Québec dévoilera enfin sa politique énergétique en 2006

François Normand

2006 textes seuls

Hydro-Québec veut consolider et diversifier les approvisionnements en pétrole et en gaz naturel
Même si les grandes orientations en sont connues, c'est finalement en 2006 - avec plusieurs mois de retard - que le gouvernement Charest dévoilera sa politique énergétique. Celle-ci guidera les choix du Québec durant la prochaine décennie pour assurer sa sécurité énergétique et maximiser son développement économique.
L'automne dernier, le gouvernement avait publié certaines orientations de sa future politique énergétique pour une consultation en ligne, qui s'est déroulée du 17 novembre au 5 décembre. Au cours de l'hiver, Québec avait également tenu une commission parlementaire à ce sujet.
"Québec favorise, sans surprise, le développement hydroélectrique et éolien", dit Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie à l'Université Laval. Les libéraux comptent aussi en faire plus en matière d'efficacité énergétique en donnant entre autres davantage de moyens à l'Agence de l'efficacité énergétique.
Dans ses orientations, le gouvernement indique aussi qu'il veut "consolider et diversifier" les approvisionnements en pétrole et en gaz naturel au Québec. En 2006, les projets de terminaux méthaniers à Lévis (Gaz Métro, Enbridge, Gaz de France) et à Gros-Cacouna (TransCanada, Petro-Canada) seront d'ailleurs examinés par les instances réglementaires.
Gaz Métro compte sur l'importation de gaz naturel liquéfié pour réduire la dépendance du Québec par rapport au gaz naturel en provenance de l'Ouest canadien. Mais un rejet de son projet ne serait pas la fin du monde. "Ça fait 15 ans qu'on cherche [une solution de rechange]. Cette quête ne cessera pas", dit Jean Simard, vice-président, affaires publiques, chez Gaz Métro.
Enfin, tout en dévoilant sa future politique énergétique, Québec devrait vraisemblablement annoncer son plan pour la mise en oeuvre du protocole de Kyoto, estime Steven Guilbeault, directeur de Greenpeace au Québec. "Cette politique [énergétique] ne peut pas évoluer en vase clos de Kyoto. C'est une question de cohérence des politiques gouvernementales."
Le projet Eastmain retiendra l'attention
Pour Hydro-Québec, l'enjeu principal en 2006 sera le lancement des travaux d'aménagement de son projet hydroélectrique Eastmain-1A/ dérivation Rupert, à la Baie James. "Ce projet est fort important pour la sécurité énergétique du Québec", dit Sylvain Théberge, porteparole d'Hydro-Québec Production (HQP).
Si tout va bien, la société d'État espère avoir le feu vert des instances réglementaires (fédérale et provinciale) dans les prochains mois. Pour mettre en service cette centrale de 768 mégawatts (MW) en 2010-2011, les travaux doivent débuter à l'automne 2006. Le projet soulève toutefois l'opposition d'écologistes et du nouveau grand chef des Cris, Matthew Mukash.
HQP devrait aussi apprendre en 2006 si le gouvernement de Terre-Neuve retient ou non sa proposition pour aménager un projet hydroélectrique sur la rivière Churchill. Selon M. Théberge, la province aurait reçu une vingtaine de propositions, mais n'en aurait garder que cinq, à partir desquelles elle fera son choix.
De concert avec SNC-Lavalin et le gouvernement ontarien, Hydro-Québec veut construire deux centrales au fil de l'eau d'une puissance installée totalisant 2800 MW sur la rivière Churchill. Ce projet de 9 milliards de dollars (G$) doit être mis en service en 2017.
Le Québec mettrait la main sur 1 800 MW, tandis que le reste (1 000 MW) serait acheminé en Ontario via le Québec.


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