Scénario possible pour le prochain rendez-vous électoral

La vacuité contre la reine et son prince

Chronique de Bernard Desgagné


J’assistais l’autre jour à un souper-conférence organisé par le Parti Québécois de Hull. La moyenne d’âge des personnes présentes était d’environ 60 ans. La conférence, donnée par Charles Castonguay, était des plus intéressantes. Pédagogue hors pair, le grand Charles a su expliquer sans peine à son auditoire qu’au Québec, la base de la pyramide démographique francophone s’effrite, tandis que la pyramide anglophone est bien portante, sans qu’on puisse attribuer cette différence à la dénatalité. Les taux de natalité sont semblables parmi les gens des deux langues maternelles. C’est le grand pouvoir d’attraction de l’anglais au Québec qui fait la différence. Toutes proportions gardées, les parents allophones québécois engendrent davantage d’enfants de langue maternelle anglaise que de langue maternelle française.
Évidemment, Pauline Marois n’était pas à la conférence. Elle n’a jamais voulu entendre les arguments de Charles Castonguay. Les remises en question ne semblent pas l’intéresser. Elle pense qu’au Québec, la connaissance de l’anglais n’est pas encore assez répandue, donc qu’il faut continuer de l’enfoncer dans le crâne de tous les enfants. Elle est contre l’obligation de fréquenter le cégep en français. Elle est pour l’idée d’engloutir des milliards de dollars dans le centre hospitalier de l’Université McGill et de maintenir l’apartheid linguistique de la colonie canadienne-anglaise au Québec.
Pauline Marois ne veut pas appliquer la Charte de la langue française à tous les milieux de travail du Québec. Elle prévoit soustraire à la francisation les entreprises de moins de 25 employés. Dommage pour Justine Dupuis-Bonnerot, qui a écrit récemment le message suivant, diffusé par Impératif français:
«J'ai travaillé au restaurant chinois Le Bambou, à Aylmer, du 8 janvier au 14 mars 2009 en tant qu'hôtesse. La patronne, Mme Setto, m'a avertie de ne pas parler français avec les autres employés, tous francophones. Elle m'a dit qu'elle se sentait mal à l'aise lorsqu'on parlait français parce qu'elle ne comprenait pas ce qu'on se disait et ce, malgré le fait qu'elle travaille au Québec depuis au moins 25 ans. Par contre, Mme Setto parle chinois avec son mari et ses employés d'origine asiatique.»
Il n’y a pas que le domaine linguistique où Pauline Marois semble partisane du laisser-faire. Elle est pour le harnachement de la rivière Romaine. Elle ne s’est jamais prononcée contre le projet Rabaska. On ne l’a jamais entendu critiquer l’abandon du territoire aux minières qui pillent les richesses du Québec en versant des redevances dérisoires et en piétinant les populations, comme au temps où Maurice Duplessis bradait le minerai à 1 cent la tonne. Je serais bien étonné de la voir s’opposer au projet Osisko avec Richard Desjardins.
Pauline Marois laisse les remises en questions et les idées neuves à des politiciens qui ont moins froid aux yeux, comme Amir Khadir. À la tête de la loyale opposition de Sa Majesté, elle se contente de répéter que Jean Charest est un menteur et un mauvais gestionnaire. Elle l’accuse d’incompétence mais, sur le fond, elle partage à peu près les mêmes idées que lui.
Le sujet de la personne de Pauline Marois est tabou au Parti Québécois. La vénération de la chef est officiellement sans borne. On veut lui trouver des milliers d’amis sur Facebook. Celui qui la critique est tenu à l’écart comme un pestiféré, quelles que soient sa ferveur indépendantiste et la qualité de ses idées. Surtout depuis qu’elle a fait savoir aux indépendantistes les plus convaincus qu’ils devaient se tenir à carreau: brasse-camarade dans L’Assomption et excommunication du RRQ.
Les quelques jeunes qui forment la mince relève du Parti Québécois, encore plus mince que la base de la pyramide démographique francophone, se bornent ces jours-ci à organiser des parties de sucre. Ils ont été sévèrement avertis de ne pas fréquenter les dangereux radicaux qui dénoncent l’occupation du Québec par le pouvoir illégitime d’Ottawa. Les agents de liaison du Parti Québécois, un KGB nouveau genre, veillent au grain: pas de salut hors de l’orthodoxie. On est loin de la pensée critique et de l’idéal démocratique.
Dans le site du Parti Québécois, l’une des sections les plus révolutionnaires est celle du financement; c’est l’un des rares endroits où il est question principalement de souveraineté. «Un don au Parti Québécois est un bond vers la souveraineté du Québec.» Étrange. La dernière fois que j’ai parlé à un organisateur électoral péquiste, le gros de son budget était encore consacré à acheter des pancartes et à mettre des photos de candidat dans les journaux de Desmarais.
Sur la souveraineté, le Parti Québécois de Pauline Marois a des velléités plutôt que des idées. Il s’est donné bonne conscience en mettant en ligne une petite section spécialement consacrée à la souveraineté, qu’il peut ainsi confiner à un espace reclus, loin de la vie politique active. L’argumentaire qui sous-tend cette section est profondément déficient: on y parle beaucoup des symptômes, mais jamais de la racine du mal. Le peuple québécois ne livre plus une lutte de libération propulsée par son histoire; il veut seulement pouvoir vivre sa différence culturelle. L’État fédéral n’est pas un État oppresseur, mais simplement une source d’interventions «inopportunes». Ne cherchez pas «Conquête», «Acte d’union», «1982» ou «1995» dans cet argumentaire vidé des méfaits néocoloniaux du prétendu fédéralisme. Vous n’y trouverez qu’une «litanie des gens gentils» dont Pauline Julien aurait honte. Les scribouilleurs de Gesca doivent se frotter les mains d’aise à l’idée de montrer aux Québécois que les merveilles de la souveraineté lointaine de Pauline Marois sont accessibles immédiatement dans le Canada.
Les dociles amis de Pauline Marois sont tellement gentils que, pour parler de souveraineté, ils ont eu une autre idée venue tout droit des faiseurs d’image superficiels: réaliser de brèves capsules humoristiques avec des comédiens professionnels. Comme argument, c’est d’une faiblesse abyssale. On est loin des conférences de Charles Castonguay. On est loin aussi du Temps des bouffons, un film que la vaste majorité des militants du Parti Québécois, en particulier les jeunes, n’ont sans doute jamais vu et ne verront pas de sitôt, puisqu’il a été réalisé par un radical qu’il ne faut pas fréquenter si on ne veut pas avoir d’ennuis avec la Paulice.
Le Parti Québécois a une peur bleue de l’antagonisme. Il a décidé de ne plus parler des raisons fondamentales de la lutte pour l’indépendance du Québec. Ça fait trop sectaire. Ça fait trop détestation. Il fallait entendre Louise Beaudoin sur TV5 dire combien les souverainistes aiment les Canadiens. Doit-on en conclure que la nation québécoise n’est plus asservie? Que le régime fédéral n’est plus le résultat de la Conquête? Qu’il n’y a que de gentils partenaires qui vont néanmoins divorcer pour avoir chacun leur maison? Mais alors, si le Canada est l’incarnation même de la gentillesse, pourquoi vouloir s’en séparer?
Si personne ne s’attèle sérieusement à la tâche de fabriquer davantage d’indépendantistes convaincus de la justesse de leur cause, à grand renfort de saine pédagogie fondée sur une solide doctrine, une proportion toujours aussi grande de la population ne verra dans le Parti Québécois qu’une solution de rechange ayant le mot «séparatiste» de tatoué dans le front, même lorsqu’il ne parlera que timidement de souveraineté. Et, pire encore, cette solution de rechange, vidée de sa substance, risque d’avoir l’air si fade que, même avec un premier ministre libéral au bilan peu reluisant, les électeurs la bouderont. C’est ce qui est arrivé aux élections générales de décembre 2008.
On connait déjà l’antipathie et les sarcasmes que suscite Pauline Marois parmi bon nombre de Québécois. Une proportion importante de l’électorat nationaliste a délaissé le Parti Québécois, et ce n’est pas la maitresse de Moulinsart qui va l’y ramener. Aux dernières élections, marquées par un taux de participation catastrophique, des centaines de milliers de nationalistes déçus par la piètre performance de l’ADQ et incapables de se résoudre à voter pour Pauline Marois, sont demeurés chez eux. Ils n’ont même pas vu dans le Parti Québécois une solution de rechange utile. Ils ne sortiront pas non plus aux prochaines élections pour appuyer le Parti Québécois. Pourquoi le feraient-ils si le Parti Québécois ne change pas d’ici le prochain rendez-vous électoral? Mais, ils risquent de sortir pour appuyer un autre parti s’il y a du renouveau ailleurs, ce qui va très probablement se produire.
Le Parti Québécois a du plomb dans l’aile. Pauline Marois risque d’être amèrement déçue, elle qui, avant toute chose, caresse l’ambition de devenir, en 2012 ou 2013, la première femme à diriger le Québec. Il y aura un nouveau chef à l’ADQ, mais il est probable qu’il y ait aussi un nouveau chef au Parti libéral avant longtemps, et c’est celui-là qui présente le plus grand danger pour le Parti Québécois. Avant les prochaines élections, Jean Charest est susceptible de trouver un emploi et une généreuse prime d’accueil chez Desmarais. Celle qui fera la prochaine lutte contre Pauline Marois sera, parions-le, la vice-première ministre Nathalie Normandeau, qui aura eu pendant quelques mois l’occasion de se donner l’image d’une vraie chef et qui aura, par la même occasion, déjà ravi à Pauline Marois l’honneur d’être la première femme au sommet de l’État québécois.
Mme Normandeau est la chouchoute des chroniqueurs, et on la tient soigneusement à l’écart des dossiers où elle pourrait perdre des plumes, comme la santé, l’éducation et, en période de crise, les finances. Monique Jérôme-Forget s’est éclipsée pour lui céder la place. Devant l’électorat, elle aura tout pour elle: la beauté, l’aplomb, la jeunesse, l’expérience. Nouvelle reine du Parti libéral, elle aura aussi un prince adéquiste. Parions que les électeurs allergiques au Parti Québécois et à Jean Charest ne se feront pas prier, cette fois. Ce ne sont peut-être que des conjectures de ma part, mais si j’étais Pauline Marois, je m’inquièterais sérieusement.


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24 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2009

    Encore une fois, la clique du marionnettiste Desmarais a réussi à coincer le Parti Québécois à l'intérieur du cadre vertueux qu'elle lui a défini. C'est ce qu'on appelle l'enfermement de la pensée. Dans sa réplique à Nicolas Sarkozy, Louise Beaudoin s'est sentie obligée de se défendre de détester les autres.
    N'importe quel indépendantiste qui se respecte ne devrait pas craindre de dire qu'il déteste ceux qui asservissent son peuple. Pourquoi Louise Beaudoin n'a-t-elle pas été capable de dire que les indépendantistes québécois ont bien le droit de détester le Canada anglais pour ce que lui et ses prédécesseurs britanniques ont fait subir et continuent de faire subir à la nation québécoise depuis 250 ans?
    Mais non, il a fallu que Louise Beaudoin dise que les Québécois aiment tout le monde. Voilà la meilleure façon de les inviter à nous piétiner encore, avec des manières polies en guise de façade. Chers Québécois, dit le Canada anglais, excusez-nous, mais nous avons besoin de vos impôts, même si vous n'avez jamais accepté de faire partie de l'empire néocolonial dans lequel vous avez été maintenus par la force, le mensonge et la fraude, y compris en 1982 et en 1995. Nous avons besoin aussi d'envoyer votre jeunesse mourir en Afghanistan. Nous comptons sur votre compréhension et votre gentillesse. Thank you.
    Le Parti Québécois n'est même plus conscient de l'oppression que subit le Québec. Le Canada anglais peut nous piétiner comme bon lui semble; le Parti Québécois est gentil avec tout le monde. Il a tellement bien intégré la logique fédérale et le cadre vertueux qui l'accompagne qu'il se sent incapable de lever le ton.
    On est vraiment enfoncé très profondément dans la servilité. Pourra-t-on en sortir?

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2009

    J'ai écouté l'extrait de l'entrevue à TV5 avec Louise Beaudoin et je ne vois pas en quoi elle se montre si sympathique avec les Canadiens. J'ai l'impression qu'on cherche des puces là où il y en a pas.
    Viens un temps où toute cette critique du PQ par les militants de l'indépendance nuit davantage à la cause que le PQ peut le faire avec sa mollesse.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mai 2009

    M. Bousquet, le PLQ/QLP a été élu avec 23,8% des voteurs inscrits. On ne peut pas dire que c'est une majorité de Québécois. De plus, à cause de sa clientèle acquise (j'allais dire captive) on peut affirmer que ce gouvernement ne reprénte pas du tout la majorité. C'est notre système parmentaire britannique qui en est la cause.
    Guy Le Sieur
    Vive la République de l'Amérique française

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2009

    M. Poulin qui écrit : «Il ne s’agit pas d’éliminer le Parti québécois, monsieur Bousquet, il s’agit de le convaincre de faire ce pourquoi il prétend exister, de respecter sa raison d’être.»
    On n'aide pas son parti en le critiquant continuellement sur la place publique pour ce que l'on peut percevoir qu'il fait ou ne fait pas à notre goût.
    Les chefs du PQ sont élu(e)s démocratiquement par tous les membres qui s'empressent de vouloir le ou la débarquer peu de temps après, prétextant vouloir l'aider ainsi que le parti. Pour mieux aider, faudrait continuer y militer positivement sans passer tout le temps à chiquer la guénille...me semble.
    En passant, le PQ ne peut quand même pas réaliser la souveraineté du Québec pendant que les Québécois votent majoritairement pour M. Charest et son parti Libéral très provincial. ILS NE SONT MÊME PAS AU POUVOIR.

  • Raymond Poulin Répondre

    1 mai 2009

    Il ne s’agit pas d’éliminer le Parti québécois, monsieur Bousquet, il s’agit de le convaincre de faire ce pourquoi il prétend exister, de respecter sa raison d’être. J’ai également précisé, dans le même commentaire, que je ne m’en remettais pas aux partis que vous mentionnez. Prenez le temps de lire avant de répondre.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2009

    M. Poulin, vous écrivez que je fais passer : «le parti avant la patrie...
    Bien oui parce que, pas de parti, pas de pays M. Poulin.
    Si on élimine le PQ, on va hériter de quoi ? Le PI avec son ,05 de 1 % ? Le très socialiste Québec solidaire citoyenne des 2 sexes avec son 8 % qui vient de passer à 6 % ? Il y a bien l'ADQ qui va continuer à agoniser s'il ne choisi pas le bon chef et s'il n'explique pas comment il va faire pour réaliser l'autonomie du Québec ou une sorte de confédération comme vient de le mentionner M. Gilles Taillon.
    Ce n'est pas en laissant M. Charest seul à Québec avec un parti bien organisé que la souveraineté du Québec va avancer, M. Poulin.

  • Raymond Poulin Répondre

    30 avril 2009

    D’après votre dernier commentaire, monsieur Bousquet, vous êtes davantage attaché au Parti québécois qu’à une véritable confédération, soit votre idéal politique, puisque vous menacez de devenir fédéraliste pour punir les méchants indépendantistes qui critiquent ce parti. Bref, le parti avant la patrie... Comme vous l’écrivez si bien très souvent : ayoye!

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2009

    M. Bousquet, merci de me le confirmer. Il serait peut-être temps pour le PQ de sortir du placard lui aussi. Cela aura au moins le mérite d'être clair. À nouveau l'« Égalité ou indépendance » de l'UN ? Je vous le souhaite.
    Eh oui, je préfère l'« indépendance utopique », comme vous le dites si bien, à la « confédération » tout aussi utopique. Cela a au moins le mérite de me faire vivre l'espoir que vous tuez à chacune de vos interventions.
    Sans rêves on ne peut s'élever au-dessus de la médiocrité. C'est pour cela que je dis « Vive la République de l'Amérique française »
    À bon entendeur,
    Guy Le Sieur

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2009

    M. Guy Le Sieur qui me demande de sortir du placard et d'avouer que je suis un con-fédéraliste.
    Se suis un confédéraliste, pas trop con, sur le chemin du fédéralisme si les adeptes de la séparation "indépendance pure utopique" continuent de taper sur le PQ et ses chefs, les uns après les autres, en trop grand nombre, principalement sur Vigile et qui ne font même pas la différence entre une confédération et une fédération ce qui est un peu con.
    Vous pouvez bien vous écrier : «Vive la République de l’Amérique française», ça ne la fera pas venir plus vite, je vous l'affirme ici.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2009

    M. Bousquet, il faut sortir du placard ! Avouez-le donc tout haut: Je suis un con-fédéraliste!
    Guy Le Sieur
    Vive la République de l'Amérique française

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2009

    Longue litanie contre le PQ sur Vigile qui n'en finit plus même si, selon le dernier sondage de La Presse, le PQ gagne la prochaine élection si elle se tenait demain.
    Souverainistes-masochistes-négatifs purs et durs et pressés qui semblent avoir plus de plaisir à critiquer leur chef en charge de leur navire amiral indépendantiste, pour ce qu'elle fait ou ne fait pas, que de critiquer leurs adversaires fédéralistes.
    Devant ce cannibalisme, ça commence à donner le goût de virer fédéraliste.

  • Raymond Poulin Répondre

    29 avril 2009

    Madame Hébert, il est vrai qu’il n’existe rien hormis le Parti québécois comme véhicule, que nous ne ferons pas nos beaux jours avec QS et encore moins avec les particules qui représentent autant de chapelles douteuses. Faut-il pour cela nous taire et continuer d’avaler des couleuvres? De la manière dont il agit (ou n’agit pas), le PQ, dans son état actuel, vogue-t-il vers l’indépendance (la souveraineté, si vous préférez) ou même y travaille-t-il? Ce parti doit se transformer, de lui-même ou sous la poussée de ceux qui ne se contentent pas se faire accroire qu’ils veulent atteindre le but. Nous abstenir de le critiquer par fidélité ou par attachement sentimental ne fait qu’encourager sa déliquescence; serons-nous plus avancés? Il n’est pas nécessaire de faire un putsch, d’investir les instances du Parti ni même de prendre notre carte et rentrer dans le rang pour y arriver, mais bien de lui refuser nos cotisations et notre appui s’il ne s’amende pas. S’il n’est pas suicidaire, un parti déserté et désargenté normalement constitué réagit. On se dira peut-être qu’on ne peut tout de même pas se permettre de prolonger le règne libéral en attendant Godot, mais c’est justement sur cette nécessité apparente que tablent, à l’intérieur, ceux qui lui ont fait perdre son identité. Peut-être vaut-il mieux risquer de s’infliger quelques années supplémentaires de purgatoire rouge que d’espérer en vain le ciel bleu. Une autre solution, du moins en théorie, serait la formation d’un mouvement non partisan auquel adhéreraient les indépendantistes (souverainistes) et les fédéralistes fatigués, et qui obligerait tous les partis à se commettre. Beaucoup, du moins dans Vigile, s’intéressent à cette idée, sous une forme ou sous une autre; tant mieux si cela devait réussir, mais, jusqu’à maintenant du moins, ça demeure un projet sur lequel personne ne se rue. Je n'attends pas du PQ qu'il se lance actuellement dans une élection référendaire et force la note, je serais même assez d'accord avec des propositions comme celle de Gilbert Paquette, je n'attends pas le grand jour pour demain matin, mais au moins un projet, même progressif, qui nous sorte de ces incantations du bout des lèvres, qui ne mènent à rien.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2009

    Pour qu'on ne me prête pas toutes sortes d'intention, je tiens à préciser que je ne trouve actuellement dans aucun parti politique un véritable porte-étendard crédible de la lutte de libération nationale des Québécois. Surtout pas dans le Parti libéral, évidemment. Ma seule allégeance est à la cause indépendantiste. Je suis un partisan indéfectible de la souveraineté du Québec.
    À tout prendre, je préfèrerais que le Parti Québécois se défasse des arrivistes qui l'ont kidnappé et qu'il se ressaisisse. Des milliers de militants du Parti Québécois partagent mon amère déception envers ce parti, mais gardent quand même espoir parce qu'il est une grande institution capable d'inspirer confiance. Tout recommencer serait une erreur, à moins qu'il n'y ait plus d'autre solution.
    Par ailleurs, sans vouloir engager le débat en profondeur sur ces questions, je me permets de signaler la bizarrerie, voire le manque de rigueur des arguments de ceux qui essaient de justifier le pillage du territoire québécois au nom d'un développement économique qui me semble anachronique. Par exemple, comment peut-on laisser entendre qu'il est souhaitable de défigurer le paysage devant l'île d'Orléans sous prétexte qu'il faut diversifier les relations internationales du Québec? Comment peut-on vouloir harnacher l'une des dernières grandes rivières vierges et accessibles du Québec alors qu'on n'a pas examiné sérieusement les autres possibilités, y compris celles qui seraient grandement bénéfiques pour les gens de la basse Côte-Nord? A-t-on vraiment fait la démonstration que l'éolien serait trop couteux? Ce n'est pas ce que nombre d'experts nous disent. Il faudrait sans doute consacrer davantage de ressources à les écouter et à étudier les solutions de rechange qu'à acheter l'adhésion des élus locaux aux projets hydro-électriques.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2009

    Oui, M. Desgagnés. J'abonde totalement dans le sens de vos arguments. Mais sincèrement, un putsch au P.Q. avant la prochaine élection? Remplacer par qui? Il n'y a eu qu'un seul véritable chef indépendantiste dans l'Histoire du parti et c'est M. Parizeau. Les vrais indépendantistes l'ont honteusement laissé tomber et de la plus plus ingrate des façons au lendemain du 30 octobre 95. Lui seul rassemblait les vrais, faisait l'unanimité. On n'a même pas été foutu de lui donner une claque dans le dos et de lui dire c'es vous M. Parizeau qu'il nous faut, vous devez rester à la tête du parti, etc. Même si vos 2 malheureux mots ont choqué les mièvres, les tièdes, les mous, les dilués, les peureux, les pissous, (et tout ce qui scribouillait alors dans les journaux - sauf Foglia) et qui pulullent au Québec. Indépendantistes ou pas. C'est à nous qu'il faut adresser le reproche. Nous avec notre vue de myopes. Notre lâcheté aussi. Oui, oui. (Où étions-nous dans l'affaire Michaud - un vrai encore - vs Assemblée nationale?). On n'a surtout pas de compliment à s'adresser sur ce point.
    Marois, bien sur,elle veut d'abord être première femme premier ministre avant d'être la première femme qui va faire l'indépendance. Que faire sinon que de lui donner sa chance. Comme on a fait avec Boisclair. Une course à la chefferie est trop douleureuse. Et entretemps, faire une chose. Ce que disait le cher M. Laurin. En parler de l'indépendance. Partout. Toujours. Inlassablement. Obstinément. Le bâton de pélerin sans relâche. Et surveiller attentivement l'émergence d'un ou d'une personne - comme les Thibétains à la recherche du futur dalai-lama - qui prendra la direction du parti et se concentrera sur la réalisation de l'indépendance et sur rien d'autre. À nous, alors, les vrais indépendantistes de ne pas faire erreur sur la personne. Et tenez ferme cher combattant! Notre temps viendra bien un jour.

  • Frédéric Picard Répondre

    29 avril 2009

    Je l’avoue d’emblée … Je déteste Québec Solidaire. Sa glorification des Bougons, son anti-masculinisme, son anti-américanisme primal, son ton moralisateur, sa haine du nationalisme, son anti-tout-et-rien. Lorsque vous parlez « d’idées neuves », je ne vois rien de neuf à défendre l’immobilisme.
    Le projet de La Romaine fait la quasi unanimité à Havre St-Pierre. C’est un projet fondamentalement national, qui permettra une meilleure occupation de notre territoire national. Qui pourra même affirmer notre souveraineté sur le Labrador. C’est un projet acclamé par les communautés locales (innue et québécoise) et dénoncé par Dany Williams, les gogauches de Montréal et des amérindiens de Sept-Iles s'étant trompés de reserve.
    D’un strict point de vue social, je vois mal Khadir vendre de l’électricité éolienne à 10-15 cents le Kwh (le coût réel de l’éolien) aux gens d’Hochelaga. Je le vois mal également expliquer aux gens de Havre St-Pierre que leur ville continuera à s’effriter au nom de sacro-saints dogmes gogauches de Mourrréal ou pour la bette mal rasée de Roy Dupuis.
    Quand à Rabaska, l’intérêt y est stratégique. Le but est de diversifier les relations internationales du Québec. On ne peut et on ne doit pas voir les relations internationales du Québec à travers du prisme trop étroit de la France. Les déclarations de Sarkozy nous le prouvent. L’échec de la doctrine « Beaudoin » est total. On doit se faire d’autres amis. Ce n’est pas en se coupant des Russes (Gazprom), en restant dans son petit cocon et en attendant le messie du parti socialiste français que le Québec pourra penser accéder à la cour des grands.
    ***
    Ceci étant dit, je partage profondément vos déceptions, monsieur Desgagné, sur le PQ. Le PQ a échoué lamentablement. L’orthodoxie Lévesquiste est un poison pour le mouvement indépendantiste québécois. Elle étouffe tout. J’étais là, avec ma trompe de carnaval, à l’Assomption, à dénoncer ces tontons macoutes de la souveraineté. J’étais là, au conseil national de mars 2008, où ils ont fait un enterrement de première à la souveraineté. J’ai vu de mes yeux vus une militante lévesquiste (maintenant attachée politique !!!) dénoncer le rapatriement des impôts. J’ai lu leur bulletin paroissial vide de sens. J’ai reçu ces enveloppes quêteuses où le mot souveraineté est galvaudé et masturbé. J’ai vu comment ils ont rabroué Curzi. J’attend encore une déclaration sur le MUHC.
    J’ai cru qu’ils nous écoutaient… en vain.
    La politique conventionnelle a échoué. Le Lévesquisme a échoué. C’est Piché qui avait raison : On ne pourra continuer à avancer en se cachant la face pour faire des grimaces sur des bouts de papier.
    Frédéric Picard
    PS : L’affaire Normandeau-Bonnardel parait innocente en soit. Une simple question d’affaire de couchette, me direz-vous. Néanmoins, il m’apparaît clair qu’un esprit vil et mesquin a « forcé » Normandeau hors du garde robe. Normandeau était celle qui avait le plus à perdre d’un chantage lié à sa relation. Elle devait donc s’affirmer et tuer tout chantage dans l’œuf. Dans cet esprit, on notera son empressement et sa loquacité. On notera également la surprise et le « pas de commentaires » de Bonnardel.
    On notera finalement le flegme de Marois, dénonçant la « capacité de s’opposer » de Bonnardel.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2009

    Moi je pense qu'à force de mettre de l'eau dans son vin ce n'est plus du vin. Et on finit par ne plus savoir ce que goûte le vin.
    Je trouve que la mollesse de plus en plus affirmée (étrange paradoxe) du PQ sur le sujet de la souveraineté est de plus en plus imbuvable. Ce parti est en train de devenir un parti de comptables. Beurk!

  • Nicole Hébert Répondre

    29 avril 2009

    Bonjour,
    Et vous suggérez quoi? Que nous fassions quoi, messieurs, pour combler ce que vous voyiez comme le vide? Entendez-vous davantage Amir Khadir ou Françoise David sur ces questions que vous soulevez, M. Desgagné? En ce qui me concerne, je ne les ai guère entendus! Parce que je ne suis pas à Montréal, peut-être?
    Et je tique toujours un peu lorsque l'on enlève au mot "souveraineté" tout son sens et son potentiel. Pour moi, un être - ou un état - "souverain" porte beaucoup plus de grandeur qu'un "indépendant" puisque cette qualité n'est jamais ni définitivement possible ni souhaitable au-delà de sa déclaration. Bien sûr, elle vaut mieux que la dépendance qui est le lot du Québec mais elle n'est - l'indépendance - qu'un pas vers la Souveraineté. Je m'étends un peu ici sur les mots mais c'est que je ne comprends pas qu'on enlève sa saveur à ce beau mot. Moi, j'aimerais bien que nous soyions souverains chez-nous.
    Par ailleurs, je suis d'accord sur un aspect de vos propos - la lacune d'ardeur et d'audace - . Je reconnais que les hypothèses d'avenir que vous formulez sont sans doute plausibles. Certaines me laissent pourtant songeuses, comme le conte de fée: et je vous cite ici: "Devant l’électorat, elle (Nathalie Normandeau) aura tout pour elle : la beauté, l’aplomb, la jeunesse, l’expérience. Nouvelle reine du Parti libéral, elle aura aussi un prince adéquiste. Parions que les électeurs allergiques au Parti Québécois et à Jean Charest ne se feront pas prier, cette fois."
    Sera-ce là votre option, M. Desgagné? Ou une suggestion... Sinon.. quoi?.

  • Jacques Dubreuil Répondre

    29 avril 2009

    Paraît-il que «les Anglais» ne sont pas nos bourreaux depuis 1976. C'est la faute de la langue anglaise. Wow! Aveuglement volontaire du genre de l'alcoolique qui se croit buveur social et qui se fâche si on lui dit qu'il a un problème d'alcool. Maladie de l'inconscience. Si l'anglais fait tant de ravages au Québec, c'est que des gens très, très actifs y voient et que nos notables (on ne peut parler d'élite) ne nous défendent pas. Les anglais insistent avec autant de gentillesse que de ténacité auprès des immigrants et des pures laines pour qu'ils fréquentent leurs écoles, pour que l'anglais soit partout valorisé et ils connaissent aussi ce qu'ils appellent les dirty tricks pour dévaloriser la langue française et disqualifier ses locuteurs.
    Jusqu'à quand devrons-nous attendre qu'un chef se dresse pour affirmer le Québec en toute fierté, dignité et liberté?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2009

    Pauline Marois se situe dans une situation peu enviable. La chef de l'opposition officielle dénonce à qui veut l'entendre le mutisme du premier ministre lien hypertexte. Or, Jean Charest a beau jeu de se complaire dans la culture du secret; mieux vaut se taire et être considéré aliéné que de vider son sac et en dissiper tout doute. Par ailleurs, ne disant mot, le premier ministre s’abstient de provoquer le mécontentement des citoyens qui ne l’ont pas élu. La belle affaire! Alors Mme Marois s’acharne à tenir un discours réprobateur lors des séances à l’Assemblée nationale pendant que son capital de sympathie s’amenuise petit à petit.
    En attendant une transformation des échanges à sens unique en un dialogue politique, Mme Marois peut se consoler du fait que les médias se régalent de l’idylle PLQ/ADQ (Nathalie Normandeau/François Bonnardel) lien hypertexte. Coucher avec l’ennemi! Depuis une semaine, les journalistes creusent cette polémique, une version provinciale terne de la saga Julie Couillard/Maxime Bernier. A-t-elle oublié son éthique sur la couchette? Se demandent-ils. Mais non franchement! concluront-ils. Ce faisant, les publicitaires (sic!) bonifient le pouvoir d’invisibilité dont jouit largement Jean Charest et omettent de discuter des sujets de fond.
    Toujours est-il que vos propos, Monsieur Desgagnés, justes et alertant traduisent l’urgence d’agir, ou plutôt de réagir pour Mme Marois. Le premier ministre se refusera à toute concession à une chef de l’opposition officielle, molle, qui lui fait des scènes. François Bonnardel devrait avoir la générosité d’âme de partager, avec une autre femme aspirante au titre de première première ministre, son exemplaire fétiche du livre de Mario Dumont « Avoir le courage de ses convictions ». Un heureux mariage entre PLQ/ADQ/PQ, quel ménage à trois sidérant!

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2009

    Bonjour!
    Dans mon texte «Dépéquitiser le projet d'indépendance du Québec»
    il y a cette expression;...Pauline Marois retraitée.Vous comprenez maintenant pourquoi c'est une nécessité urgente avant l'élection en 2013 d'une nouvelle équipe unie d'indépendantistes originant du PLQ+ADQ+PQ+Bloc+PI+RRQ+QS+société civile.

  • Raymond Poulin Répondre

    28 avril 2009

    Pauline Marois semble souffrir d’une déflation indépendantiste, sociale, économique et politique marquée. D’abord, sur le plan intérieur, elle n’en est même pas au simple nationalisme qui habitait les instigateurs de la Révolution tranquille en ce qui concerne la situation linguistique dans les services publics, dans l’espace public et dans les entreprises. Elle appuie des mesures à la fois anti-économiques et discriminatoires, par exemple les deux CHU, une école publique à la fois purement utilitaire et infantile sur le plan pédagogique; des projets pharaoniques aux conséquences environnementales et macro-économiques désastreuses, comme Rabaska. Ensuite, sur le plan extérieur, elle se voile la face devant l’oligarchie canadian et le rouleau-compresseur fédéral, comme s'il s'agissait de fraternelles et mineures querelles entre tourtereaux. Enfin, sur le plan politique, elle parle et propose comme si la souveraineté se limitait à une pleine gouvernance à l’intérieur des pouvoirs provinciaux; elle oriente la dynamique et la machine péquistes comme s’il s’agissait d’un parti provincial à structure pyramidale dont seul le sommet détient les clefs et l’autorité. Bref, une chef, un parti et un projet sans aucune envergure et sans autre intérêt que de remplacer Charest par Marois et le PLQ par le PQ. Jacques Parizeau a déjà dit, à la fin des années 90, que le pire danger qui guettait le parti était l’unionationalisation. Nous y sommes. Et s’il fallait un indice de plus, l’âge moyen des membres devrait nous tenir lieu de lumière rouge. Quel gâchis...

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2009

    Bonjour,
    Je vous trouve intéressant mais pas très constructif. Que proposez-vous pour que Pauline soit plus souverainiste et plus impliquée dans les causes du québec?
    Peut-être devrions-nous tous nous joindre à Amir Khadir?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2009


    La cause est entendue et perdue avec tous(-outes) ces éteignoirs-velléitaires qui ont confisqué depuis 1995 l'argumentaire indépendantiste à leurs seules fins opportunistes, et qui désormais n'ambitionnent tous(-outes) que d'obtenir enfin un jour prochain l'approbation éditorialiste de la désinformatrice PowerCorp/Gesca en s'abaissant et en humiliant chaque jour davantage leur propre peuple avec leurs lâchetés, compromissions, veuleries et autres innombrables trahisons ... tout en espérant par ce biais "convertir" leurs plus féroces ennemis. Quelle bêtise insondable de leur part ! Aussi, faudrait-il maintenant aux indépendantistes un Hercule pour nettoyer pareille écurie d'Augias qu'est hélas devenu le PQ ... et de se débarrasser en priorité et une bonne fois des parasites de Hill and Knowlton.

  • Jacques Bergeron Répondre

    28 avril 2009

    Le couple Bonnardel/Normandeaux? Quel formidable éclat de rire dans la population qui ne sait pas s'indigner devant la bêtise!Pendant ce temps les indépendantistes,écrivent, forment des partis politiques, souverainistes et indépendantistes, participent à des festivals, genre «juste pour rire» de rien,ou pour ne pas pleurer,mais surtout pour se libérer du vide intellectuel qui les assaille de toute part. Pendant ce temps les «intégristes de la laïcité» s'agitent et les fédéralistes agissent.Ces actions et ces activités ne sont pas faites pour redorer le «blason» politique et culturel de la «nation» «sic» qui revendique ce nom!Tous ces festivals ne sont faits que pour amuser les individus qui n'ont rien d'autre à faire, que de s'amuser ou voyager afin d'aller admirer les «autres» peuples, bien sûr; ceux qui ont eu le courage de s'émanciper politiquement, seul outil de libération sociale, économique, culturelle des peuples qui ne craignent pas la liberté!Pendant ce temps les fédéralistes agissent en s'agitant de toutes les façons afin de dévaloriser le Québec et son peuple. Ce qu'ils réussissent assez bien, ma foi!Pourtant ils savent bien qu'ils peuvent laisser faire et braire tous ces moutons de »panurge» qui se précipitent dans le fossé des morts vivants, locuteurs de langue française qui n'auront fait que passer sur cette terre des «Amériques», ce qui aura ralenti l'annexion du Canada aux «USA», pendant quelques années,tout au plus!