Moins guimauve, plus moderne

Québec a 400 ans, et la presse internationale invitée à la fête s'est débarrassée de sa vision folklorique de la province.

Québec 400e - vu de l'étranger


Québec a 400 ans, et la presse internationale invitée à la fête s'est débarrassée de sa vision folklorique de la province.
Même les journalistes voyage ont changé de ton. Habitués d'empiler les clichés dans des articles écrits sur un ton béat, ils ne s'extasient plus aujourd’hui devant l'architecture de Québec. On a par exemple envie de dire merci à Kate Quill du Times qui écrit "Les gens que j'ai rencontrés à Québec ont tous été charmants, mais j'ai eu du mal à partager l'enthousiasme de mon guide lorsque nous visitions le plus vieux quartier de la ville. Le Petit Champlain est connu comme étant le lieu de naissance de l'Amérique francophone, mais son cœur a été sur-restauré et le tout laisse un sentiment de Disneylandisation. L'âge mûr n’a rien de séduisant à moins qu'il ne prenne la liberté de laisser voir le passage du temps."
Certaines rides manquent au paysage, certes. Mais le Québec échappe désormais aux vieilles rancaines folkloriques. La province est décrite dans l'éditorial du supplément publié par le quotidien Le Monde comme un endroit moderne sur le plan politique... "Le Québec est une province prospère qui a su trouver un modus vivendi, fût-il fragile, avec le gouvernement fédéral et qui gère tant bien que mal ses multiples identités, française, canadienne, américaine et immigrée, en éludant dans toute la mesure du possible les questions institutionnelles. Elle a mis en valeur ses immenses richesses naturelles tout en développant des industries de pointe compétitives dans le monde globalisé."
...Et sur le plan culturel, dans la chronique musique signée par Stéphane Davet dans le même encart, "longtemps en première ligne du militantisme francophone avec ses chanteurs à textes, symboles d'une résistance à l'assimilation américaine, la scène musicale québécoise tend à s'affranchir de ces enjeux. En témoigne aujourd'hui l'exceptionnelle effervescence d'une scène rock montréalaise qui, si elle s'affirme à dominante anglophone, brasse dans la même créativité et sans a priori, quantité de musiciens francophones", tels "les détonnants Le Nombre ou Malajube."
Libération qui a aussi fait son numéro spécial Québec souligne l’ouverture de la société québécoise. Emmanuelle Langlois signe par exemple un portrait de "Monique Leroux, une femme à 144 milliards". La présidente du mouvement des caisses Desjardins, la "première femme à être propulsée à la tête d'une institution financière canadienne", est devenue depuis sa nomination en mars "le symbole d'une génération de Québécoises qui rêvent d'égalité entre les sexes", estime le quotidien des bobos de gauche.
Ce concert d'éloges a un prix. Le Québec mène une campagne de marketing assidue à l'étranger et a payé avec de la publicité pour chacun de ces articles, sans en orienter le contenu. Le Québec arrive ainsi à faire parler de lui et à faire évoluer le discours. Un peu plus de contrôle, ou du moins de suivi, serait parfois nécessaire. Surtout dans le cas de publications comme Paris Match qui se laissent volontiers téléguider. La classe dirigeante française l'emploie également pour faire sa promotion.
P.S. En fait s'il y a toujours un problème de perception du Québec dans la presse française, il est dans les rédactions et pas sur le terrain. Les secrétaires de rédaction essaient toujours de faire des titres en joual sans savoir manier cette langue. Le Monde 2 publie aujourd'hui un article intitulé "Le Pascale Picard Band pogne sa coche en anglais", ce qui ne veut absolument rien dire. L'incipit est du même tonneau avec des "calice de ciboire" sans doute plein de vérité sur le terrain, mais qui passent mal à l'écrit. L'illustration photo des reportages réalisés au Québec est aussi régulièrement d'un cucul fini : des paysages en autonme, le château Frontenac, un mec en kayak. Pli-i-i-ize ! Mon conseil aux rédactions : envoyez un photographe plutôt que de faire votre shopping chez des banques d'images mièvrissimes.


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