Le PQ et le combat identitaire

Alors faisons confiance à Pauline et aidons-là à obtenir le consensus qu'elle cherche.

Tribune libre 2009


Comme disait jadis Louis Aragon en France à propos du Parti Communiste : Ce n'est pas le meilleur parti loin de là, mais c'est tout ce que nous avons.

Simone de Beauvoir, dont je suis demeuré un "fan" invétéré, disait la même chose et aussi Jean Paul Sartre.

Le Parti Québécois est tout ce que nous avons.

Inutile, futile et dangereux de fonder d'autres partis. Nous faisons le jeu de nos ennemis en divisant nos forces.

Mieux vaut le noyauter et le pousser à agir.

Madame Marois suivra.

Elle ne précède pas: elle suit, comme vous l'avez sans doute constaté. Elle est femme et portée à suivre les grands mouvements plutôt que les précéder. Ce n'est pas un réquisitoire contre les femmes, loin de là. Cette passivité est une force qui peut devenir décisive là où l'agressivité masculine a échoué. Elle ramasse le mouvement par la base, sait exactement comment parler en public et comment s'adresser à chacun.

Elle possède une remarquable faculté d'adaptation qui peut en faire un redoutable stratège et une femme d'État.

Dans les circonstances, elle peut réussir là où les hommes ont échoué, ce que nous ne pouvons nier n'est-ce pas?

Évidemment, ce sera humiliant pour nous les hommes de voir une femme réussir là où nous avons échoué.

Moi je m'incline d'avance parce que je comprends le sens de sa démarche particulière, qui n'est écrite dans aucun livre mais dans la relation qu'elle sait établir avec la réalité.

Par dessus tout, elle attend un consensus et lorsqu'elle l'obtiendra, elle agira en conséquence. Elle veut absolument partir d'une position de force alors que ce que nous prenons pour de la force, nous les hommes, n'est souvent au fond que faiblesse.

Nous la craignons de la voir agir à partir de ses intuitions plutôt que par des raisonnements stratégiques abstraits.

Je pense qu'elle n'a pas tort dans les circonstances.

Elle me rappelle la norvégienne Gro Harlem Bruntland, qui a su imposer la souveraineté de son pays sur l'OTAN qui cherchait à prendre contrôle de la Norvège, soi-disant pour la sécuriser contre la Russie voisine, en fait, pour saisir et contrôler les réserves de pétrole de la Mer du Nord. La doctoresse Bruntland ne s'est pas fait avoir, soyez-en sûrs.

Pour l'amadouer, on lui a offert le poste de grand patron de l'Organisation Mondiale de la Santé. Elle a accepté le poste mais s'est bien assurée que son pays serait en sécurité contre toute tentative de le dépouiller de son pétrole.

Je me suis retrouvé en Norvège avec ma femme au cours de cette période. Nous avons pris le traversier de nuit norvégien de Newcastle en Angleterre jusqu'à Bergen. Je voulais visiter le musée hanséatique et ma femme voulait voir le pays de ses lointains ancêtres. Les Norvégiens ont colonisé le Yorkshire en Angleterre et la Normandie en France, de sorte qu'Anglais du Yorkshire et Normands ont des ancêtres communs. L'ancien vocabulaire norsk est encore présent dans les campagnes du Yorkshire, situé au nord-est de l'Angleterre, face à la mer du Nord et face à la Norvège.

Pauline Marois m'a dit qu'elle connaissait bien Gro Harlem Bruntland et que les deux femmes sont de grandes amies.

J'ai compris que Pauline a tiré plusieurs leçons utiles de la Norvégienne.

Vous n'êtes pas sans savoir qu'à partir des indices du bonheur, la Norvège est en tête dans le monde.

Alors faisons confiance à Pauline et aidons-là à obtenir le consensus qu'elle cherche.

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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15 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2009


    Qu'on pousse le wagon de queue ou qu'on tire en avant revient
    au même. En poussant, on s'assure que tous les wagons avancent en même temps, ce qu'on ne peut faire lorsqu'on tire par l'avant.
    La passivité est une force. Elle n'est ni inertie ni entropie.
    Vous n'êtes pas sans savoir que sans consensus, on risque de tirer le train tout seul(e). En poussant par derrière, on s'assure du consensus.
    Je suis certain que vous êtes assez intelligente pour comprendre.
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2009

    Je n'en reviens pas qu'on puisse faire l'éloge de la passivité en cette matière. Nous avons besoin de leaders et non de suiveux! Avoir des leaders est ce qui nous manque le plus cruellement.
    Je vous laisse le soin de pousser le roc ou le wagon de queue, puisque vous semblez y trouver plaisir.
    Très peu pour moi.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2009

    Enfin, Pauline Marois a pris les rennes du concept d'Identité nationale. Je l'attendais depuis longtemps. J'ai toujours été fière du Québec et de ses réalisations depuis que je suis toute jeune (Hydro Québec, Production Multimédia, artistes, Recherches scientifiques, ...) et n'ai jamais accepté qu'on s'acharne à accueillir des gens qui ne sont pas fiers de devenir québécois avec tout cela comporte (exigences vestimentaires dans les lieux de travail, respect de l'égalité hommes/femmes, respect des enfants, etc.). Et de plus, je pourrais dire qu'il est très difficile de trouver du travail à Montréal en ne parlant pas l'anglais malgré de sérieux diplômes.
    Personnellement, j'aime bien Pauline Marois, c'est une femme cultivée, forte, ''leader'' et mère de 4 enfants. J'avais beaucoup aimé Parizeau quand j'étais ado, il ne mettait pas de gants blancs pour dire la vérité.
    Je vais donc adhérer au PQ, maintenant que je m'y reconnais.
    Mireille Des Rochers,
    avocate
    Maîtrise en gestion des systèmes informatiques (Msc. TI).

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2009

    Monsieur Sauvé, vous êtes un fin psychologue, un habile stratège. Votre analyse est lucide et réaliste. Je l'endosse sans restriction.
    Aujourd'hui vous tombez encore à point nommé dans ce débat qui perdure et déchire les québécois. Ça fait du bien de lire vos textes rassembleurs, toujours bien étayés, sans partisanerie, ni fausseté ni attaque personnelle.
    Grand merci pour votre précieuse contribution, toujours appréciée.
    François Beauchemin à Lévis
    PS : «Le coeur a des raisons que la raison ne connait pas».

  • Archives de Vigile Répondre

    24 novembre 2009

    Je viens d'écouter à la télévision les réponses de Charest au sujet du projet de loi sur la promotion de la langue française de Mme Marois : presque que des sarcasmes et du mépris.
    Mme Marois pourra-t-elle supporté ce grossier premier ministre encore 3 ans ! Décidément la politique "libérale" n'est pas propre.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    24 novembre 2009

    Voilà, M. Frappier, un autre slapp en vue!... Une grande préoccupation des Québécois: le comptage (ou recomptage) des visites sur une Tribune libre indépendantiste. Comment se peut-il que le combat identitaire préoccupe tant un peuple assimilé?

  • Georges Paquet Répondre

    24 novembre 2009

    Excusez-moi, mais j'ai du mal à croire que ce texte ait reçu 299 visites en une seule journée.

  • Gilles Bousquet Répondre

    23 novembre 2009

    M. Sauvé, je suis d'accord avec Mme Marois sur son : «"La raison essentielle de faire l’indépendance, c’est la langue" »
    Elle a dit essentielle, pas unique. Essentielle, parce que, si nous avions été anglicisés totalement dans les années 1800, nous ne parlerions à peu près plus de souveraineté, ce à quoi doivent rêver nos Anglos, jour et nuit, depuis ce temps en pensant "Enfin finie, la menace séparatiste qui nous couperait le Canada en deux par le milieu".

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    23 novembre 2009

    MM. Montmarquette et Sauvé, vous avez été obnubilés par le jacassage de Charrette et vous avez raté la suite de la phrase de Pauline :
    « Oui, c’est principalement pour la langue qu’on veut faire le pays, mais ce n’est pas la seule raison : entre autres, c’est pour sauver les ressources naturelles… » et elle a poursuivi, évitant le piège tendu de la radiocanadienne qui voulut la réduire à ce que l’ennemi considère vétille, la langue française que la Cour Suprême démolit, mais qui est quand même le moteur de la culture qui nous est propre… elle l’a abordé, le sujet de notre spécificité par les éléments du Québec inc qu’on démantèle allègrement!
    Faut pas écouter seulement en espérant passer ses propres lignes étriquées!
    La preuve que Mme Marois fait mouche : Charest se ridiculise! Il a entendu le grand dénonciateur de ses revenus illicites, Patrick Bourgeois, approuver l’approche linguistique et identitaire que prend Pauline et il s’est déchaîné : « Mais là, Pauline Marois est endossée par un agitateur, qui s’appelle Patrick Bourgeois, et elle se radicalise et elle s’approche donc des éléments plus radicaux », a ajouté le premier ministre Charest, lundi. » (Cyberpresse).
    Depuis la « célébration » ratée des plaines, depuis le Moulin à paroles, depuis « l’accueil » au Prince Charles de son film préféré (Grande Séduction), Charest voudrait tuer le général Bourgeois qui pourchasse la monarchique Cour Suprême. L’homme de la Résistance pacifique, il veut le caricaturer comme « radical ». Selon lui, son appui fait que Mme Marois se « radicalise » alors que c’est bien lui, le grand démolisseur, qui se « ridiculise ». Patrick encourage la nation québécoise à vaincre ses peurs. Tant mieux s’il peut mener le p’tit capo à l’apogée de la peur!

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2009

    C'est le retour du NOUS: Pas seulement au PQ mais, aussi avec le groupe Maitre chez nous 21 ième siècle (MCN 21), lequel a manifester devant le l'édifice de l'Hydro Québec pour demander le congédiement de Vandal; et, promouvoir son projet d'indépendance énergétique pour le Québec. Exactement le thème d'un prochain colloque du PQ. Une jonction est elle possible. Du moins elle est souhaitable.
    J'espère revenir sur le retour du nous, qui coïncide avec le retour de M Parizeau: " Si vous le voulez bien on va se parler entre nous..." (30 Oct. 95).
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2009


    "La raison essentielle de faire l'indépendance, c'est la
    langue" a dit Pauline Marois à Christiane Charette.
    Beaucoup plus que la langue, c'est l'ÉTAT DU QUÉBEC,
    QUI EXISTE BEL ET BIEN DE FAIT ET DE DROIT. Les
    facteurs et principes en cause, je les expose en détails
    dans Géopolitique et avenir du Québec. Elle a sa copie
    et la carte qui va avec le livre. Elle ne l'a ni lu
    ni compris ni appris.
    Autre raison majeure de faire l'indépendance: DEUX ÉTATS,
    NOTRE ÉTAT NATUREL À QUÉBEC ET L'ÉTAT POST-IMPÉRIAL,
    UNITAIRE ET ARBITRAIRE D'OTTAWA,BRANDON POLITIQUE DE
    L'OLIGARCHIE DE BAY Street à Toronto, il y a un de
    trop.
    Les principes en cause: détermination de nos objectifs
    nationaux, maintien du moral, concentration et économie de
    l'effort, simplicité, souplesse, coordination, coopération,
    administration et logistique, bref, nos principes de
    stratégie d'État.
    La langue est un facteur mais pas comme on le pense. Au
    Québec, la langue française a été et demeure un facteur
    majeur de notre pouvoir collectif parce que le français
    est une langue d'État.
    C'est grave de ne pas connaître nos motifs géopolitiques
    et stratégiques de réaliser l'indépendance, en commençant
    par une reconnaissance formelle de notre État.
    C'est de l'amateurisme et nous devons intervenir pour la
    corriger.
    JRMS

  • Rodrigue Larose Répondre

    23 novembre 2009

    Vos considérations sur la passivité - j'ajoute - active de madame Marois m'ont accroché. D'accord, immédiatement et après 1995, ce fut plutôt le règne masculin de l'activité passive mue par la peur de déplaire. Qui a peu porté fruit. C'est fini.
    En fin de semaine (21 et 22 novembre), le colloque du Parti québécois portant sur l'identité a révélé aux participants une Pauline Marois aguerrie, dynamique et des plus éloquente traduisant un PQ nouveau et rassembleur - dégagé d'une certaine garde rapprochée. Il est vrai qu'une jeunesse rafraîchissante est débarquée ou en train de débarquer dans nos rangs, de faire rapidement ses classes. La chef, communiant abondamment avec les membres et prenant la parole à deux reprises, a su refléter et relayer adéquatement les préoccupations identitaires de la majorité québécoise et insuffler à sa base un espoir neuf. Pour la venue du pays.

  • Gilles Bousquet Répondre

    23 novembre 2009

    M. Sauvé, bien écrit et je souscris entièrement à votre message...entièrement.
    Que celles et ceux qui ne sont pas encore membres ou ne le sont plus, deviennent donc membres du PQ et tentent de l'aider par tous les moyens possibles jusqu'à la victoire finale à la place de critiquer ce parti, sur la place publique, à chaque fois qu'une de ses actions ou inactions ne nous plait pas totalement. Faut faire confiance au capitaine choisi en place, en apportant des suggestions à l'interne, si nécessaire.
    Se saborder n'est pas une bonne idée quand on désire arriver même si ce n'est pas à la vitesse souhaitée. Faut être posés et accueillants pour aller chercher, pour LA cause, de nouveaux adhérents.

  • Christian Montmarquette Répondre

    23 novembre 2009

    Je suis un homme et je ne verrais absolument «rien» d'humiliant à ce que ce soit une femme qui pilote la bataille pour l'indépendance.
    Cependant, égale à elle-même, Pauline Marois vient tout juste de dire ce matin à la radio de Radio-Canada et je cite :
    «La raison essentielle de faire la souveraineté est la langue». (Christian Charette en direct).
    Excusez-moi, mais je considère cette vision du Québec comme EXTRÈMEMENT ÉTRIQUÉE pour ne pas dire carrément ÉTROITE. En fait exactement LE CONTRAIRE de ce que vient d'affirmer Jacques Parizeau quand il affirmait haut et fort qu'il fallait revoir la manière de voir et de promouvoir l'indépendance dans le nouveau contexte de la mondialisation et l'élaboration rapide d'un programme complet dans un contexte où plus de pouvoirs seront délégués à des organismes internationaux.
    Outre la langue et la culture, il existe de fort nombreux motifs de toute première importance de faire l'indépendance. Et ne serait-ce que parce qu'il a 42% chômeurs au Québec qui ne sont pas couverts par le régime d'assurance chômage, que le Canada est devenu un pays guerrier qui envoie nos jeunes se faire tuer ou encore qu'il ne respecte pas l'accord de Kyoto et j'en passe...
    Je ne veux plus faire parti d'un État voyou et j’espère un pays beaucoup plus progressiste et d’avant-garde que ce Canada de plus en plus conservateur et rétrograde et que celui que Pauline Marois me propose.
    Une chef d'un parti politique qui résume ses motifs de faire la souveraineté à la protection de la langue, est une personne complètement aveugle des multiples enjeux et dimensions qui constituent l'ensemble des défis qui pourraient mobiliser notre société sur un véritable projet de pays d’envergure pour une société meilleure dans son ensemble.
    Je n’ai strictement «RIEN» contre les femmes en politique, mais Pauline Marois n’a certainement pas les attributs d’une femme d’État et encore moins d’une visionnaire inspirante pour redonner le goût du pays.
    Christian Montmarquette
    Référence :
    «Jacques Parizeau attaque la droite»

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2009

    Pour compléter votre texte:
    « Celui qui veut pénétrer au coeur du problème qui l'occupe doit faire preuve de souplesse, s'adapter, entrer par la petite porte, se laisser façonner par la situation. »
    Sagesse Yi-King ( ou en français le " Classique des changements ")