Pour Stéphane Harper, il lui faut un bouc émissaire

Tribune libre 2008

ENCORE LE PREMIER ET LE DEUXIÈME PRINCIPES


Lorsque tout va mal, lorsqu'on perd contrôle sur la situation, on se cherche des boucs émissaires pour leur faire porter tout le "mal".

C'est le sens de la célèbre fable de La Fontaine : Les animaux malades de la peste.

Stephen Harper sent que la situation et aussi le contexte lui échappent. Pourtant, il n'y a rien de mal dans ce qui arrive. Le mal, c'est lorsqu'on est incapable ou inapte à composer avec des exigences réelles, non pas modèles ou virtuelles mais réelles, ce à quoi beaucoup de gens sont incapables, habitués comme ils le sont aux "modèles". C'est la mentalité du lecteur de Playboy, pour qui les beautés sur images sont plus attrayantes que les femmes réelles avec lesquelles il doit composer, sans porter le moindre jugement, dans le respect absolu de leur altérité. Trop difficile pour un idéaliste.

Pour Stéphane Dion, c'est une toute autre histoire. C'est pour lui l'occasion de montrer à sa môman et à son papa quel petit génie il est. Je sais que ce que je dis là est très méchant mais j'ai de la difficulté à le voir autrement.

Le mal, c'est ne pas voir ce qui est là en premier lieu et attendre la catastrophe avant de réagir convenablement. Le mal qui est au fond de l'esprit est plus grave que le mal de la nature.

Pour Stéphane Harper, il lui faut un bouc émissaire. Ce sera le Bloc, qui n'a malheureusement pas les caractéristiques d'une "victime". Les circonstances actuelles placent le Bloc dans une position de force telle que personne ne l'aurait jamais imaginé auparavant. Alors le Bloc ne peut devenir une victime. D'où tendance à le percevoir comme un bourreau, le fossoyeur du grand et beau Canada de môman, qui juge le monde selon ses modèles plutôt que d'essayer de saisir la Réalité causale et le Réel relationnel afin de décider ce qu'il convient de dire et de faire en même temps que ce qu'il convient de taire et ne pas faire. Trop réaliste ?

En réalité, le Bloc n'est qu'une adaptation nécessaire avec un contexte changeant, celui des nouvelles communications qui déplacent les rapports de forces, et par le fait même avec les situations nouvelles qui se présentent et exigent des solutions convenables, non pas parfaites mais convenables, ce qui est plus proche de la Réalité causale et du Réel relationnel. Toute solution est transitoire de nature. Ce qui est permanent, ce sont les constantes, ou continuités connues et vérifiées par la méthode géopolitique.

On voit ici un cas typique de défaut d'appréciation du contexte et de la situation, ce qui exige de la compétence et de l'objectivité. À la place, on se contente d'expédients commodes qui permettent de fuir l'effort nécessaire pour voir clair et prendre conscience des exigences d'un contexte et de situations nouvelles. C'est la loi universelle de l'adaptation, universelle parce que personne n'y échappe.

En termes plus simples, il n'y a pas de maladie infectieuse dans la politique canadienne, seulement un gouvernement de trop, un seul, celui d'Ottawa. Il faut s'en défaire, d'une manière civile et civilisée mais il faut s'en défaire quand même.

Impossible parce que l'inertie et l'entropie des institutions en place s'y opposent. On essaie comme on peut d'éviter une chute catastrophique du pouvoir et de l'oligarchie centrale.

Impossible. Seule la catastrophe changera les assises de ces pouvoirs. L'humanité n'a toujours compris les lois de la réalité, lois qui ne sont pas des lois mais des impératifs et des principes, qu'à coups de catastrophes, quitte à se chercher quelqu'un à blâmer pour tout ce qui va mal.

Il est possible maintenant de voir la nécessité dans l'espace continental canadien de se défaire d'un niveau de gouvernement, devenu encombrant, sans provoquer de chaos et de guerre civile. C'est maintenant le temps d'en convenir et d'agir en conséquence.

Dans les circonstances, je vois ou crois voir que la "balle" est dans le camp des provinces et que c'est aux provinces de se reconnaître et se déclarer États avec la majuscule. Ottawa devra obtempérer et plier. De cette manière, les nouveaux pouvoirs prendront leurs responsabilités de gouvernements naturels et optimaux, Ottawa se cherchera une ou plusieurs nouvelles vocations et il n'y aura ni chaos ni guerre civile.

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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