Traitement de l'information

Vérification des faits et liberté d’expression, un mariage voué à l’échec?

Tribune libre

Dans la foulée de X, Meta met fin à sa politique de vérification des faits pour mettre de l’avant celle des Notes Complémentaires, lesquelles émergent directement des usagers, alléguant de la sorte la protection de la liberté d’expression et, en corollaire, l’exclusion de la censure. De facto, la vérification des faits et la libre expression s’avèrent-ils des concepts inconciliables? Dans l’instabilité politique dans laquelle nous plongera l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis, cette question m’apparaît tout à fait pertinente, voire cruciale.

Mais au fait, où se situe la ligne rouge qui délimite la frontière entre la liberté d’expression et la vérification des faits? Sur quels critères se baser pour établir que tel message doit être censuré? De fait, y a-t-il une limite à la liberté d’expression? «L’Internet échappe aujourd’hui aux contrôles légaux raisonnables de nos démocraties. Pour le meilleur et pour le pire, les messages les plus divers sont déversés à tous, sans l’assurance de la capacité de discernement de ceux qui les reçoivent», peut-on lire sur le Web. À cet effet, aux yeux de Russ Burley, cofondateur du Centre de résilience de l'information, «les efforts pour protéger la liberté d'expression sont essentiels, mais reculer sur la vérification de faits sans solution de rechange crédible ouvre la porte à un flot de contenus encore plus dangereux».

À mon sens, et la liberté d’expression et la vérification des faits doivent cohabiter et, particulièrement dans un monde où la désinformation occupe de plus en plus d’espace sur les médias sociaux, un phénomène croissant qui doit être contré sans ménagement par un organisme neutre et indépendant des GAFAM. En contrepartie, bien que la liberté d’expression inclue le droit d’exprimer des opinions controversées et dérangeantes, et de critiquer des idées et des valeurs sans avoir peur de représailles, elle n’est pas absolue et ne doit pas primer sur les autres droits garantis par la Charte des droits et libertés de la personne telle la liberté de religion ou de genre.

Somme toute, «le diable est dans les détails» nous rappelle un adage bien connu. Et c’est dans cet esprit que nos gouvernants, dans le cadre d’une société démocratique, doivent faire preuve de clairvoyance et de prudence dans l’établissement des règles régissant la vérification des faits et la liberté d’expression... C’est une question de stricte cohérence et de saine convivialité sociétales.



Henri Marineau, Québec



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