Je m’oppose à la mainmise d’Air Canada sur Transat.
Air Canada a beau avoir son siège social au Québec, cela n’en fait pas pour autant l’acquéreur idéal pour Transat. Et ce n’est surtout pas une « solution québécoise » souhaitable, tant pour les consommateurs que pour les fournisseurs québécois.
Voilà pourquoi je souhaite qu’un nouveau groupe, sous contrôle québécois, fasse une contre-offre d’achat en vue de bloquer la vente de Transat à Air Canada.
Que le gouvernement Legault, la Caisse de dépôt et placement et le Fonds FTQ unissent leurs forces et se rangent derrière le nouveau groupe en question pour déposer une contre-offre à celle d’Air Canada.
Le temps presse. Les votes des actionnaires de Transat sur l’offre d’Air Canada doivent parvenir à la Société de fiducie AST (Canada) au plus tard à 17 heures mercredi prochain, 21 août. Et l’assemblée des actionnaires de Transat aura lieu à Montréal le vendredi suivant, 23 août.
Bien qu’il ait déclaré en mai dernier que l’offre d’achat de Transat par Air Canada était « une bonne nouvelle » pour le Québec, je suis persuadé que François Legault souhaiterait que son ancienne entreprise (dont il était fondateur) tombe plutôt entre les mains d’un autre acquéreur sous contrôle québécois.
DES MOTIFS DE BLOCAGE
Air Canada n’est pas une entreprise modèle, loin de là.
Le transporteur national fait notamment face à deux recours collectifs, lesquels discréditent l’administration d’Air Canada.
Un premier recours collectif porte sur la scandaleuse fermeture d’Aveos, le fameux centre d’entretien des avions d’Air Canada. L’action collective concerne les 2500 travailleurs qui ont été mis à pied en mars 2012 à la suite de la fermeture des centres de révision et d’entretien d’Air Canada de Montréal (1800 employés), de Winnipeg et de Mississauga.
Un deuxième recours reproche à Air Canada d’avoir facturé un montant trop élevé sur le prix du carburant à des centaines de milliers de clients lors de la période allant d’avril 2012 à la fin de novembre 2014. Montant de la réclamation : 300 millions $.
Passons maintenant à l’utilisation du français à bord des vols d’Air Canada. Le transporteur national a la mauvaise habitude de figurer en tête des entreprises qui font l’objet du plus grand nombre de plaintes au Commissariat aux langues officielles du Canada.
En tombant dans le giron d’Air Canada, y a-t-il un risque que Transat subisse la mauvaise influence d’Air Canada en négligeant au fil du temps de servir les Québécois francophones dans leur langue ? Bien sûr que oui !
CONSOMMATEURS PERDANTS
Autre élément négatif qui m’interpelle au plus haut point. Je trouve carrément inacceptable de voir le PDG d’Air Canada, Calin Rovinescu, empocher au début d’août 52,7 millions $ de profits en vendant un bloc d’actions juste avant l’annonce d’une entente spéciale avec le principal actionnaire de Transat (Letko Brosseau) et la tenue du vote crucial des actionnaires sur l’offre d’Air Canada.
Il faut savoir que l’action d’Air Canada a fortement augmenté depuis que M. Rovinescu a amorcé en octobre 2018 les négociations en vue d’acquérir Transat. En vendant juste avant le vote des actionnaires de Transat, M. Rovinescu a l’air à mes yeux d’un rusé profiteur impatient de passer à la caisse.
Transat, c’est le chef de file de l’industrie des voyages vacances au Canada, et l’une des plus grandes entreprises de tourisme intégrées au monde.
Air Canada aura beau affirmer que « les marques Air Transat et Transat seront maintenues en parallèle aux marques Air Canada, Air Canada Rouge et Vacances Air Canada », force est d’admettre que cela ne garantit absolument pas que Transat va continuer de mener une vive concurrence à Air Canada.
En termes d’offres et de prix, ce sont les clients de Transat et ceux d’Air Canada qui risquent de se retrouver perdants dans le cadre de cette fusion/acquisition.
RATIONALISATION EN VUE
Comme c’est le cas pour toutes les entreprises faisant l’objet d’une fusion/acquisition, Transat fera les frais de mesures de rationalisation.
Pas de doute que sous la férule d’Air Canada, le siège social de Transat restera bel et bien au Québec.
Mais question de rentabilité, Air Canada mettra en place un train de mesures en vue de réduire le dédoublement de services et de dépenses entre Transat et Air Canada.
L’achat de Transat par Air Canada : NON MERCI.