L’avenir du français au Québec

La disparition tranquille

C’est la francisation à l’étranger qui sauve le français au Québec. Le Québec tout seul ne se francise pas; il s’anglicise.

Chronique de Bernard Desgagné

Âgé de soixante-huit ans, Charles Castonguay aimerait bien cultiver son potager l’été et faire du ski de fond l’hiver. Il y a trente ans qu’il s’escrime sur le front de la langue, armé de son esprit mathématique et de sa perspicacité. Il sonne le tocsin, mais le renfort n’arrive pas vite. En fait, c’est plutôt l’adversaire qui a l’air de gagner. Le français disparait tranquillement, faute de combattants efficaces.

Le Québec sommeille grâce aux bons soins de quelques valets d’Ottawa particulièrement habiles pour manier le gaz. Avec la loi 101, version domestiquée par la Cour suprême, y en a pas de problème. Et les données du recensement de 2006 qui viennent de paraitre? Ben voyons, quelles données? On a autre chose à faire à Radio-Canada et chez Gesca que de paranoïer avec les xénophobes du PQ. Guignolons. Faisons l’histoire de la burka. Braillons sur le sort d’un fermier de la Saskatchewan. Que d’entreprises vertueuses pour faire oublier au bon peuple son existence fragile!

En février 2007, Radio-Canada orchestrait un grand festival du bilinguisme officiel canadien pour en fêter les quarante ans. S’appuyant sur un sondage biaisé et commandé sur mesure pour occulter les vraies questions, télé, radio et site web nous chantaient les louanges des bilingues et nous disaient du même souffle combien nous étions dangereusement attardés de ne pas tous savoir parler anglais. Pour le pouvoir fédéral d’un pays dont seulement 7 % des habitants anglophones sont bilingues, hors du Québec, il est vraiment pratique de pouvoir compter sur un taux de bilinguisme cinq fois plus élevé parmi les accommodants francophones du Québec, mais ce n’est pas encore assez. L’anglais les pénètre par osmose la vie durant, mais il faudrait aussi inoculer les jeunes québécois dès le berceau contre l’ignorance crasse de l’anglais. Maxime Bernier l’a bien compris, lui qui envoie ses enfants à l’école anglaise pour qu’ils puissent parler cette langue sans accent. A-t-on idée de vouloir sortir dans la haute société avec un accent comme celui de Stéphane Dion? Il faut vraiment avoir du fumier de collé sous les pieds.

On devait faire oublier au peuple le sens véritable du rapport de 1967 de la commission Laurendeau-Dunton, c’est-à-dire la création du bilinguisme institutionnel généralisé pour permettre à la nation minoritaire de se sentir chez elle au pays. À l’époque, il devait même y avoir des pans entiers de l’administration fédérale fonctionnant en français. On a préféré l’approche des postes bilingues. Le fonctionnaire docile sort son français pour le client, puis retourne recevoir d’autres ordres en anglais. Après quarante ans, l’État fédéral n’étant pas capable de respecter lui-même sa propre loi du bilinguisme à sens unique, les francophones minoritaires ayant fortement été assimilés au Canada et l’anglais gagnant sans cesse du terrain au Québec, il fallait que Radio-Canada change de sujet. Tiens, s’est-on dit, parlons des vertus du bilinguisme individuel. Je bilingue, tu bilingues, il bilingue, nous bilinguons tous en anglais.

Des tas de jeunes nés après 1977 nous écoutent. Préservons leurs chastes oreilles de l’insupportable idée que la francisation du Québec serait devenue une illusion. Une sorte de grand cocorico québécois qui a réveillé le taureau le temps que le volatile s’égosille et perde quelques plumes sous les coups de cornes. Mais non, voyons, gentils amateurs d’interculturalisme avec un soupçon de granolas, n’allez pas vous imaginer de pareilles horreurs. Ce sont des histoires que vous racontent des vieux chnoques tout droit sortis du Moyen-Âge, à une époque lointaine où les Anglais étaient méchants et ne voulaient pas parler français. Aujourd’hui, ce n’est pas pareil. Ce sont les héritiers de Camille Laurin qui sont devenus les méchants et qui, pris d’une rage linguistique hitlérienne, veulent envoyer tout le monde dans le camp de concentration de l’unilinguisme français. Y a qu’à écouter Brent Tyler. Lui, il va vous expliquer que, ce n’est pas sa faute mais, que voulez-vous, le monde se mondialise. Alors, ce n’est pas comme avant. C’est juste que, pour gagner sa vie, il va falloir parler anglais. Avant, c’était seulement le patron qui parlait anglais. Aujourd’hui, avec le bilinguisme nouveau, exploiteurs et exploités vont parler la même langue. On va tellement bien se comprendre. Et l’espagnol? Et l’allemand? Commencez par apprendre l’anglais, mes futurs employés de Tim Horton, et on verra après si on a le temps de faire du culturel.

Le festival radiocanadien du bilinguisme officiel de février dernier a duré toute une semaine, au bout de laquelle n’importe quel étranger venant d’y assister aurait été convaincu que le bilinguisme à la canadienne était la huitième merveille du monde. Quand je me suis plaint à Radio-Canada de cet invraisemblable détournement de sens, on m’a dit que j’avais imaginé tout cela. C’est sûr que, lorsqu’on est un parano nazi, on n’a pas les idées claires.

Cet automne, Radio-Canada et ses copains de Gesca se cherchaient d’autres berceuses à chanter au public, lorsqu’ils se sont retrouvés tout à coup devant Pauline Marois et sa loi. Ah! la méchante! Que c’est cruel de vouloir obliger le monde à apprendre le français! Tous ces pauvres gens qui doivent s’échiner le jour pour gagner leur pitance devraient-ils vraiment prendre des cours de français le soir? De toute façon, ils travaillent en anglais. C’est normal, non? This is a bilingual country. Le français, c’est bon pour les enfants des immigrés. Ils iront s’en imprégner à l’école, puis ils feront le cégep et l’université en anglais. Après, on aura de bons petits employés bilingues capables de bien servir leurs maitres en anglais et d’élever des enfants bilingues. Que vient faire Pauline Marois avec son français dans tout cela? Et en plus, il y en a qui veulent parler du français menacé devant les deux vieux sages. Ne comprenez-vous pas que, le français, on a réglé ça avec la loi 101? Allez-vous finir par arrêter d’en parler? Vous êtes « hors d’ordre », s’est écrié André Pratte dans la Pravda de M. Desmarais, le 1er novembre.

Pendant deux ou trois semaines, on a vilipendé Pauline Marois à qui mieux mieux au Téléjournal et dans les pages éditoriales de La Presse. Il fallait alimenter la controverse pour pouvoir répéter sans cesse qu’il y avait controverse. On est allé chercher une petite madame de la commission des droits de la personne par-ci et un petit juif scandalisé par-là pour leur faire dire en somme que soit Pauline Marois était une tortionnaire en puissance, soit elle n’avait pas rapport. Le 8 novembre, Martine Biron nous présente un reportage pour nous attendrir sur le sort des Anglo-Québécois, qui se sentent profondément blessés par les viles intentions de Pauline Marois. Ils peinent tant à conserver leur pauvre langue moribonde. La menace du français leur fait peur. Les écoles sont pleines de petits anglophones qui parlent français aussi aisément que vous et moi : « Ma mère parle un peu de français », dit un élève dans le reportage. « Elle save, mais pas beaucoup. » Je suis certain que les élèves nés en France de parents anglophones parlent français exactement comme toi, mon jeune.

Toujours est-il qu’est arrivé le 4 décembre, jour de publication des données linguistiques du recensement de 2006. Le français recule officiellement! Depuis des années, à coup de stratagèmes, d’ailleurs dénoncés par Charles Castonguay, Statistique Canada avait essayé de camoufler la réalité de l’anglicisation du Québec qui se poursuivait. Mais on venait d’arriver au bout des possibilités de la démographie et des recensements créatifs. Alors, le 4 décembre, qu’ont fait Radio-Canada et Gesca? Ils ont fait ce qu’ils font d’habitude quand ils veulent « tasser un sujet » tout en préservant aux yeux du bon peuple leur allure d’objectivité. Ils ont commencé par annoncer la nouvelle quelques fois pendant une seule journée, sans autre analyse que la bouillie prédigérée de Statistique Canada. Puis, le lendemain, Radio-Canada, si friande de controverse pendant plusieurs semaines quand il s’agissait de Pauline Marois et si entichée des questions linguistiques quand il s’agissait de chanter les louanges du bilinguisme canadien, devenait soudainement très avare de commentaires. Voyez-vous, c’est tellement plus conforme au mandat d’une télévision publique de retransmettre en direct les fabulations d’un escroc sur ses prétendues magouilles avec l’entourage d’un ancien premier ministre. Qu’est-ce qu’on en a à cirer de l’avenir de la langue française?

Donc, pratiquement plus rien à Radio-Canada sur les données linguistiques du recensement après le 5. Silence radio. C’est alors que le bulldozeur des éditorialistes-propagandistes de La Presse est entré en action. Les mensonges se sont mis à pleuvoir. Le summum de la manipulation honteuse a été atteint le 7 novembre par le roi Pratte lui-même : [le français progresse->10718], a-t-il affirmé.

Il faut retourner voir les analyses de Charles Castonguay sur les recensements antérieurs et appliquer ces analyses au recensement de 2006 pour bien comprendre ce qui se passe sur le front linguistique au Québec. Charles Castonguay ne doit plus être seul au combat contre la pensée unique de Radio-Canada et les mensonges de Pratte. Il faut cesser une fois pour toutes d’accréditer la thèse complètement fallacieuse voulant que le français gagne du terrain ou qu’on ait atteint un équilibre linguistique au Québec. En fait, le Québec est indéniablement une terre d’anglicisation, en particulier à Montréal. Le résultat net des substitutions linguistiques qui s’opèrent sur le territoire québécois le démontre sans l’ombre d’un doute.

Dans le premier tableau, on constate qu’au Québec, la proportion de personnes de langue maternelle française est passée de 81,4 % en 2001 à 79,6 % en 2006, soit une baisse de presque 2 points de pourcentage. Quant à l’usage du français comme langue principale à domicile (troisième tableau), il a régressé lui aussi, passant de 83,1 % à 81,8 %, soit une baisse de 1,3 point. Par opposition, la proportion de personnes de langue maternelle anglaise, n’a diminué que de 0,1 point, passant de 8,3 % à 8,2 %. Dans l’usage à domicile, l’anglais a même gagné 0,1 point. Il est passé de 10,5 à 10,6 %.

Selon Pratte, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter de cette régression du français au Québec parce que l’anglais a, lui aussi, régressé au Canada anglais. Belle comparaison. Au cas où la nouvelle ne serait pas encore parvenue à ses oreilles et où un généreux lecteur voudrait bien l’inviter à lire ceci, précisons à l’intention de M. Pratte qu’au Canada anglais, seulement 2,5 % de la population parle français à domicile. En Saskatchewan, c’est un gros 0,5 %, et c’est 0,4 % en Colombie-Britannique. Même si, compte tenu de la forte vague d’immigration, les allophones du Canada anglais n’adoptent pas l’anglais tout de suite, ils vont finir par le faire au bout de quelques années, voire d’une ou deux générations. Au Canada anglais, 99,5 % exactement des substitutions linguistiques des allophones se font vers l’anglais et 0,5 % se font vers le français. Il n’y a pas de risque que des hordes de Néo-Canadiens à Toronto, Winnipeg, Calgary et Vancouver ainsi qu’un peu partout aux États-Unis choisissent de parler français et diminuent ainsi l’importance de la langue anglaise comme langue commune. C’est très différent de ce qui se passe au Québec en ce qui concerne la langue commune.

La grande force d’attraction de la langue anglaise se manifeste en particulier dans la proportion d’allophones qui l’adoptent, ce que révèle le tableau sur les substitutions linguistiques. À l’échelle du Québec, compte tenu des poids démographiques respectifs de l’anglais et du français, comme langues maternelles, l’anglais attirait 9,3 fois plus d’allophones que le français en 2006.

L’attraction est mesurée de deux façons. Premièrement, les colonnes % 2001 et % 2006 indiquent le pourcentage d’allophones ayant adopté le français ou l’anglais par rapport au total des allophones ayant effectué des substitutions linguistiques concernant le français ou l’anglais. Deuxièmement, le ratio indique le rapport entre le pourcentage d’allophones ayant adopté le français ou l’anglais et le pourcentage de personnes ayant respectivement le français ou l’anglais comme langue maternelle.

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La force d’attraction de l’anglais au Québec serait encore beaucoup plus évidente si ce n’était de la sélection, par l’État québécois, d’un grand nombre d’immigrants allophones déjà francisés à l’étranger. Autrement dit, dans le cas des immigrants d’âge adulte, contrairement à la croyance qu’ont largement contribué à répandre les Pratte de ce monde, ce ne sont pas tant les restes insuffisants de la Charte de la langue française qui empêchent le français de perdre du terrain encore davantage au Québec, mais bien la francisation des allophones qui se fait à l’étranger, dans des pays comme le Maroc, l’Algérie, Haïti ou le Vietnam.

Après avoir bien appris le français dans leur pays d’origine, des immigrants ayant une autre langue maternelle viennent grossir artificiellement les statistiques des allophones francisés au Québec. Ces immigrants ne démontrent aucunement que le français se porte bien au Québec, mais simplement que, pour compenser leur incapacité à imposer leur langue commune dans le contexte du fédéralisme dominateur canadien, les Québécois n’ont d’autre choix que d’aller chercher du renfort à l’étranger.

Le tableau des substitutions linguistiques montre en outre que le français est toujours perdant au Québec. Le bilan des substitutions concernant le français et l’anglais, soit la différence entre le nombre de francophones anglicisés et le nombre d’anglophones francisés, a atteint 10 156 cas en 2006. Il s’est alourdi de 2 336 nouveaux cas entre 2001 et 2006. Il y a donc encore au Québec un phénomène réel et persistant d’anglicisation nette des francophones qu’on passe trop souvent sous silence.

Cette anglicisation fait en sorte que, lorsqu’on calcule le solde du français par rapport à l’anglais au Québec, on arrive à un écart de 12 392 personnes en faveur de l’anglais, malgré les dizaines de milliers d’immigrants qui sont sélectionnés pour leur connaissance du français et qui, du reste, sont souvent déçus de constater qu’il leur faut parler anglais pour gagner leur vie au Québec. C’est la francisation à l’étranger qui sauve le français au Québec. Le Québec tout seul ne se francise pas; il s’anglicise.

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Que faut-il conclure devant l’énorme fossé séparant, d’un côté, le discours de la machine à propagande et, de l’autre côté, la réalité de l’anglicisation que les Québécois observent chaque jour sur le terrain et que confirment les statistiques? Que peuvent bien chercher la Pravda de M. Desmarais et son pendant public, Radio-Canada, sinon la disparition tranquille de la langue française en Amérique? En dissimulant la vérité, tout en se parant d’une objectivité factice, ne sont-ils pas en train de poursuivre l’œuvre machiavélique de Durham?

Combien de temps encore devrons-nous tolérer cette imposture? Combien de temps faudra-t-il rester poli devant ce pouvoir abusif des médias conventionnés qui, après avoir endormi le Québec, sont en train de lui passer la camisole de force? Il est bel et bien question de mensonges, de demi-vérités et de manipulation, et non d’erreurs. À Radio-Canada, la censure est systématique. Chez Gesca, en plus de répandre des faussetés, on refuse régulièrement de publier certains textes qui seraient extrêmement importants pour bien informer le public, mais qui risqueraient de jeter le discrédit sur les propagandistes. Les pages des petits médias sont remplies de preuves que la liberté d’expression n’est qu’un voeu pieux au Québec et que la presse en général est au service du pouvoir, surtout quand il s’agit de maintenir la nation québécoise dans son état actuel d’asservissement.

[->aut1233]Je sais que Charles Castonguay est beaucoup plus distingué et respectueux que moi et que jamais il reprocherait publiquement aux menteurs d’être ce qu’ils sont. J’admire beaucoup Charles Castonguay et je voudrais avoir sa grande élégance, mais j’ai peine à me contenir. J’en ai assez de voir de vieux guerriers revenir du front le corps et l’esprit meurtris. J’aimerais qu’ils puissent se retirer tranquillement dans leur jardin et chausser leurs skis l’hiver en se disant que leur combat en a valu la peine et que tous leurs frères d’armes plus jeunes sont là qui veillent au grain. Assez, les mensonges. Assez, la disparition tranquille.

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ADDENDUM

Chers camarades,

Voici la dernière version des feuilles de calcul dont je me suis servi pour rédiger «La disparition tranquille». Si vous avez pu consulter les deux versions antérieures des feuilles de calcul, que je vous suggère du reste de mettre à la corbeille, vous avez peut-être remarqué que les chiffres des substitutions linguistiques n'étaient pas tout à fait les mêmes et pas aussi complets que dans le tableau sur les substitutions intégré à mon texte. C'est qu'en continuant de consulter Charles Castonguay, j'ai fini par comprendre et appliquer dans les règles de l'art l'algèbre de la répartition des réponses multiples, du calcul de la force d'attraction et du solde du français par rapport à l'anglais.

Donc, le fichier ci-joint contient des calculs fiables faits à partir des données de Statistique Canada. Toutes les données originales puisées dans le site de Statistique Canada se trouvent dans les feuilles Canada 2006, Canada 2001, Québec 2006, Québec 2001, Gatineau 2006 et Gatineau 2001. Ce qui peut présenter un intérêt pour vous, ce sont les formules que j'ai employées. Les tableaux sur les substitutions contiennent des formules intéressantes, de même que les tableaux de «répartition». Dans ce dernier cas, les formules sont longues, mais le principe est assez simple.

Ce genre d'analyse peut être un travail fastidieux, mais c'est un travail nécessaire. Comme le disent nos amis anglais, le diable est dans les détails. Quand on ne prend pas le temps de faire ses devoirs, on risque de dire beaucoup de bêtises.

Comme je vous l'ai dit, je travaille avec un Mac et le tableur Numbers, alors le fichier Excel est une conversion, mais celle-ci semble avoir donné de bons résultats. Je n'ai trouvé aucune erreur.

N'hésitez pas à transmettre le présent fichier aux bidouilleurs et mathématiciens amateurs de votre entourage qui ont le goût de faire leur part pour donner la réplique aux valets de Gesca, dont capacité de mentir sans broncher me sidère chaque jour un peu plus. D'ailleurs, j'ai porté plainte hier au Conseil de presse du Québec au sujet des torchons de Pratte et de son compère Alain Dubuc le 7 décembre: [Le français progresse->10718] et [La démagogie de la peur->10717]. J'imagine qu'ils se fichent éperdument de se faire blâmer par le CPQ, au point où ils en sont, mais ça nous fera un autre argument pour dénoncer leur travail de sape.

Salut et fraternité.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 août 2008

    Bonjour, je suis RODOLPHE CLARET, un des intervenants de l'article paru dans « la presse »http://www.cyberpresse.ca/article/20071210/CPACTUALITES/712100653/1019/CPACTUALITES ainsi que l'interviewé de Martineau sur LCN et sur RFI( allo la planéte).
    J'ai lu pas mal de commentaires ( pas forcememnt sur ce forum) concernant le dit article.
    On a critiqué notre decision de rentrer, dit que nous etions impatient, que l'on espérait trouver un « eldorado », bref que nous n'avions rien compris, et certains se sont meme permis de nous donner des conseils. Conseils venus soit de gens meme pas encore installé au Qc ou dans une situation totalement differente de la notre.
    Non, nous n'attendions pas un eldorado, non nous ne sommes pas arrivés en terrain conquis, non nous ne nous attendions pas ce que l'on nous deroule le tapis rouge.
    Nous avons fait profil bas, tenté de nous adapter, accépté des choses que nous n'avions plus l'habitude d'accepter etc...
    Oui evidement nous sommes partis et avons TOUT quitter pour trouver mieux et nous etions très motivé pour cela. Hé bien oui, quand on quitte c'est forcement pour trouver mieux ( et pas seulemet « autre chose » comme le raconte de nombreux hypocrites) car sinon on ne part pas.
    Nous sommes une famille de 4, moi 33 ans, mon épouse 32, mes filles 8 et 12 ans , revenu entre 50 et 60 000 euros annuels ( assez important de le preciser pour bien situer notre niveau de vie, materiel et social ), propriétaire dans le 06 d'une maison avec piscine, deux voitures et 2 motos.
    Bref, nous etions « installé » ou « en place » comme on dit.
    Donc aprés 2 visites du Qc ( 2 semaines a chaque fois) et de nombreuses heures passées sur un site d'immigration ( de propagande) nous voilà avec nos csq et visa, debarquant au Qc debut 2005.
    Petit boulot mal payé et pas considéré ( attention : Bon Boulot = + 50 % de chances de réussir son immigration), remarques desagréables sur le fait que nous soyons de France, enfants rentrant en pleurs aprés l'école, desillusions sur la soi disant honneteté et civisme des Quebecois et j'en passe, ont usé nos nerfs et notre tolérance vis avis de cette province.
    Petit a petit nous nous sentions de plus en plus etranger au Qc au lieu de nous sentir de plus en plus chez nous.
    La cerise sur le gateau : La santé au Quebec.
    Je ne rentrerai pas dans le detail mais mon épouse a été sauvée par un billet d'avion ( voyage en France d'urgence) et notre generaliste en France ( qui l'a envoyée chez un spécialiste).
    J'ai dit que je ne rentrerai pas dans le detail mais il faut savoir qu'il y a un enorme probléme avec le systéme de santé au Qc et surtout ne pas le négliger car quand on a a y faire face il est souvent trop tard.
    Certains immigrants et autres ex-immigrants nous avaient prevenu de certains points noirs mais, nous, dans notre bulle, n'y avons pas preter plus attention que ça comme c'est certainement le cas de nombreux lecteurs de ce sujet.
    Nous frequentions quelques immigrants ( pas que des Français) installé depuis des années, qui, en grattant un peu le vernis de la soi- disant parfaite integration, avaient pas mal de grief vis a vis de leur immigration mais qui par soucis materialistes, enfants installé au Qc ou simplement pas le courage de rentrer dans leur pays d'origine et faire face a leur « echec », restaient au Qc.
    Evidement pour un Burkinabé il y a moins de risque d'étre decu que pour un Français, un Suisse ou un anglais, les attentes et les references n'etant pas les mêmes.
    Ce que je regrette le plus c'est l'attitude de la DGQ ( du moins leur discours en 2003-2004) qui incite les gens a venir au Qc en leur mentant carrément sur la situation réelle. En faisant cela ils ont gaché un nombre incalculable de vies, c'est a la limite du criminel. Bien sur certains vont penser : « Il fallait mieux se renseigner » mais comme je l'ai dit plus haut, on ne croit que ce que l'on veut bien croire et le negatif n'en fait pas partie, on pense que l'on fera mieux, parce que NOUS on sait.
    Bien sur il y a des Français heureux au Qc mais les décus sont très nombreux aussi et souvent ils n'en parlent pas ou trouvent des excuses au retour afin de ( se ) cacher la vérité nue.
    Voilà, c'était juste pour eclaircir certains points et repondre a certaines remarques.
    Bonne Immigration
    Rodolphe
    PS: notre retour en France c'est bien passé pour nous mais encore plus pour nos enfants

  • Archives de Vigile Répondre

    11 décembre 2007

    Monsieur Desgagnés,
    j'admire au plus haut point votre fougue et votre style. Je sais aussi que Vigile est un site indépendantiste. Mais je ne peux m'empêcher, chaque fois que je vous lis, d'avoir l'impression que vous prêchez à des convertis.
    Vous demandez : « Que faut-il conclure devant l’énorme fossé séparant, d’un côté, le discours de la machine à propagande et, de l’autre côté, la réalité de l’anglicisation que les Québécois observent chaque jour sur le terrain et que confirment les statistiques » ?
    Je me risque à vous répondre que pour rendre sa langue indispensable et attrayante, il faut d'abord commencer par s'imposer comme «puissance». Or les Québécois ont refusé deux fois plutôt qu'une de relever ce défi. Ils ont aussi relégué au rang de tiers parti la puissance en devenir qu'a un jour représenté le Parti québécois, mais qui, de guerres intestines en discussions sur le sexe des anges, est devenu l'un des principaux fossoyeurs de l'élan qu'il avait réussi à insuffler.
    La nature ayant horreur du vide, la Pravda de Gesca et Radio-Canada ont occupé le champ libre laissé par les déconvenues référendaires, et un Mario Dumont a pu se frayer un chemin parmi la majorité de la population qui ne connaît même pas l'existence d'un Vigile et à qui on ne s'est jamais donné la peine d'expliquer noir sur blanc, en des termes qu'elle peut comprendre, qu'est-ce que ça changerait vraiment pour le mieux, dans sa vie de consommateur nord-américain, que le Québec devienne un pays.
    La seule fois où une clairvoyante Pauline Marois a osé évoquer de vagues turbulences, les purs et durs l'ont immolée sur la place publique. Mais le vrai monde, lui, y a trouvé l'écho qu'il appréhendait et, souvent la mort dans l'âme, s'est dit qu'il avait eu raison de penser qu'un tiens valait mieux qu'un deux tu l'auras.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    10 décembre 2007

    Pour faire mon petit effort, j'essaie de passer ceci aujourd'hui à la Pravda: (commentaire suite à l'article)
    ON EST VRAIMENT DES ÉTRANGERS, ICI.

    J'ai perdu 3 ans de ma vie(Rodolphe Claret). Monsieur François Lubrina, qui vit au Québec depuis 35 ans aurait dû prévenir les immigrés français: Le Québec, ce n'est pas la France, c'est un pays conquis. Étrangers, comment pouvaient-ils s'attendre à autre chose: sur un autre continent.
    De plus, perdu 3 ans de sa vie. Il n'a pas été patient. Nous, Québécois de plusieurs générations, depuis 1759 ça nous fait bientôt 250 ans de perdus, à essayer de survivre en français, à se refaire une culture, une économie, à essayer de se faire un pays, sans la tutelle d'un Canada assimilateur, statistiques à l'appui, cette semaine. Maudit Français? Je dis plutôt pauvre Français. Si vous aviez patienté encore quelques années, peut-être auriez-vous pu participer à notre naissance, sous le parapluie de l'UNESCO, en tant que patrimoine mondial en danger, la culture française en Amérique.