La déconfiture de l’ Action Démocratique du Québec

Tribune libre 2008




Tous les observateurs de la scène politique ont souligné la descente aux
enfers du parti de Mario Dumont, à l’occasion des dernières élections
québécoises. En effet, la démission du chef fondateur de l’A.D.Q. en est
une démonstration éloquente et le rétrécissement de la députation
adéquiste à la région de Québec le transforme essentiellement en parti
régional, comme les partis créditistes naguère. D’autres observations,
d’ordre quantitatif, viennent confirmer ce constat.
Soixante-dix-sept candidats adéquistes n’ont pas atteint le score minimal
de 15% des suffrages nécessaire à un remboursement public de la moitié de
leurs dépenses électorales. Parmi ceux-ci mentionnons des candidats
importants comme Gilles Taillon, en fuite dans l’Outaouais, après son
départ de Québec, et Diane Bellemare, dans la circonscription de Bertrand,
dans les Laurentides. Le rôle de M. Taillon dans l’essor de l’A.D.Q. en
2007 et sa défaite cuisante en 2008 mériterait d’être étudié plus
attentivement.
Notre système électoral repose sur le bipartisme. En absence de victoire,
la deuxième position d’un parti lui assure, à l’Assemblée Nationale, le
rôle d’opposition officielle et les ressources financières associées à ce
titre. Les sept députés de l’A.D.Q. et sa récolte de 16 % des votes n’en
font pas un deuxième parti d’opposition, comme le Parti Québécois lors de
la dernière session parlementaire, mais l’empêchent même d’obtenir le
statut de parti reconnu. L’opposition officielle devient ainsi pour tous
les groupes d’intérêt , la solution de rechange au gouvernement en place,.
Il n’est pas surprenant alors de voir le financement s’améliorer et des
candidats de prestige se pointer. Cet effet se répercute au niveau des
circonscriptions où , par exemple, le personnel électoral lors des
élections est recommandé par les partis arrivés premiers et deuxièmes. À ce
titre, la situation est catastrophique pour l’A.D.Q., qui n’a pu faire
mieux qu’une troisième place dans 109 circonscriptions! En 2007 le portrait
était tout autre : 41 députés, 47 deuxièmes places et 37 troisièmes places
seulement. Les libéraux avec 48 députés et 42 troisièmes places, et le
Parti Québécois avec 36 députés et 46 troisièmes places étaient moins bien
positionnés. Suite au dernier scrutin, les libéraux, avec 66 députés, ne
sont troisièmes que dans 2 circonscriptions, alors que les péquistes, avec
51 députés, ne le sont que dans 19 circonscriptions essentiellement dans
la région de Québec où la présence adéquiste se fait encore sentir.
Face à ce constat, la disparition de L’A.D.Q. s’annonce inéluctable. Ce
parti survivra peut-être à la défaite cuisante de 2008, mais à titre de
tiers-parti, positionné à droite des deux partis dominants. Tout est en
place pour un affrontement d’importance entre les deux visions
inconciliables du Québec portées par le Parti Libéral du Québec et le Parti
Québécois.
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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2008

    « Face à ce constat, la disparition de L’A.D.Q. s’annonce inéluctable. »
    Peut-être !
    Ce qui, si cela advient, n'est pas nécessairement un atout pour les souverainistes, comme je l'ai exposé dans une contribution antérieure.
    Élections précipitées-Québec-2008
    Objectif des canadianisateurs : précipiter la fin de l’ADQ
    Tribune libre de Vigile 11 décembre 2008
    Le bipartisme est partie de ce que nous connaissons. Il a été mis en place par une État autocratique qui a toujours voulu restreindre la pouvoir démocratique du peuple, cet ignorant inculte qui ne sait pas se gouverner lui-même et qui doit être l'objet de la tutelle d'une aristocratie éclairée. L'ADQ, et maintenant QS, incarnent cette volonté du peuple de pouvoir s'exprimer autrement que dans le raccourci bipartiste toujours à l'avantage des pouvoirs occultes. Incarne une autre manière de s'exprimer dans le politique. Une autre manière de faire de la politique. Il y a là un espoir qui trouvera d'autres moyens de s'exprimer si le bipartisme parvenait à l'écraser. Autant favoriser le multipartisme.
    Le Canada ne fonctionne plus dans le bipartisme. L'Histoire passée a toujours permis au bipartisme de s'imposer après des périodes de multipartisme, mais cette tendance pourrait aussi se renverser. L'adhésion des Québécois à la possibilité de voir une Coalition majoritaire gouverner le Canada me semble participer à cette espérance.
    Le bipartisme est un système qui a de graves limites. Le multipartisme aussi, mais il a l'avantage de pouvoir mieux exprimer les multiples allégeances propres à une société développée et sophistiquée. Dans le contexte de la lutte souverainiste, il me semble être préférable au bipartisme.
    Dans tous les cas, le bipartisme, qui ne permet que l'affrontement entre les tenants du fédéralisme et ceux de la souveraineté, le résultat ne pourra que nous vouer à l'un ou l'autre. Soit au PLQ, soit au PQ. En votant PLQ, en votant pour le Canada, les Québécois ont l'impression qu'ils peuvent tempérer leur choix à Québec par une force adverse à Ottawa. Par contre en votant pour la souveraineté du PQ, seul maître du jeux bipartiste de l'État qui advient, plus aucune autre porte de sortie n'est envisageable, ou du moins palpable... Il n'y a plus que le PLQ qui tenterait une fois créé l'État souverain du Québec, de renverser ce résultat pour que le Québec réintègre le Canada. L'enfer du clivage fédéraliste-souverainiste, qui se poursuit ad vitam eaternam.
    Par contre dans un contexte de multipartisme, nous aurions la chance de voir l'ADQ supplanter le PLQ. Un ADQ qui a déjà voté pour l'État souverain. Un ADQ qui supplantant le PLQ, n'en fait plus qu'un parti des anglos. En votant pour l'État souverain, dans un contexte de coalition souverainiste multipartiste PQ-ADQ-QS, s'étendant de la gauche à la droite en passant par le centre, on n'a plus l'impression de vouer le Québec à un parti unique. C'est un atout considérable.
    Le bipartisme triomphera peut-être, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il favorisera le fait que le peuple souverain du Québec fonde l'État qu'il espère.
    « Tout est en place pour un affrontement d’importance entre les deux visions inconciliables du Québec portées par le Parti Libéral du Québec et le Parti Québécois. »
    Cela, grâce au PLQ qui s'est employé à enfoncer l'ADQ. Pourquoi donc ? Si justement, ce n'est pas pour se donner des armes contre les souverainistes. Les souverainistes ne contrôlent pas leurs adversaires politiques, et ne doivent pas favoriser l'éclatement multipartiste. Mais quand des forces politiques parviennent à attirer en d'autres partis les souverainistes, quand les canadianisateurs s'efforcent de réimposer le bipartisme, autant considérer le fait de pouvoir contrer les canadianisateurs. Autant favoriser ce qu'ils défavorisent. Autant ne pas souhaiter l'écrasement de l'ADQ. Autant cesser de voir dans le bipartisme, le meilleur des systèmes. Autant désirer pour le peuple souverain du Québec une démocratie capable de s'exprimer autrement que dans le simplisme du Noir et blanc, toutes couleurs unies.
    Si trois partis représentés à l'Assemblée nationale se liguent contre un seul parti fédéraliste, le PLQ minoritaire, en soi et en terme de voies du peuple, cela me semble constituer un atout de taille, engageant et rassurant quant à la capacité de l'État espéré à se gouverner dans la diversité de ce que nous sommes. Nous sommes pour les uns de gauche, pour les autres de droite ou encore au centre. Autant être dans l'État actuel et espéré, ce que nous sommes dans la vie. L'ADQ représentait cet espoir et le représente encore, tout comme QS.
    Vive la fin du bipartisme. Il n'en tient qu'à nous de le faire valoir et imposer en contrant les canadianisateurs, sur ce terrain là aussi.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2008

    La grande faiblesse de l'ADQ était et, est encore, le comment arriver à son option constitutionnelle qui demandait de collecter tous les impôts et les taxes au Québec pour ne remettre au fédéral que ce qui lui semblait correct pour services rendus plus élargir les pouvoirs internationaux du Québec, tout en écartant un référendum pour aller négocié le tout.
    On a presque envie de rire ici. Ni M. Harper ni M. Ignatieff veulent ouvrir la constitution pour une simple reconnaissance de la nation québécoise, on imaginons ce que ça serait si on leur demandait d'abandonner le pouvoir du fédéral de taxer et d'imposer des Québécois sans l'appui du résultat d'un référendum gagnant clairement sur ce sujet.