La fidélité des non-francophones au Parti Libéral.

Tribune libre

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Certains journaux anglophones, même de l’extérieur du Québec, ont semblé remettre en question le vote massif des électeurs non-francophones, en faveur du Parti Libéral, en appelant leurs lecteurs à appuyer la C.A.Q., le parti mené par l’ex-ministre péquiste François Legault. Quelque soit l’objectif derrière cette manœuvre intriguante, son échec a été démontré par les résultats électoraux du 4 septembre : les non-francophones appuient encore massivement le Parti Libéral. Il est vrai, par ailleurs que certains allophones, en particulier dans l’est de l’île de Montréal, ont appuyé significativement le parti Québécois et Québec Solidaire. Pour justifier ces affirmations, étudions d’abord les résultats du scrutin dans les circonscriptions non-francophones.
Une circonscription non-francophone est définie, de façon abusive mais pratique, comme ayant moins que 80% d’électeurs de langue maternelle française. Ce critère correspond à 40 circonscriptions. Pour des raisons géographiques et la présence des peuples autochtones, cette définition n’a pas été appliquée aux circonscriptions d’Ungava dans la région Nord du Québec et de Duplessis dans la Côte-Nord. Le Parti libéral a remporté 33 de ces 40 circonscriptions, le Parti Québécois 5 et Québec Solidaire 2. Plus précisément, le Parti Libéral remporte les 3 circonscriptions non-francophones de l’Outaouais, les 14 circonscriptions non-francophones de l’ouest de l’île de Montréal et les 6 circonscriptions non-francophones de la Montérégie. Ce n’est qu’à Laval et dans l’est de l’île de Montréal que cette domination totale prend fin. Le Parti Québécois arrache deux des 5 circonscriptions dans Laval alors que, dans les 11 circonscriptions de l’est de l’île de Montréal, il obtient trois sièges contre deux à Québec Solidaire. Notons que la C.A.Q. n’obtient aucune des quarante circonscriptions non-francophones. La preuve est faite que la position éditoriale de certains journaux anglophones en faveur de la C.A.Q. n’a su ébranler la fidélité historique au Parti libéral des anglophones et d’une grande majorité des allophones.
Dans les 85 circonscriptions francophones, où plus de 80% de la population est de langue maternelle française, le Parti Québécois a obtenu 49 des 85 sièges, la C.A.Q. tous ses 19 sièges et le Parti Libéral 17 sièges seulement. Il est intéressant de noter que 83% des circonscriptions non-francophones sont représentées par un député libéral , contre 20% seulement des circonscriptions francophones. Ce dernier pourcentage représente exactement l’appui des électeurs francophones au Parti Libéral dans les sondages préélectoraux. Seul l’appui massif des non-francophones a évité le naufrage du Parti Libéral et a même failli le reporter au pouvoir. La courte victoire du Parti Québécois aurait été toute autre si les électeurs francophones, partagés entre cinq partis politiques, faisaient preuve de la même cohérence et lucidité. Qui a dit «Diviser pour régner» ?
Pierre Champagne


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    9 septembre 2012

    Je suis d'avis que le P.L.Q. s'est effondré.Qu'il est effondré.Vous en faites la démonstration.
    Ce n'est pas l'élection d'une première ministre qui rend cette dernière élection historique, c'est l'effondrement du P.L.Q.Pour reprendre une vieille expression,le P.L.Q. est devenu un tigre de papier.
    La prochaine fois,déterminante, déteminante la prochaine élection,il sera facile aux souverainistes d'isoler les effondrés...
    Une victoire est à portée de la main.L'indépendance, juste un peu plus loin.

  • Michel Laurence Répondre

    7 septembre 2012

    J'avais l'intention de diffuser votre texte sur les médias sociaux où j'ai une certaine audience, mais je me suis retenu à cause de ceci: " La courte victoire du Parti Québécois aurait été toute autre si les électeurs francophones, partagés entre cinq partis politiques, faisaient preuve de la même cohérence et lucidité. Qui a dit « Diviser pour régner » ?"
    Selon moi, ce ne sont pas les électeurs francophones qui sont responsables de cette division, mais le Parti québécois lui-même à cause de son refus de se battre (aucune contestation du vol du référendum de 1995), de démontrer la nécessité de notre indépendance nationale durant les 17 dernières années, de son outrecuidance face à QS et à Option Nationale et de celle de ses partisans à l'égard des Québécois en général qui ont le malheur, selon eux, d'être indépendantistes sans être péquistes, etc.
    J'ajoute qu'il est plus que temps que le Parti québécois comprenne que déjà, vouloir se séparer c'est ignorer que notre pays existe de facto. Il nous reste à en prendre possession, de jure, et pour cela, sortir le Canada du Québec. Pas la même vision.
    Les Québécois n'hésiteront jamais à expulser un intrus, mais ils n'aiment pas les séparations.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 septembre 2012

    Pour unir, il faut une cause commune. LE cher PQ de mon enfance politique en avait une. Le PQ qui nous reste cache sa raison d'être. Pas étonnant que naissent d'autres formations politiques qui se sont emparés de la cause originelle. On n'a pas à les empêcher de le faire. C'est le PQ qui devrait se fusionner avec ON et permettre à M. Aussant de diriger la cause qui doit être portés, non par les tièdes qui viennent d'accéder minoritairement au pouvoir, mais par un vaillant soldat, combattu même dans sa circonscription par le parti de Marois.
    Aussant, par exemple, annonce ses couleurs. Il ne tergiverse pas. Il lutte, exprime son avis, commente, toujours dans la perspective du Québec libre.
    Pauline fait du racollage politique. Elle cherche des votes. Elle en a tellement eu qu'elle a failli ne pas faire élire son parti.
    M. Parizeau a compris que le PQ était un parti non gagnant pour l'avenir. Il a misé sur la clarté, la justesse, la fidélité à une cause. Il ne verra pas sans doute, tout comme moi, le résultat de sa fidélité. Mais, il s'est assuré de la passer à quelqu'un en qui il croit et qui croit à la cause qui fût celle de sa vie.
    Nestor Turcotte