Le « Mystère de Québec » et La « Montréalisation » du Québec – un cas d’espèce dans La Presse du 2008 08 18

Les « Montréalais » ont la cote en... France, pas à Paris, en France, pas les Québécois... les Montréalais, nuance!

Tribune libre 2008

Dans La Presse du 2008 08 18, un article de Pascal Ouandji, titré, Soul/R&B : les Montréalais ont la cote en France , nous dit que les artistes québécois en France ont la cote. Non pas... on le dit dans l’article partout où sont cités les personnes interrogées, mais partout ailleurs, on les décrit non pas comme Québécois, mais bien « Montréalais »... C’est la nouvelle tendance... on n’est plus Québécois à Montréal... on est Montréalais... qu’on se le dise... En fait, ici, comme souvent ailleurs, ce ne sont pas tant les artistes qui se disent Montréalais, mais ce sont les médias qui le disent... La Presse et Radio-Canada.
Cela peut se comprendre à l’heure de la canadianisation de nos institutions, de nos événements et de nos qualificatifs identitaires... Cela, parce que l’État national a été remplacé par les métropoles... Ce sont les métropoles qui ont la cote... Cela dans un contexte de mondialisation qui mondialise la dégénérescence de des États pour le plus grand bien de tous les citoyens du monde qui comme on le sait n’ont plus d’appartenances que multiculturelles. Ainsi, quand tout le monde sera multiculturel... ce sera bien... Les Italiens seront multiculturels comme les Français, comme les Allemands, pardon, Les Romains, les Milanais, les Vénitiens, seront multiculturels comme les Berlinois, les Parisiens, les Londoniens. Seuls les décors désuets changeront. Dans ces décors, ne vivront qu’une nouvelle race d’humains métissés multiculturellement semblablement, de manière à ce que l’on ne puisse trouver en Italie, rien d’italien, en Allemagne, rien de germanique, et à Londres rien de Britannique. Le multiculturalisme, à terme, tue la diversité culturelle... Ainsi. Montréal sera comme partout ailleurs... D’ailleurs, Montréal est même un phare pour cette nouvelle humanité multiculturelle, métropole d’un Canada tout aussi multiculturel et uni-national. Comme c’est bien et cool d’être ainsi à l’avant-garde du monde multiculturel qu’on espère... sans États nationaux dès lors totalement désuets... pas la peine de peiner pour créer l’État souverain du Québec, c’est totalement « out »... c’est à peine utile de continuer à parler, chanter en français... La preuve, la France a compris elle, que c’est bien plus « cool » de chanter en anglais... TV5 nous le rappelle à toutes les semaines.... En attendant, le drapeau du Canada, État national pas si désuet que ça semble-t-il, flotte à Beijing... et que lui, s’entend...
Bref... vive Montréal et les Montréalais et la scène techno, Jazz, Soul et R&B de Montréal, comme on le sait, ailleurs en « province » les ploucs de Québécois n’y entendent rien...
Cependant que... et peu importe, la Emmanuelle Duval-Auger, cette artiste « montréalaise » dont on parle, peut-on apprendre dans la Bio, qu’on trouve dans Internet, s’il s’agit bien de la même Emmanuelle, comédienne par ailleurs dans la série télévisée Bombardier, est né à... Trois-Rivières.... He ! Un détail... Elle n’est que Montréalaise maintenant... et quand elle fera une tournée pan-québécoise, quand elle passera par Trois-Rivières, c’est bel et bien une artiste montréalaise qui performera...
Cela se passe aujourd’hui... mais ne date pas d’hier... La « province » est un puits sans fond qui abreuve Montréal de ses talents, mais dès qu’ils y ont installé leurs pénates, c’est l’assimilation multiculturelle qui prévaut... Comme de bien entendu, les Marie Tifo, Rémy Girard, Guylaine Tremblay, Raymond Bouchard, Josée Deschênes, François Léveillé., Bob Walsh, Guy Bélanger, Louis Bélanger, Gilles Vigneault, Richard Desjardins, Dédé Fortin... pour ne nommer que ceux-là... sont bien sûr toutes et tous des artistes montréalais(es)...
La partition du Québec
Cette identité montréalaise n’est pas née par hasard. La Québécitude, le fait même de se dire Québébois, ne serait donc pas quelque chose qui soit neutre en ce Québec canadianisé. Cela a commencé je pense à Radio-Canada, comme ça, mine de rien, un reportage réalisé en France il y a quelques années, ne parlait plus des artistes québécois en France, mais bien des artistes montréalais... Bon, voilà autre chose... on n’y fait pas attention... et tout à coup, la formule se répand... maintenant, c’est un fait... Et... ce ne sont pas les Montréalais qui vont ne serait-ce que le remarquer... Nous, hors Montréal... ça nous frappe...
Ainsi, cette récente invention est tout simplement normale... Le fait qu’ainsi, le vocable « québécois » doit le moins souvent possible employé, surtout quand on est journaliste à Radio-Canada ou à Gesca, le vocable canadien, souvent aussi utilisé, serait son pendant par trop connoté, Ne reste qu’à inventer donc une nouvelle identité « montréalaise ». La québécoise... ne serait que pour les provinciaux que nous sommes ailleurs, et que pour les Québécois de la Ville... déjà... ont va en entendre beaucoup moins parler... à Montréal du moins. Là où ça compte... Comme ça, on dépolitise la question et le tour est joué. Les Montréalais ne s’en plaindront pas... et les autres, on n’aura qu’à les discréditer... Quoi ! Quel est le problème, encore des Québécois frustrés... Vive une métropole forte, elle est le moteur du Québec, qu’avez-vous contre ça ?
Le fait est que je pense que nous serions le seul « pays » à se nommer du nom de sa capitale... Distinct vous dites le peuple du Québec ! Mets-en ! Ainsi, on parle rarement des artistes parisiens... on parle pratiquement toujours des artistes... Français... Américains, ( États-uniens ), Italiens... Britanniques... mais ici, on parlera d’artistes « Montréalais »... distinction oblige, des fois qu’on les prendrait pour des provinciaux...
En attendant, on construit en quelque sorte « la partition » du Québec. On construit une réalité montréalaise, une identité, distincte du Québec. Une « Mont-réalité » qui se situe hors Québec, hors la nation du Québec, hors tout... du reste. On construit une identité autre que québécoise, par trop politique... On « sépare d’avance, des fois que les « partitionnistes » fédéralistes n’emporteraient pas tout le morceau Montréal... au cas où les Québécois décidaient de voter en faveur de la souveraineté de l’État du Québec. On en profite aussi pour diviser... ce qui comme chacun sait permet de régner... Diviser pour régner, semble être le maître mot dans les plus hautes instances de ce pays. Donner l’impression que le fait de donner quelque attention à la Capitale nationale c’est enlever quelque chose à la métropole. La question est ? Qui a intérêt à favoriser la partition du Québec ?
Du coup, Montréal est en rivalité avec l’autre métropole du Canada, Toronto. Canadianisation oblige... le Québec est évacué... les Montréalais sont contents...
Références utiles :
La Presse – 2008 08 18 - Pascal Ouandji - Soul/R&B : les Montréalais ont la cote en France
La Presse - 2008 07 11- Marc Cassivi «  En mission spéciale chez les Papous  »
Le Soleil - Internet - 2008 03 29 - Écrits de l’artiste - Édités - «  Les Mille à l’OSM - La fausse note de trop  » Forum
Intervention dans le titre de Vigile «  Le succès du 400e - Il n’y a pas que les critiques qui se soient estompées  »


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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    2 septembre 2008

    Fallait qu'y en ait un qui le fasse!
    Et qu'on ne s'y méprenne pas: ce texte n'a rien d'anti-Montréal, me semble-t-il. Ceci s'est fait à l'insu de la majorité des Montréalais. Voilà un exemple type du procédé subliminal de canadianisation tranquille...