Dernièrement, quelques jeunes voix se sont fait entendre sur les motifs de leur adhésion au projet d’indépendance et, manifestement, une dichotomie semble s’être dessinée entre «conservatisme» et «progressisme». Étant moi-même un jeune souverainiste, je me permets de soulever quelques observations.
Il me semble tout à fait normal qu’il existe une diversité à l’intérieur du mouvement souverainiste québécois. Mais réduire le combat indépendantiste à une croisade «progressiste» ou «conservatrice» s’avère forcément inefficace.
Motivation première
La motivation première de l’indépendance est historique et culturelle. Défendre l’indépendance au nom de la survie de la langue française ou de la résistance au multiculturalisme canadien peut donc se justifier. Mais ce n’est pas Ottawa qui nous empêche d’appliquer la loi 101 au cégep; ce n’est pas Ottawa qui nous contraint à surfinancer les institutions anglaises; ce n’est pas Ottawa qui nous impose l’accueil d’une immigration non-francophone très considérable; ce n’est pas Ottawa qui nous interdit d’inculquer une éducation civique et nationale forte à l’école; ce n’est pas Ottawa qui nous empêche de valoriser la qualité du français... Comment convaincre les Québécois que le Canada anglais met leur culture en danger, alors que le Québec lui-même n’utilise pas tous les leviers à sa disposition pour la protéger et la mettre en valeur?
Militer pour l’indépendance au nom d’un projet écologiste, socialiste, féministe, altermondialiste peut également se justifier. Après tout, le Québec a généralement des valeurs relativement plus progressistes que celles du reste du Canada. Mais encore une fois, le Québec a-t-il déjà pris toutes les mesures possibles à l’intérieur de ses juridictions provinciales pour faire avancer ces différentes causes? Et si, demain matin, le Canada devenait autant écologiste, socialiste ou féministe qu’il soit possible de le désirer, l’indépendance ne perdrait-elle pas sa pertinence?
Il est totalement justifié de favoriser l’indépendance en raison de motivations conservatrices ou progressistes. Vouloir conserver son identité n’est d’ailleurs aucunement en contradiction avec le désir de réformes sociales, les deux peuvent se conjuguer. Cependant, l’indépendance du Québec est d’abord une affaire d’État, de géopolitique, et non une question «de droite» ou «de gauche». Faire sécession du Canada, obtenir et assumer l’ensemble des pouvoirs régaliens (armée, monnaie, impôts, frontières, etc.) demandent une hauteur de vue et une cohésion nationale particulièrement fortes.
Soif de liberté
La quête d’indépendance vient d’une soif de liberté, d’une recherche de plénitude existentielle. Exister librement, être maîtres chez nous. Survivre, mais aussi vivre. Avoir la capacité d’accomplir l’ensemble de nos idéaux, qu’ils soient de droite ou de gauche. C’est seulement en reconnaissant que l’indépendance est bonne en soi que l’on peut espérer une convergence des forces souverainistes.
C’est au peuple et au gouvernement du Québec de travailler sans relâche à accroître notre autonomie nationale, à jouer sur tous les tableaux et tous les fronts pour la développer. Cela demande non seulement l’union des souverainistes, mais aussi la solidarité de tous les nationalistes. Que le dernier entré laisse la porte ouverte!
– Justin R. Dubé, Étudiant en histoire, Rimouski
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