Libre opinion - Sortir du confort et de l’indifférence

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Rien moins qu'un remède de cheval

Pourquoi le documentaire Le confort et l’indifférence de Denys Arcand en 1981 sur la période référendaire et la peur du risque politique des Québécois est-il encore d’actualité dans le contexte de la présente campagne électorale ? Les acteurs de la société ont bien changé, mais les Québécois sont toujours aux prises avec les choix du confort et de l’indifférence face aux idées de réformes audacieuses, dont le Québec aurait tant besoin. Il n’est pas rare que l’on qualifie ce Québec post-Révolution tranquille dans un cycle politique : terne, d’une durable tradition de bipartisme ou qui gouverne à la petite semaine. Quelle serait alors la solution intégrée et mobilisatrice pour débloquer notre société ?

Si l’on fait abstraction de la question nationale et de la gestion de la dette publique, certaines personnes allumées, avec raison, proposent une réforme démocratique majeure à l’échelle nationale québécoise (et municipale) pour combattre l’indifférence des électeurs et s’adapter au contexte de notre époque devenue numérique, plurielle, ouverte sur le monde et où l’individualisme est central. Ce débat d’envergure mériterait que l’on s’y intéresse tous (politiciens, entreprises, journalistes, syndicats, citoyens, etc.), car les propositions de changements démocratiques sont trop souvent laissées de côté par la classe politique. Pourtant, elles sont portées par la convergence d’organisations civiles crédibles, comme l’Institut du Nouveau Monde (INM), avec leur rite de passage civique pour les jeunes, ou l’Institut de la gouvernance numérique (IGN), avec son manifeste pour un Québec numérique, libre et ouvert ; ou encore la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), avec son manifeste pour un Québec transparent.

Avec les problèmes d’éthique, de corruption et de collusion qui ont émergé récemment dans le paysage public, nous avons la confirmation d’un sérieux besoin de « remède de cheval » (pour reprendre les termes de Jacques Parizeau) pour venir à bout de ce « déficit démocratique » grandissant. Cela nous permettrait de surmonter le confort et l’indifférence. Concrètement, voici quelques réformes et orientations qu’on devrait reconnaître comme cruciales : le renouvellement d’une démocratie plus ouverte offerte par le numérique, l’organisation de référendums d’initiative populaire balisés, le droit de vote à 16 ans, la révision de la Loi sue l’accès à l’information par la divulgation progressive des données publiques, l’instauration d’un mode de scrutin semi-proportionnel, l’établissement d’un mode de gouvernance transparente moins politisée et empreinte de plus d’imputabilité, le développement de compétences numériques pour tous, la valorisation d’un service civique chez les jeunes, l’expérimentation de projets d’« innovation démocratique » qui favorisent l’intelligence collective (pour développer notre adaptation au changement) et l’esprit de citoyenneté, etc.

Il existe évidemment d’autres idées pour réinventer notre démocratie et la rendre moins opaque, humainement plus interactive en s’inspirant des « champions » (notamment des pays scandinaves, toujours parmi les premiers dans l’index annuel du Democracy Ranking Association).

Une démocratie énergique du XXIe siècle qui voudrait devenir plus forte et dynamiser son individualisme doit saisir cette occasion de se réformer. C’est un des moyens d’éviter la tentation du confort et de l’indifférence. Peut-on espérer un tel ajustement stratégique et politique à moyen terme ? Un ajustement qui nous permettrait d’entreprendre un nouveau cycle politique audacieux et rafraîchissant où notre démocratie se tournerait vers l’avenir et valoriserait sa jeunesse et sa fougue ?


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