La loi 204 et l'insoutenable légèreté de l'être

Tribune libre

Dommage que l’appel de la vertu que nous croyions avoir jadis entendu se soit transformé en misérables gazouillis. Telles des cervelles d’oiseaux, nos chers politiciens n’ont aucunement songé à l’impact qu’aurait entre autres la loi 204 sur la loi 109, adoptée à l’automne dernier par notre digne Assemblée Nationale.
La loi 109 instituait les fondements de l’éthique et de la déontologie tous azimuts à travers villes et villages de notre beau Québec. Les principes de gestion contractuelle allaient vivre désormais un assainissement sans pareil. Les mœurs ainsi renouvelées, nous pouvions enfin rêver d’une société libérée de ses délinquances. Un ensoleillement soudain, un baume pour nous, citoyens, fatigués des enveloppes brunes qui seraient dorénavant transformées en thèmes héraldiques par nos spécialistes de l’origami.
Soudain, ce baume se travestit en Labeaume dictant ses ordres aux députés tous ébaubis par ce nouveau tournoi se déroulant à l’Amphithéâtre de l’Assemblée Nationale. Le roi de Québec établirait dorénavant les nouvelles règles du jeu. Valets et Dames avaient beau jongler afin de mieux saisir ces nouvelles instructions, ils ne savaient Khadir face à celui qui les avait laissés sur le carreau. On pouvait déjà imaginer combien le fou du roi doublerait d’ardeur pour calmer ces esprits déjà bien égarés. Hélas, la garde rapprochée de la Reine Marois ne put empêcher l’exode de trois de ses mages. Marois, pantoise, nourrie par l’ambition du roi ne pourrait désormais qu’admirer sa déconfiture.
Cette déconfiture, on en conviendra, s’adresse à toutes ces personnes élues qui ont cru un instant en la bonne foi de nos députés. Que ces derniers soient prêts à bafouer des droits fondamentaux comme celui de pouvoir contester une de leurs décisions est tout simplement inacceptable et outrancier. Qu’ils soient d’accord à faire de l’éthique et de la déontologie des instruments inoffensifs relève de la pire bravade. Qu’on ne nous blâme pas d’avoir honte de ce semblant de démocratie qui habite en ce moment le Québec. Pire encore, c’est cet empire que le Parti Québécois veut construire? Non merci.
Bernard Thompson, 6 juin 2011


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2 commentaires

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    7 juin 2011

    C'est du grand art que de faire monter toute une nation pour une tempête dans un verre d'eau. 4 démissions, des cris d'horreur, des maladresses. VLB avait bien raison d'invoquer "ces névrosés que nous sommes".

  • Claude G. Thompson Répondre

    7 juin 2011

    Bravo, quel texte!
    Magnifique envolée, digne de celle du vol gracieux d’un grand oiseau observant du haut de son domaine aérien infini les soubresauts lourdauds de certains rampants qui, simples crapauds, sautillent maladroitement croyant le rejoindre, quand ce ne sont pas de simples poules d’eau caquetant jusqu’à plus envie.
    Notre députation nous a trahis et ceux-là mêmes que nous croyions d’indéfectibles promoteurs de notre avenir en tant que nation libre et indépendante ce sont contentés de faire de la « petite politique » en nivelant par le bas nos idéaux les plus élevés.
    On ne saurait faire un pays avec une politique du « deux poids – deux mesures ». On ne saurait non plus s’attirer la sympathie ni l’appui du peuple en louvoyant entre l’intérêt électoraliste et le courage d’aller au bout de ses convictions au nom d’un idéal qui exige que l’on paie de sa personne.
    Les grandes nations se sont édifiées sur l’espérance inébranlable de leurs « leaders » et de leurs citoyens, qui constituaient leur véritable force. Cette inébranlable espérance qui maintenant plus que jamais doit être la nôtre, sans que ne vienne s’y mêler de doute, ce qui serait lâcheté, ni de crainte, ce qui serait faiblesse.
    Ainsi verrons-nous naître notre pays, pas autrement. La responsabilité nous en incombe, mais pour cela, nous nous devons de faire savoir à nos élus ce que nous attendons d’eux et le leur rappeler chaque fois qu’ils croient pouvoir faire les choses sans nous.
    Claude G. Thompson