était la sienne avant qu'il soit déclassé au troisième rang par l'ADQ.
La façon dont sera choisi le successeur d'André Boisclair sera déterminante. Il faut éviter la tentation d'un couronnement car le parti n'a pas l'argent nécessaire. Sans dépenser des millions, il est toutefois possible de mener une course au leadership au cours de la laquelle se confronteront diverses visions de l'avenir du PQ et de la société québécoise. Ce sera l'occasion de renouer avec la base militante. Celui ou celle qui sera ainsi élu, à la suite d'un scrutin au suffrage universel des membres, aura acquis l'autorité morale nécessaire, qui faisait défaut au chef démissionnaire, pour engager un processus de refondation du parti.
Le sort réservé à André Boisclair découragera peut-être certains de poser leur candidature. Même les aspirants naturels au poste, comme le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ou l'ancienne ministre Pauline Marois, hésiteront. Il est vrai que le poids à porter sera lourd pour le prochain chef. Mais il serait malheureux que, les uns après les autres, les candidats potentiels se désistent au profit d'un seul, comme ce fut le cas lorsque Bernard Landry prit la succession de Lucien Bouchard. Il en résulterait une unité factice, qui ne résisterait pas aux nombreuses épreuves qui attendent le PQ.
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Qui, quand, comment ?
Le PQ a un travail considérable de reconstruction à réaliser. Il lui faut remobiliser ses membres, en recruter de nouveaux, regarnir ses coffres, redéfinir ses stratégies et ses orientations.
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