Le PQ veut donner la chance à tous les élèves de la... province

En France, il y a un concours de la carpette anglaise. Je m'empresse de soumettre votre candidature, Madame Marois.

Chronique de Bernard Desgagné


Je rends hommage au Parti Québécois pour sa grande ouverture d'esprit et son indulgence envers un militant enragé. Quelques heures après la publication du présent texte dans Vigile, le Parti Québécois a corrigé son article «Le français au primaire, une priorité!»
La nouvelle version me semble correspondre davantage aux aspirations des militants indépendantistes et même des Québécois en général. On y trouve quelques réponses aux arguments trop souvent entendus de la part des apôtres du bilinguisme provincial.
Il reste que Mme Marois a encore, selon moi, un cheminement important à faire dans sa réflexion sur la question linguistique.
Nouvelle version de l'article dans le site du PQ
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Figurez-vous que les formidables idées de Pauline Marois sur la nécessité d'être tous bilingues se retrouvent maintenant dans le site Web du Parti Québécois, avec, en prime, un joli «pour se faire» (au lieu de «pour ce faire», au début du deuxième paragraphe de la page en question). Avant-hier, j'avais signalé la même faute à «l'équipe du Parti Québécois», qui l'avait commise dans un courriel. Manifestement, «l'équipe» a autre chose à faire que corriger ses fautes et lire mes messages.
Voyez le troisième paragraphe de cette belle page: «Ce programme [d'enseignement intensif de l'anglais à la fin du primaire], déjà actif dans certaines écoles, donne des résultats plus qu’intéressants. Il est donc de notre devoir de l’étendre à la grandeur des écoles du Québec afin de donner la chance à tous les élèves de la province d’entamer leur secondaire avec des bases solides en français, mais aussi en anglais.»
Tiens, tiens, on est redevenu une province. C'est fini, la nation? Et puis, si le programme est «actif» dans certaines écoles, est-il passif dans les autres? On veut l'étendre «à la grandeur des écoles». Pas rien qu'au premier étage? Quelle prose! C'est la ministre Courchesne qui doit en être jalouse.
Petit rappel à Mme Marois, juste comme ça. En Outaouais, où j'habite, plus de 80 % des jeunes adultes francophones connaissent l'anglais. On est quand même pas loin du 100 %. À part quelques originaux, il ne reste plus beaucoup de monde qui n'est pas bilingue-anglais. Même qu'il y en a qui commencent à être plutôt anglais que bilingues. Deux mots de français, un mot d'anglais, trois mots de franglais...
Madame Marois, que vous devez être fière des gens de l'Outaouais, n'est-ce pas? Non? Il vous en faut davantage? Bien sûr. Vous avez tout à fait raison de nous donner des leçons de langue du haut de votre chaire, avec votre magnifique éloquence. Chaque fois que je vous entends discourir, c'est l'extase.
Du reste, pour reprendre une expression chère à votre prédécesseur, il faut soulager le capital... de la nécessité de parler la langue des indigènes lorsqu'il vient piller le pays.
En France, il y a un concours de la carpette anglaise. Je m'empresse de soumettre votre candidature, Madame Marois.
Mais bof! je ne devrais peut-être pas perdre mon temps à écrire. Les génies du bilinguisme qui gravitent autour de Pauline Marois sont beaucoup plus intelligents que moi. Ils n'ont surtout pas besoin du point de vue d'un traducteur parlementaire, ancien enseignant dans des écoles d'immersion française et ancien conseiller pédagogique au ministère de l'Éducation du Manitoba.
L'anglais et le français, au Parti Québécois, ils connaissent ça.
Bernard Desgagné

Gatineau, Québec

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NDLR

QU'EST-CE QUE LE PRIX DE LA « CARPETTE ANGLAISE » ?
C'est un prix d'indignité civique décerné annuellement à un membre des élites françaises qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française.
Le prix de la Carpette anglaise distingue plus spécialement les déserteurs de la langue française qui ajoutent à leur incivisme linguistique un comportement de veule soumission aux diktats des puissances financières mondialisées, responsables de l'aplatissement des identités nationales, de la démocratie et des systèmes sociaux humanistes.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2008

    Je crains bien que madame Marois nous propose, lors de sa prochaine sortie, « que l'enseignement du français se fasse en langue anglaise ».
    Quel lobby est derrière madame Marois? Voilà la question qu'il faut se poser.
    Marie Mance Vallée

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2008

    Je dois dire que je commence à sentir la moutarde me monter au nez depuis quelques jours. Bien que je sois d'avis qu'il faut être solidaire devant les batailles à venir, je me dis aussi qu'il faut que la solidarité soit réciproque pour être utile. Les récentes déclarations de madame Marois me laissent de plus en plus perplexe.
    Je ne vois pas l'intérêt de rester ignorant dans la vie, mais je ne vois pas l'intérêt non plus d'adopter des positions qui conduisent directo au suicide culturel. Mettons que je n'ai pas d'attirance particulière pour la Louisianisation de nos campagnes.
    Que la capacité à entendre, comprendre et parler anglais soit un enrichissement pour tout le monde je veux bien. Mais en l'absence d'une politique de communication publique affirmée en français ça équivaut carrément à accélérer la marginalisation du français au Québec. Je m'étonne que la chef du parti québécois ne semble pas en avoir conscience et je trouve ça dérangeant.

  • Gaston Boivin Répondre

    8 février 2008

    De la façon dont madame Marois fonctionne depuis quelque temps, si elle continue comme cela, je ne serais aucunement surpris que, lors d'une prochaine conférence de presse, elle nous annonce qu'elle a affublé son chien ou, à défaut d'en avoir elle-même un, celui de l'un de ses voisins du nom de "DURHAM" et qu'elle a l'intention de fonder, incessamment, avec l'appui de monsieur Stéphane Dion, l'association des chiens bien nommés.