À un moment donné, il va falloir que les péquistes se branchent : on ne peut pas verser des larmes de crocodile sur ce parti qui vient de dévorer encore un autre chef et, en même temps, avoir une peur bleue qu’un nouveau chef arrive et qu’il tienne à une discipline de parti un peu plus rigoureuse.
Bon, disons le franchement, avec des amis comme Louis Plamondon qui parlait de donner des coups de pied au cul des députés péquistes, Gilles Duceppe n’a pas eu besoin d’ennemis, cette semaine. D’autant qu’au PQ, on a toujours eu un soupçon de condescendance envers le Bloc, cette équipe «B» de la souveraineté.
Le principal problème de Gilles Duceppe, c’est la réputation qu’on lui a faite – et qui n’est pas tout à fait imméritée, d’ailleurs – d’être un chef qui a de la poigne et qui ne tolère aucune dissidence.
Mais faudrait pas charrier et en faire une sorte de dictateur. Les députés du Bloc vous diront que les discussions du caucus sont très ouvertes et que le chef écoute et recherche le consensus. La différence avec le PQ, c’est qu’une fois que la position du parti est arrêtée, là, les dissidences ne sont plus tolérées.
Même quand cela touche des questions de conscience, comme le mariage gay, où le vote est libre dans tous les autres partis, le Bloc a beaucoup de mal à tolérer la dissidence.
Mais, en même temps, si le Bloc avait été la dictature à l’air irrespirable que certains décrivent, il y aurait eu un grand nombre de frondes, de claquage de porte et de démissions. Mais ce n’est pas au Bloc que tout cela est arrivé au cours des dernières années, c’est au PQ…
Certains craignent aussi la «culture CSN» de Gilles Duceppe qui, il est vrai, est plutôt identifié à gauche. Mais il est difficile de voir le PQ entreprendre un grand virage à droite alors que l’ADQ et le PLQ sont déjà bien installés dans ce coin de l’arène. Le PQ n’aurait aucun avantage à devenir un troisième parti défendant les mêmes valeurs.
Le véritable problème d’une candidature de Gilles Duceppe est ailleurs. Le problème du PQ a été remarquablement bien exprimé par celle qui pourrait devenir sa rivale dans une course à la direction du PQ. «Il y a une réflexion plus large à faire que sur la chefferie. Il y a une réflexion à faire sur le parti, sur son enracinement, sur sa capacité d’écoute», disait Pauline Marois.
Le problème, c’est précisément l’enracinement. Un parti comme le Bloc qui sera toujours essentiellement un vote de protestation aura toujours un problème d’enracinement. On a vu combien facilement et rapidement le Bloc a perdu une dizaine de sièges dans la région de Québec au dernier scrutin fédéral.
Le Bloc est capable d’écoute, mais cela ne veut pas dire grand-chose s’il n’a jamais la possibilité de livrer la marchandise. Alors il y a nécessairement toute une série de questions qui ne se sont jamais posées au Bloc.
Le vrai problème du PQ, c’est de redevenir pertinent dans la vie des citoyens, De se donner un programme qui ne parle pas que de la souveraineté qui est la solution à tous les problèmes, mais qui s’occupe de ce que les citoyens considèrent comme leurs problèmes quotidiens. Or, les plateformes électorales du Bloc ont toujours été des exercices essentiellement théoriques.
Si Gilles Duceppe veut le leadership du PQ, il ne suffira pas de montrer qu’il est capable de donner un vrai sens de la discipline au parti le plus malcommode qui ait jamais existé.
Il devra, bien davantage, montrer qu’il est capable de lui donner de nouvelles idées. Autant pour la gouvernance du Québec que pour garder l’idée de la souveraineté vivante sur un chemin qui s’annonce pas mal plus long que prévu.
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