Si jamais le « Cirque du Soleil » change son nom pour « Circus of the Sun », il ne faudra pas s’en surprendre !
Dans la foulée des RONA, Camso, Tembec, Domtar, Biochem Pharma, Van Houtte, Provigo, Seagram, Cambior, Alcan... le Cirque du Soleil devrait bientôt, lui aussi, être entièrement à la merci des investisseurs étrangers.
En effet, c’en est fini ou presque de l’actionnariat québécois au sein du Cirque du Soleil puisque la Caisse de dépôt et placement du Québec (avec son bloc de 20 % des actions) vient de faire éjecter du Cirque, à l’instar de ses deux partenaires, le fonds américain TPG et le fonds chinois Fosun.
Il faut dire que le trio d’actionnaires TPG-Fosun-Caisse a couru après le trouble.
Après avoir surendetté le Cirque à hauteur de 1,6 milliard de dollars américains (plus de 2,1 milliards $ CA), « notre » fleuron du divertissement a été contraint de se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
L’offre de rachat de quelque 400 millions $ US (dont 200 millions $ US, soit environ 270 M$ CA, provenaient du gouvernement Legault) que le trio TPG-Fosun-Caisse avait déposée dans le cadre des procédures de restructuration financière a été résiliée au profit d’une offre (plus généreuse) déposée par les gros créanciers du Cirque, à savoir le fonds torontois Catalyst et plusieurs fonds américains dont CBAM Partners, BlueMountain Capital Management LLC et Thomas H. Lee Partners.
L’offre des créanciers
Ces derniers proposent d’acquérir la quasi-totalité des actifs du Cirque en règlement de la dette de premier et de deuxième rang qu’ils détiennent, dette garantie s’élevant à environ 1 milliard de dollars américains (1,350 milliard $ CA).
De plus, Catalyst et ses « partenaires » créanciers injecteraient 375 millions $ US (un peu plus de 508 M$ CA) d’argent frais dans le Cirque, tout en réduisant sa dette à 300 millions $ US (407 M$ CA), et en créant par surcroît deux fonds spéciaux (avec 20 millions $ US au total, soit approximativement 27 M$ CA) visant à retenir des employés et à payer d’ex-travailleurs et fournisseurs.
Devant la cour
C’est aujourd’hui que le juge chargé de la restructuration du Cirque en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies devrait donner son aval à cette proposition d’offre « minimale acceptable » dans le cadre du processus de sollicitation de vente et d’investissement en vue de sauver le Cirque du Soleil de la faillite.
On conviendra que les créanciers étrangers du Cirque mettent finalement la barre très haute.
Cela aura pour conséquences de restreindre au maximum les chances de retrouver des actionnaires québécois au sein du Cirque.
Brin d'espoir
À moins que Catalyst et ses partenaires créanciers acceptent de céder une portion du Cirque du Soleil à des intérêts québécois...
On ne sait jamais ! Quand il y a de l’argent de disponible sur la table, les fonds d’investissement sont habituellement ouverts... aux négociations.
Dans leur offre sur le Cirque du Soleil, les créanciers étrangers se sont engagés « à maintenir le siège social ainsi que le président de l’entreprise » au Québec.
Voilà au moins cela de gagné. À court terme, s’entend !