Je n’en reviens pas. Quel manque de prudence de la part du PDG d’Air Canada, Calin Rovinescu, qui a liquidé le 1er août un important bloc d’actions, et ce, peu de temps avant d’annoncer une importante hausse du prix qu’il offre pour Transat.
J’ai une question pour Me Louis Morisset, le président-directeur général de l’Autorité des marchés financiers (AMF) : Calin Rovinescu ne bénéficiait-il pas d’informations privilégiées avant de vendre ses actions d’Air Canada qui lui ont rapporté un profit de 52 millions de dollars ?
Pour en avoir le cœur net, l’AMF ne devrait-elle pas ouvrir une enquête sur cette vente de M. Rovinescu ? En Bourse, les initiés, tels les hauts dirigeants d’une entreprise, ne peuvent effectuer des transactions de vente ou d’achat d’actions lorsqu’ils bénéficient d’informations privilégiées susceptibles d’influencer le cours de l’action en Bourse.
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Or, depuis qu’il a déposé en mai dernier son offre d’achat sur Transat, Calin Rovinescu faisait face à trois obstacles majeurs pour mettre le grappin sur Transat.
- Un, le Groupe Mach mène une farouche opposition dans le dessein de bloquer l’offre d’Air Canada.
- Deux, le principal actionnaire de Transat, la firme Letko Brosseau, trouvait l’offre à 13 $ d’Air Canada nettement insuffisante pour qu’elle dépose ses actions de Transat.
- Trois, des rumeurs laissaient présager que d’autres transporteurs pouvaient s’intéresser à Transat. Et hier, mon collègue Pierre-Olivier Zappa, de TVA Nouvelles, révélait que les transporteurs aériens WestJet et Air France avaient entretenu des pourparlers à ce sujet avec des investisseurs québécois.
COUP DE THÉÂTRE
Avant-hier, soit 10 jours après la vente du bloc d’actions de M. Rovinescu, voilà qu’Air Canada annonce qu’elle a conclu une entente spéciale avec le principal actionnaire de Transat, Letko Brosseau, laquelle entente porte le prix de l’offre d’Air Canada de 13 $ à 18 $ l’action de Transat.
On parle ici d’une entente capitale avec Letko Brosseau. Selon les termes de l’entente conclue avec Letko Brosseau, cette dernière s’est engagée à soutenir l’offre d’Air Canada et à déposer ses 19,3 % d’actions de Transat en faveur de la transaction proposée par Air Canada.
Il est évident qu’en concluant une telle entente de soutien de blocage avec Letko Brosseau, cette entente peut avoir une influence directe sur le cours de l’action d’Air Canada. Après tout, la nouvelle offre d’Air Canada fait grimper le coût de la transaction de 200 M$, pour un débours total de 720 M$ si les actionnaires de Transat votent en faveur le 23 août prochain.
NÉGOCIATIONS
On s’entend qu’une telle entente avec Letko Brosseau a dû nécessiter de la part de Calin Rovinescu passablement de temps à négocier.
Il est important de rappeler que la personne clé dans l’offre d’achat de Transat par Air Canada, c’est M. Rovinescu. Ses premières discussions avec la haute direction de Transat ont été amorcées en octobre dernier.
Afin d’éviter toute apparence de conflit d’intérêts, M. Rovinescu aurait dû reporter la vente de ses actions d’Air Canada après le 23 août, jour de vote des actionnaires de Transat sur son offre d’achat.
Mais avec son jackpot de 52 M$ en poche, j’admets que M. Rovinescu n’a rien à foutre de ma recommandation.