Réplique au texte "Le temps de la lucidité" de Joseph Facal

La Suède, néo-libérale?

J'aimerais donc que vous m'expliquiez par quelle démarche vous en êtes arrivé à conclure que la Suède est néo-libérale?

Tribune libre 2009

Ce texte est une Réponse au texte "Le temps de la lucidité" de Joseph Facal
Bonjour M. Facal,
Je suis d'accord avec vous pour dire que plusieurs suggestions dans le manifeste des «lucides» auraient et devraient être mises en action. Le manifeste des «solidaires» voulait un système de santé et d'éducation universel et gratuit, mais il n'apportait pas de solutions pour le financer.
Dans votre manifeste, si je me souviens bien, vous suggériez de dégeler les frais de scolarité, donc de les augmenter. Juste sur ce point vous divergiez radicalement des solidaires, alors qu'eux voulaient les abolir. Et vous dites aujourd'hui "Nous proposions même le revenu minimum garanti."
Est-ce que je rêve? Ça donne quoi d'augmenter les frais de scolarité si vous voulez aussi un revenu minimum garanti ? Il faut être conséquent!
En Suède, que vous dites "néo-libérale", il en coûte pas un sou pour étudier, de la maternelle au doctorat, même pour les cours de poterie ou de tissage le soir à l'éducation aux adultes. De plus, c'est gratuit pour étudier en Suède pour tout être humain sur la terre. Les seuls frais que vous devrez payer sont pour l'association étudiante, vos livres et vos crayons. Si vous êtes en mesure de dire que la Suède est néo-libérale, vous devez savoir cela aussi, non? Ayez le courage d'écrire un article dans le JDM et le JDQ demain et d'expliquer comment le système d'éducation fonctionnent en Suède.
J'aimerais donc que vous m'expliquiez par quelle démarche vous en êtes arrivé à conclure que la Suède est néo-libérale?
Le système de santé est encore universel et publique en Suède. Il y a toutefois un ticket modérateur à l'hôpital, ce que j'appellerais une politique "néo-sociale-démocrate", et non néo-libérale.
En Suède, il y a une taxe sur les produits et services unique de 25% sur presque tout, sauf par exemple l'alimentation, la taxe est à 12%.
En Suède, un laveur de vaisselle gagne 96 couronnes de l'heure, soit 15 dollars canadiens l'heure, et le coût de la vie est comparable. À ce sujet, je vous mets au défi de me contredire.
Pour revenir au revenu et le salaire minimum, le Québec utilise les étudiants comme cheap labour, pas en Suède. Et du moment où un étudiant passe au niveau des études supérieures en Suède, il a droit à un revenu minimum garanti pour étudier, c'est-à-dire que le revenu des parents n'affectent pas les prêts et les bourses, plus généreuses qu'au Québec. Même que les étudiants peuvent choisir de prendre seulement la portion de la bourse, sans le prêt. Au Québec, les étudiants qui ont des parents cheaps doivent aller travailler chez Couche-Tard ou tester des médicaments pour arriver à la fin du mois.
Croyez-vous toujours que la Suède est néo-libérale?
Moi j'appelle plutôt ça la sociale-démocratie, pragmatique et lucide, vraiment lucide, pas pseudo.
Autre chose, on associe souvent Suède et innovation. On dit souvent que grâce à son innovation, elle réussit à être compétitive même en étant sociale-démocrate. Pourquoi? Peut-être que le fait qu'elle soit un pays aide beaucoup. Peut-être que le fait que l'éducation et l'égalité des chances pour étudier aident aussi énormément. Peut-être que de pouvoir intégrer de façon optimale ses immigrants à quelque chose à y voir.
Les lucides, ils veulent l'argent du beurre et le beurre. Ils veulent baisser les impôts des plus riches pour augmenter celle de la classe moyenne. La «gogauche» veut le beurre et l'argent du beurre. Voilà la simple nuance. Vos deux manifestes étaient "n'importe quoi!"
Pour en revenir aux lucides du Québec, ils veulent entre autres choses;
- augmenter les frais de scolarité
- privatiser une portion du système de santé
- Ils ne pensent qu'à leurs "tisamis" pour faire des PPP (partenariat privé avec amis du Parti libéral) sans aucun consensus avec le public, soit la population.
Non, la Suède n'est certainement pas néo-libérale. Est-ce que vous le faite sans vous en rendre compte ou bien vous discréditez la Suède en toute connaissance de cause seulement pour convaincre les Québécois et les Québécoises que la sociale-démocratie n'existe plus en Suède, donc de les convaincre d'en venir à la «raison», la vôtre, celle des lucides? Je sais, la gauche utilise aussi dans ses discours de «gogauche» le modèle suédois pour faire du populisme, sans avoir mis les pieds en Suède et sans ne jamais avoir lu un livre sur le sujet, mais vous faites exactement la même chose, mais à l'inverse. Vous êtes un intellectuel réputé au Québec, donc vous devez avoir lu sur la Suède. En ce sens, soit vous choisissez très mal vos sources, soit vous le faites en toute connaissance de cause.
Moi je ne vis plus au Québec, alors si vous voulez faire de la désinformation et être malhonnête dans votre argumentation, c'est votre choix. Par contre, ne mêlez pas la Suède dans vos discours populistes. Et tant que j'aurai au moins un seul lecteur au Québec qui apprécie mes interventions, je vais revenir sur Vigile.net, surtout pour défendre les intérêts du Québec et de la Suède.
Sylvain Racine

Tout sur la Suède


Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2009

    M. Racine, il fallait comprendre que M. Facal fesait de l'ironie et caricaturait les arguments fallacieux des "anti-lucides". Évidemment, la Suède n'est pas néo-libérale, elle a réussi, dans une certaine mesure, à moderniser le concept de la social-démocratie. C'est cette idée qui est véhiculée dans le texte de Facal.
    Au fond, M. Facal, voulait démontrer dans son texte que le message des Lucides du Québec concordait avec la social-démocratie pragmatique des Suédois. Ce qui manque à la gauche au Québec, c'est le côté pragmatique.
    Martin Duval
    Saguenay

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2009

    Autre réflexion pour M. Facal:
    Bonjour M. Facal,
    J'aimerais poliment vous faire par de mon désaccord avec l'une de vos affirmation:
    "Des pays aussi furieusement néolibéraux que la Suède et la Finlande avaient pourtant fait exactement ce que nous proposions."
    J'aimerais que vous me démontriez ce que la Suède a fait de ce que vous avez proposé dans votre manifeste. Vous dites "furieusement", donc la Suède l'a fait avec vigueur. Vous dites aussi "exactement", donc toutes vos propositions auraient été réalisées en Suède.
    Je vais vous aider. Dans votre manifeste, il est écrit, et je cite:
    "Le niveau d’investissement requis pour atteindre ces objectifs dépasse les capacités financières de l’État québécois. C’est pourquoi un esprit de lucidité et de responsabilité mènera à l’abandon du gel des droits de scolarité."
    La Suède n'a pas fait cela. Il n'y a pas de frais de scolarité à payer.
    Vous suggériez aussi:
    "Le dégel des droits de scolarité devrait s’accompagner de la mise en place d’un
    régime de remboursement des prêts étudiants proportionnel au revenu. Une fois sur le marché du travail, les jeunes ne seraient tenus de rembourser leurs dettes d’études qu’en fonction de leurs ressources financières."
    Au Québec, il y a déjà le remboursement en différé, et l'on peut choisir les modalités de remboursement selon nos moyens. Je le sais, je rembourse ma dette de 20 000 dollars, dont 2500$ de plus à cause de Jean Charest, l'année où il a eu un power trip en voulant augmenter le prêt et diminuer la bourse.
    Ma copine suédoise rembourse un prêt étudiant suédois, et je n'arrive pas à comprendre en quoi votre suggestion reflète ce qui se fait en Suède.
    Concernant cette suggestion, "Par ailleurs, la mondialisation de l’économie rend essentielle la maîtrise de plusieurs langues.", je dois vous donnez raison. Les deux dernières générations maîtrisent l'anglais, je peux le confirmer. Et une troisième langue devient de plus en plus la norme. Mais la Suède est un pays, pas le Québec, et pas sur le même continent.
    Une autre suggestion de votre manifeste est celle-ci:
    "Dans le cadre du débat que nous souhaitons, d’autres avenues mériteraient d’être explorées, par exemple, une réforme majeure de la taxation. Les pays qui investissent beaucoup dans les programmes sociaux privilégient généralement les taxes sur la consommation plutôt que celles sur le revenu."
    Ah bon, la Suède a un taux de taxation élevé à la fois sur l'impôt sur le revenu et sur la consommation.
    Vous suggérez aussi :
    "Le Québec pourrait aussi envisager la création d’un régime de Revenu minimum garanti. Ce régime prendrait la forme d’un transfert direct à chaque citoyen et se substituerait à plusieurs des programmes de redistribution existants, notamment les faibles tarifs d’électricité et le gel des droits de scolarité évoqués plus haut."
    Je crois que le revenu minimum garanti devrait l'être pour les étudiants, donc d'avoir un système comme en Suède. Vous parlez aussi d'innovation. Je n'ai pas d'études à ce sujet, mais je crois que la réputation qu'a la Suède pour l'innovation vient du fait que le système d'éducation est GRATUIT pour tous, ce qui a très possiblement eu pour effet au cours des dernières années d'attirer des jeunes étudiants de partout dans le monde, souvent des jeunes talentueux de pays défavorisés qui ont apporté un apport important au développement de la Suède.
    Bref, il y a des suggestions de votre manifeste où il est vrai que la Suède a pris ce tournant, mais puisque vous avez écrit dans votre texte d'aujourd'hui "Des pays aussi furieusement néolibéraux que la Suède et la Finlande avaient pourtant fait exactement ce que nous proposions.", je crois que c'est à vous de nous démontrez lesquelles. Quoiqu'il en soit, il faudra faire attention de les mettre en perspective. Le Québec n'est pas un pays et n'a pas la capacité, par exemple, d'intégrer ses immigrants de la même façon que le Québec. De plus, la Suède a le plein contrôle de ses politiques d'immigrations, fiscales, culturelles ou encore dans les transport.
    Je crois que le manifeste pour un Québec lucide était un ramassis d'un peu n'importe quoi, de souverainistes et de fédéralistes, sans fil conducteur. Si la Suède est vraiment pour vous un pays modèle pour le Québec, comme vous le laissez sous-entendre, il faudrait première que vous disiez haut et fort que seul un Québec "pays" pourra emprunter cette voie.
    Lorsque j'ai quitté le Québec pour la Suède, c'était pour vivre dans un pays, pas une province. Jour après jour j'ai la conviction que la seule alternative pour le Québec est la souveraineté.
    Le manifeste Pour un Québec lucide est paru en octobre 2005. Ce sont les fédéralistes qui sont au pouvoir depuis avril 2003. L'élite fédéraliste au Québec en a absolument rien à cirer du Québec. Tout ce qui compte, c'est privatiser à tout prix, même au prix de dire que la Suède est néo-libérale.
    Oui, il y a la gogauche au Québec, mais vous confirmez qu'il y a aussi une droidroite.
    Au plaisir d'échanger avec vous
    Cordialement,
    Sylvain Racine
    Goteborg, Suède

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2009

    M Racine,
    Je suis heureux de vous lire et avoir un point de vue de l'intérieur de la Suède.
    J'ai participer au forum de M Facal, voici mon poste:
    ........................
    #
    JCPomerleau
    Le débat entre lucide et solidaire est un FAUX débat.
    Les pays les plus performant au monde en terme de création et répartition de la richesse sont les pays d’Europe du Nord. Pour comprendre ce qui fait que ces pays ont tous atteint le stade de l’État optimal il faut sortir du cadre idéologique gauche droite. Ces États ne sont ni lucide ni solidaire; ils son LUCIDAIRES ! Cela s’appelle la social économie. Il s’agit d’une stratégie d’État qui permet d’atteindre une productivité POLITIQUE et économique très performante sans abandonner les missions sociales.
    Le Québec a les mêmes caractéristiques géopolitiques que ces pays, que lui manque t il pour se hisser dans le Top ten sur la planète a cet égard:
    Une stratégie d’État cohérente.
    Pour en avoir une il faut réunir, entre autre, deux conditions:
    Il faut que l’État du Québec contrôle l’ensemble de ses
    capacités d’agir (confédération lousse ou souveraineté)
    Et, cohésion nationale: Gouvernement, patronat syndicat qui s’entendent sur des grands objectifs nationaux. Le braquage idéologique est contreproductif. Et aussi cohésion culturelle sur des assises d’un pleine État.
    Ce qui manque le plus au Québec: Une doctrine d’État largement partagée qui rendrait ces simple considérations comme des évidences.
    Pour le moment je constate la difficulté que l’on a se considérer comme un État et a se penser comme tel(on s’ennuie de Jean Lesage et de Jacques Parizeau).
    J’ai écris quelques textes d’opinions ou je compare le demie État du Québec a des pays d’Europe du Nord: Suède (productivité) , la Finlande (foresterie) et la Norvege (pétrole). (vigile.net jean claude pomerleau)
    La conclusion est facile a tirer, vaut mieux être un état optimal qu’un demie état.
    Mais comment sortir de ce statut aliénant qu’est le fédéralisme actuel sans grand péril ?
    #
    le 24 mar 2009 à 21:47

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2009

    Monsieur Racine, je vous ai lu avec grand intérêt. Vos précisions sur le système suédois (éducation, santé, salaire minimum, taxation et le reste) d'après votre vécu synthétisent bien ce que l'on entend à droite et à gauche; plus souvent à gauche cependant. Pour le pays du Québec en devenir, il y a là un modèle qu'une certaine classe profiteuse craint et combat. Les détracteurs néolibéraux ont intérêt à faire de la fausse représentation. En terme de crédibilité, je vous donne gagnant sur tout autre qui n'y a pas mis les pieds. Rodrigue Larose

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2009

    Wow.
    C’est une blague, la Suède néo-libérale. De l’ironie.