Le piano désaccordé de Monsieur Hamelin

Je vous fais parvenir un texte s'adressant à Louis Hamelin et que les médias n'ont pas cru bon de publier.

Tribune libre 2008

En complément à la [chronique de notre croqueuse de mots->11535] au sujet de
l'interpellation de Dany Laferrière auprès des intellectuels, je vous fais
parvenir un texte s'adressant à Louis Hamelin et que les médias n'ont pas
cru bon de publier.
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Le piano désaccordé de Monsieur Hamelin
J’ai beaucoup de respect pour Dany Laferrière. Son intervention auprès des
intellectuels interpellait, le 12 janvier dernier, le critique littéraire
Louis Hamelin, originaire de St-Séverin. Ce dernier, généralement attitré
aux critiques littéraires du Devoir, y allait d’affirmations peu flatteuses
à l’endroit des gens de St-Séverin et d’Hérouxville. La population de ces
régions s’est sentie très mal à l’aise et gênée par les propos de M. Hamelin
et je ne peux la blâmer.
Lors d’une récente conférence que je donnais à Shawinigan en compagnie de
M. André Drouin, un intervenant se demandait s’il ne fallait pas définir
plus adéquatement ce qu’est un intellectuel dans la modernité québécoise.
Depuis l’action d’Hérouxville, vous comprendrez que la genèse des idées
circulant dans le cerveau de certains de nos intellectuels démontre de
manière parfois générale une réelle absence de jugement alors qu’il s’agit
d’une notion essentielle pour échapper aux dérapages.
Dans son article, 'Les joueurs de piano', M. Hamelin parle de « ce
Hérouxville surnommé Saint-Timothée-à-Marde du temps de mes parents et qui
ne sentait alors que le fumier. Aujourd'hui, c'est le monde entier qui se
bouche le nez ». Comme prouesse pianistique, avouons que la technique
étonne! Jouer sur un piano désaccordé nous mérite rarement une médaille au
concours de l’insulte et de l’insanité. Peut-être M Hamelin a-t-il trop
suivi les conseils (tels qu’il le souligne) d’André Pratte de La Presse et
que ses jeux de mots comportent un sens qu’il ne souhaitait pas.

Cependant, Hérouxville n’a pas à vivre de proverbes tels que cités par M.
Hamelin, (« À panse remplie de pâté à la viande, cerveau au repos ») pour
que ses actions, légitimes parce que démocratiques, soient l’objet d’un
débat de société qui, soit dit en passant, rappelle étrangement les
discussions faisant rage dans tous ces pays modernes en crise ayant adopté
la politique du multiculturalisme. Je répliquerai tout de même par un
proverbe qui pourrait satisfaire Hamelin-en-Québec: ‘À panse légère,
pensées troubles’.
Les nourritures de l’esprit, vous connaissez M. Hamelin ? Vous citiez
Gérald Godin (il était petit cousin de ma mère) « qui n’aurait jamais
craché sur un petit peuple » et de l’exemplaire Victor-Lévy Beaulieu.
Comment expliquer que vous ne puissiez les imiter ? Serait-ce que vous en
êtes incapable? Curieux tout de même que la force des uns amenuise
davantage la faiblesse des autres, ceux-là même dont le mépris est leur
seul leitmotiv.
Ne vous étonnez pas que d’ici quelques années, Hérouxville soit perçue
comme celle qui aura redonné au Québec le goût de débattre des véritables
enjeux. Après tout, le Québec doit assumer pleinement sa modernité.
Hérouxville l’a compris, tout comme les régions d’ailleurs.
Bernard Thompson

Hérouxville
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3 commentaires

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    2 février 2008

    Les journalistes du journal Le Devoir sont encore pleins de toutes les suffisances envers eux-mêmes et de leur prétendue
    importance, ils s’imaginent capables de déterminer l’ensemble des critères de la morale. Ici je pense précisément aux
    Denise Bombardier, Gil Courtemanche et Louis Hamelin.
    Il est bien préférable de les oublier un peu et plutôt de faire référence à l’entreprise d’un Pierre Perrault qui à travers ses films a su faire dialoguer les milieux de vies québécois dans
    Les années 60, 70 et 80. P. Perrault a montré par l’image et le son un cinéma vérité qui a donné la parole à des Québécois d’alors ; bûcherons, pécheurs, paysans et ouvriers des manufactures qui ont exprimés leurs conditions de vies. Particulièrement dans le film « Un pays sans bon sens », il a rendu possible la rencontre du milieu intellectuel avec l’expérience des travailleurs sans artifices et sans trop de ruptures. Le peuple a parlé alors sans se perdre entre la ville et la campagne. Rien à voir ici avec un syndrome de Hérouxville si rapidement créé contre toute réalité.
    Autre époque, autres mœurs ? Vrai et faux, considérant que notre présent est la continuité du passé. Le cinéaste Perrault a montré la vraie vie mettant en lumière l’humilité imposée, les conditions d’exploitation de force de travail de ceux qui nous ont précédés il y a à peine 30 ou 45 ans. Et comment à cette époque encore relativement récente, des intellectuels en bien plus grand nombre n’hésitaient pas à s’identifier à la condition de tout un peuple, le nôtre.
    « Un pays sans bon sens » en tant que documentaire structuré sur des témoignages personnels et émouvants montre cela et démontre aussi comment en bonne proportion il reste actuel par sa description de notre condition nationale de langue française évidemment plus que jamais minoritaire dans le Canada. Les débats d’aujourd’hui précisément celui sur la question linguistique qui est de retour redonnent un angle accru d’actualité à ce film qui de lui-même porte toutes ses qualités sur l’identité de ce que c’est d’être Québécois depuis 1760.
    « Un pays sans bon sens » à voir ou à revoir est un film de 1969-70 produit par l’O.N.F disponible en DVD-R parfaitement compatible avec le format D.V.D-Vidéo disponible probablement dans la boutique de l’O.N.F à Montréal ou dans les grands magasins Archambault par commande ou exemplaires disponibles.

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    1 février 2008

    Le "Test Hérouxville"
    Intéressant : il semble bien que désormais il suffira de demander à quelqu`un ce qu`il pense d`Hérouxville pour savoir ipso facto dans quel camp il est et quelle relation il convient d`établir ou de maintenir avec lui .

    De quoi sauver du temps et s`éviter de se faire pièger par un faux frère, un «supercéleste», un «saint homme de chat» : pas de temps à perdre ni d`énergies à gaspiller avec ceux qui ne voient pas, qui sont incapables de sentir la signification profonde et la portée d`Hérouxville.
    Des pontifes alìénés, des narcissiques invétérés et irrécupérables, ou des peureux pusillanimes dépassés à rejeter et ignorer ensuite sans ménagement : des obstacles à contourner sans perdre son temps à chercher à les conquérir.
    Vive la Clarté qui permet de discriminer utilement !
    Et je vois que mon billet "Hérouxville et les censeurs", sur la Tribune Libre de Vigile du Dimanche 11 février 2007, visait juste et n`a rien perdu de sa pertinence explicative !

  • Raymond Poulin Répondre

    1 février 2008

    Monsieur Thompson,
    Vous illustrez le mépris de certains intellectuels qui ne peuvent appréhender la réalité qu'à partir des catégories mentales tirées de théories cogitées, évidemment, par d'autres intellectuels formés au rationalisme universitaire des sciences dites humaines, soit des disciplines qualitatives dont les concepts et les présupposés, presque toujours, ne s'appuient jamais sur la réalité in concreto mais sur des reliquats de la scolastique, alors qu'ils se croient affranchis depuis longtemps de cette dernière. Ils prennent la carte pour le territoire. Ce qui n'entre pas dans le schème de leur formation académique n'existe pas ou, pire, ne mérite pas à leurs yeux d'exister. Ils vénèrent l'humanité tout en méprisant le peuple.