St. John's, Terre-Neuve-et-Labrador - Campées sur leurs positions, profondément divisées, les provinces ne sont parvenues à aucun consensus sur une façon, même une seule, de régler le déséquilibre fiscal.
En l'absence d'une proposition commune des provinces, le premier ministre Stephen Harper a maintenant les coudées franches pour imposer sa propre solution afin de résoudre le déséquilibre fiscal, une promesse électorale qu'il s'est engagé à réaliser au cours de la prochaine année.
«On ne peut réconcilier l'irréconciliable. On s'est entendu pour dire qu'on ne s'entendait pas», a laissé tomber le président du Conseil de la fédération et premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, au terme d'une journée de négociations avec ses homologues provinciaux, hier.
Incapables d'en arriver à un compromis, les provinces adoptent le chacun-pour-soi, comme l'a dit M. Williams. Elles plaideront leur cause tour à tour auprès d'Ottawa au cours des prochains mois, dans l'espoir d'arracher quelques milliards de dollars.
Les premiers ministres provinciaux ne sont pas arrivés non plus à s'entendre pour demander d'une seule voix à Ottawa une hausse des transferts pour l'éducation postsecondaire, pas plus que son ordre de grandeur. Ils avaient pourtant réussi à le faire l'an dernier.
Enfin, ils n'ont pas réussi à faire consensus pour exiger une bonification de la péréquation ou encore un transfert de points d'impôt.
En début d'après-midi, le premier ministre Jean Charest ne comptait déjà plus sur un consensus concernant la nécessité de réformer la péréquation. Il a cherché une fois de plus à réduire les attentes, déjà bien basses.
La rencontre sera un «succès» à ses yeux si elle permet à tout le moins de réaffirmer «l'importance de la péréquation au Canada».
«Les discussions ont été franches. Ç'a permis de mettre cartes sur table», a affirmé Jean Charest.
«Il n'y a pas une solution qui est satisfaisante pour tout le monde. Les positions sont irréconciliables. Les intérêts de chacun sont divergents», a affirmé Danny Williams.
Le Québec, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard (avec l'appui des trois territoires) ont réclamé une nouvelle formule de péréquation qui comptabilise les revenus des 10 provinces.
Ces cinq bénéficiaires du programme fédéral souhaitent que la nouvelle formule continue de tenir compte de la totalité des revenus tirés de l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables, comme le pétrole.
Le système actuel tient compte des revenus de cinq provinces seulement. Il exclut la riche Alberta et ses revenus pétroliers.
L'Alberta - trop riche pour recevoir de la péréquation - et la Saskatchewan se sont opposées à ce que les revenus des ressources naturelles non renouvelables soient compris dans le calcul, une position partagée par Stephen Harper.
«Il n'y aura pas d'entente à ce sujet», a laissé tomber un Jean Charest défaitiste dès le milieu de la journée.
Selon la délégation québécoise, l'Ontario a rejeté avec fermeté toute bonification de la péréquation, dont il ne touche pas un sou. Le premier ministre ontarien Dalton McGuinty s'est néanmoins dit prêt à discuter d'une hausse de la péréquation à la condition que ses homologues reconnaissent que sa province subit un «traitement inéquitable» en matière de transferts fédéraux pour la santé et l'éducation. Québec nie l'existence de cette injustice
Les délégations ontarienne et québécoise se sont accusées mutuellement d'avoir fait échouer les négociations. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, estime quant à lui qu'une réforme de la péréquation ne figure pas parmi ses priorités. Il souhaite plutôt qu'Ottawa réduise ses taxes et ses impôts pour alléger le fardeau fiscal de l'ensemble des Canadiens
Les négociations se poursuivaient en coulisses hier soir, mais les chances de dénouer l'impasse étaient à peu près nulles. Aujourd'hui, lors de la dernière journée de la rencontre, les discussions porteront sur d'autres sujets, dont l'énergie.
Règlement du déséquilibre fiscal
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