Libérez-nous des libéraux au plus sacrant...

Tribune libre - 2007



D'entrée de jeu, je tiendrai à m'excuser auprès du groupe Loco Locas pour avoir modifié leur titre de chanson. À ma décharge, je tenterai de demeurer fidèle à l'esprit de leur chanson au travers de mon texte. Avec ce titre racoleur, j'essaye seulement d'attirer l'attention sur l'urgence qui est devant le peuple québécois. C'est-à-dire qu'il faut absolument évincer, au plus sacrant, l'anesthésiste Jean Charest de son poste lucratif de sauveteur loyaliste du Canada, qu'il conserve en catimini, sous le couvert d'avoir été le Premier Ministre du Québec.

Prêt ou pas prêt, ça y est, le signal du départ est donné. Avant qu'on sache un fragment de vérité sur ce que le juge Grenier détient au sujet d'Option-Canada, avant que Harper précise le chiffre sur le déséquilibre fiscal ou ne présente son propre budget, le couple Charest se présentait comme des comédiens de série B en sortant de chez la lieutenant-gouverneur, comme s'il s'agissait d'une grande première hollywodienne.

Pénible, semblable à une mauvaise pub trop léchée par autant de boîtes de spécialistes en positionnement stratégique libérales et conservatrices.

Ce déclenchement des élections voyait le couple Charest entouré de son équipe de lavettes nihilistes. À l'ombre d'un policier retraité converti au gourou Charest, Thomas Mulcair brillait par son absence et le pompeux chef libéral-néo-conservateur arborait son masque auto-satisfait à 42%, avec ce look du winner défrisé, recyclé au diapason de l'État-nation-ersatz qu'il fourbit récemment. On le voit un peu mal à l'aise, calculateur à l'extrême, un peu chieux d'avoir à utiliser trop souvent à son goût le fameux mot nation, pendant et avant ce vrai début de campagne.

Faudrait pas faire peur aux good old boys de Toronto parmi lesquels est tapi le redoutable Jeffrey Simpson, qui est un faiseur ou un briseur d'images de leaders politiques canadian. Jeff aime beaucoup M. Harper de ces temps. Son torchon néocon, le Globe&Mail, avait choisi M. Dion comme étant son poulin favori parmi ceux des liberals. Pour Jeff, peu importe les sondages ou les étiquettes, ça prend quelqu'un pour faire la sale job et un autre pour l'aider et c'est là que Jean Charest brillera dans son rôle ultime, qui mettra en valeur ses origines et ses connections politiques, c'est-à-dire, sa soumission loyale et absolue aux volontés de son successeur et protecteur du domaine, Stephen Harper.

Au début de cette semaine, face à une question sur son budget éventuel et les implications pour celui du Québec, Jim Flaherty, le ministre du financement canadian à nos dépens et ce, à coup de milliards, a prétendu qu'il n'était pas au courant qu'une élection serait déclenchée ce mercredi 21 février à Québec.

Comment dire ça sans sourire?

C'était presque pathétique que de finalement voir M. Charest sortir devant tous les paparazzi, ce monde sérieux de l'information-divertissement, conviés depuis quelques semaines avec beaucoup de précision par les grands sondeurs de portefeuilles électoraux particuliers. Crapet Charest aux côtés de son épouse-maman sécurisante, à peu près aussi politisés que des autruches aux têtes blondes et ensablées dans le vide de leur vision, drôle d'effet que de les voir sortir béatement, avec faste et cérémonie, de chez sa très auto-généreuse souveraine qui, soit dit en passant, semble disposer de pouvoirs de prestidigitation, démontrant parfois la capacité d'être à deux ou trois restaurants en même temps, usant de sa carte de crédit magique, la Canadian Express, cette Mame Lise Thibault, qu'on a tenue un peu à l'ombre récemment.

Est-ce qu'il y avait quelqu'un qui retenait son souffle devant cet événement médiatique? Aucune surprise, comme hier quand sa lavette-jetable Michel Audet a présenté son raisonnable budget pré-vacances. Un homme qui prenait bien les ordres.

À l'image prévisible d'un bon vieux conservateur qui ne sort pas de ses sentiers battus, il annonce ces élections en pleine convergence avec les signaux de l'establishment de Toronto qui, comme une machine bien rodée après des centaines d'années d'usage colonialiste bien ingénié, institution relevée et bien graissée par son dispositif de lobbys pourvoyeurs des grands Desmarais Beaudoin and cie, qui mettent tout en oeuvre pour chasser les séparatisses du pouvoir, tant à Ottawa qu'au Couibeck.

Comme ça se fait en Hontario, ces fiers fédéralistes sont bien branchés sur la dualité néo-libérale-conservatrice qui envisage de privatiser un vaste nombre de services de soutien social pour confier ces tracas-là au privé, aux grands de l'assurance ou de la finance, comme Haliburton, singeant les régressantes States, ou le pays pseudo-travailliste de Blair, des modèles d'iniquité sociale qui aident à creuser le fossé entre les riches et les pauvres.

Aujourd'hui, quant à moi, j'ai constaté que M. Boisclair a bien exposé le canular pseudo-étatique de M. Charest.

Ne se laissant pas contourner, l'autonomiste caméléon Dumont a voulu donner le ton. Projetant l'image d'un pitt-bull qui n'en démord pas: "Charest et Boisclair veulent clore le débat sur les accommodements raisonnables." Il a aussi parlé de ses projets reaganiens, comme sa politique familiale mal cuisinée.

Je concède à Michel David, du Devoir, que Mario Dumont est un démagogue. N'en déplaise à certains caniches de salon: Jean Charest est un crosseur de poules mortes.

En 2003, il a su se démarquer de Super-Mario avec ses déclarations prometteuses d'allègements fiscaux à hauteur de 5 milliards de dollars, le même genre de positionnement malhonnête que Mario fait désormais avec ses promesses déconstructives récentes. À ces élections-ci, avec un ti clin d'oeil, Jean Charest veut se présenter comme étant un peu moins crosseur qu'en 2003, avec sa promesse de baisser les impôts de 250 millions par année. Quoi, c'était une petite erreur de jugement de 750 millions par année?

M. Charest va avoir à s'expliquer éventuellement sur ses malversations en regard du référendum de 1995 et le passé de M. Boisclair ne lui sera d'aucun secours. Quand M. Charest traite M. Boisclair comme ça, c'est qu'il met en doute la possibilité de réhabilitation de nombreux québécois. En l'attaquant ainsi, il stigmatise une certaine catégorie de gens qui souffrent, certains étant vos enfants, qui se disent que si M. Boisclair a de la misère avec ça et que ça fait partie de son passé, imaginez le défi pour le commun des mortels qui n'a pas fréquenté les meilleurs universités et qui éprouve de la difficulté à s'en sortir.

De toutes façon, si le parti Québécois ne remporte pas cette élection d'une manière convaincante, il va falloir envisager de fonder un parti indépendantiste qui, avec une élection à majorité simple, proclamera l'indépendance du Québec.

Dans un autre ordre d'idées, tentant d'exercer un peu de chantage émotif torontois, Chantal Hébert nous rappelait, cette semaine, que ça passe ou ça casse. Imaginez-vous que si les conservateurs sont défaits à cause d'une élection de séparatisses, que le party du Québec dans un Canada uni sera fini et que Capitaine Canada, celui qui se présente comme l'environnementaliste Dion, débarquera au Québec avec ses loyalistes fantassins libéraux aux boucles vertes, afin de sauvegarder le mythe du Canada coast to coast.

En tant qu'indépendantistes et au-delà des exégètes et des jeux de sémantique en regard du terme souverainiste-indépendantiste-solidaire et les interprétations sur les chartes des droits et libertés des années 1975 et 1976, nous devons nous rallier derrière André Boisclair et son équipe. L'enjeu, c'est qu'un vote pour Mario Dumont ou d'autres est un vote pour Jean Charest et, par extension, Stephen Harper.

Ôtages du Canada depuis maintenant beaucoup trop longtemps, je nous souhaite à tous un Québec libre et réellement indépendant.

Daniel Sénéchal

Montréal


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2007

    Bonjour M. Daniel Sénéchal , vous avez toute une plume pour exprimé ce que une bonne majorité de québecois français pense tout bas. Vous devriez vous lançer en politique! C'est vraiment dans un mouvement indépendantiste que l'on pourrait vous appprécier d'avantage. Ne perdez pas de temps .Agissez .Un lecteur de vos articles. Pierre Yelle