Les indépendantistes québécois en pèlerinage en Ecosse

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Les voyages élargissent les horizons

En proie aux doutes après leurs récentes déconvenues, les partisans du Québec libre viennent chercher un nouveau souffle en Écosse. Plusieurs d’entre eux, simples militants ou députés du Parti québécois (PQ, indépendantistes), ont fait le déplacement pour assister au référendum du jeudi 18 septembre et s’inspirer de sécessionnistes en pleine ascension.
Le Parti québécois a encaissé une dure défaite lors des élections générales du 7 avril, réalisant son pire score depuis 1970. Et l’échec du référendum de 1995, perdu par un écart d’à peine 50 000 voix, reste un douloureux traumatisme.
Conscients de la nécessité de réinventer le mouvement, près de quarante jeunes Québécois ont fait le voyage d’Edimbourg pour participer aux derniers jours de la campagne. Ils ont emménagé dans deux maisons et, s’ils ne manquent pas de visiter les pubs locaux, l’ambiance est généralement studieuse.
« TOURISME POLITIQUE »
Depuis une semaine, les conférenciers, partisans du oui et du non, se succèdent. Participer en tant qu’observateur à des opérations militantes est également possible. Alice Trudelle, 31 ans, se dit particulièrement admirative de la dimension populaire du mouvement indépendantiste écossais. « Je suis surprise de voir à quel point la campagne du oui est décentralisée. Il n’y a pas de mots d’ordre commun que chacun est tenu de diffuser. Une large place est laissée à l’initiative personnelle, beaucoup plus que ce que nous avons l’habitude de faire au Québec. »
A leur retour, certains devront rédiger une note de synthèse pour le parti, principalement sur les stratégies électorales employées. Ce voyage de « tourisme politique », ainsi qu’il est décrit par son organisateur, François Roberge, sert aussi à réaffirmer certains fondamentaux. « Le référendum écossais démontre que créer un nouvel Etat, c’est toujours possible, c’est toujours d’époque, contrairement à ce qu’on entend au Canada », affirme-t-il.
Le premier ministre canadien est bien conscient de la menace pour son pays que représente l’exemple écossais. Présent au Royaume-Uni début septembre pour assister au sommet de l’OTAN, Stephen Harper a déclaré : « Il n’y a rien, dans la division de l’un ou l’autre de ces pays [la Grande-Bretagne ou le Canada], qui servirait les intérêts mondiaux, ou même les intérêts des gens ordinaires dans ces pays. »
Mais le Canada n’a rien à craindre pour le moment, les échéances électorales sont encore lointaines. L’époque où, dans les années 1970, René Lévesque, le fondateur du PQ, était acclamé par une salle bondée de l’université d’Edimbourg semble oubliée.
Aujourd’hui, ceux qui ont fait le voyage ne sentent pas un pareil engouement chez les Ecossais pour le Québec. Alexandre Cloutier, le seul député du PQ à voyager de manière officielle en Ecosse, y voit un signe de l’attention portée par le Scottish National Party à la diaspora écossaise au Canada. A l’approche du vote, il est important de ne pas froisser cette communauté majoritairement opposée à l’indépendance du Québec et il n’y a rien à gagner à afficher de sympathies pour le PQ.
MODERNISER LE PROJET QUÉBÉCOIS
Alexandre Cloutier ne s’en formalise pas et loue l’effort de pédagogie des Ecossais, qui ont bien su s’adresser à trois électorats-clés : les patrons, les minorités culturelles et les jeunes. Surtout, il souhaite que le 18 septembre relance un nouveau cycle pour le Québec libre qui permette de moderniser le projet, laissé en plan depuis vingt ans.
L’espoir de voir une « internationale sécessionniste » émerger lui semble impossible. « Certes, la Catalogne prépare aussi un référendum d’autodétermination, mais les contextes restent très différents. » Il n’empêche, les indépendantistes québécois continuent de cultiver leur réseau international. Hasard du calendrier, en compagnie de Pierre Karl Péladeau, ancien magnat de la presse, et l’une des figures de proue du Parti québécois.


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