Allard, Sophie - Après une campagne électorale fort médiatisée et une chaude lutte à trois, on s'attendait à voir les électeurs se présenter en masse dans les bureaux de vote.
À la surprise générale, seulement 71,24 % d'entre eux ont voté. Hormis les élections de 2003, alors que 70,42 % des électeurs s'étaient prévalus de leur droit de vote, c'est le taux de participation le plus bas au cours d'élections provinciales depuis que les données sont comparables, en 1931.
" C'est extrêmement étonnant! C'est un des pires taux de l'histoire et ce, malgré une lutte serrée, affirme Jean-Pierre Beaud, professeur au département de science politique à l'Université du Québec à Montréal. Les gens politisés se déplacent davantage quand leur vote compte et on voit que, dans plusieurs circonscriptions chaudes, un vote valait beaucoup. J'avais l'impression qu'avec la tension des dernières semaines, les gens auraient été plus nombreux à voter. Je m'attendais à un taux de 75 % et peut-être même de l'ordre de celui de 1976 (85,27 %), quand le Parti québécois a pris le pouvoir. "
Vote par anticipation
Cette année, 10,19 % des électeurs ont voté par anticipation (571 754), contre 5,56 % en 2003. Dans certaines circonscriptions, les électeurs ont été particulièrement nombreux à se prévaloir de leur droit de voter par anticipation : 16,72 % dans Charlesbourg, 17,05 % dans Jean-Talon, 16,03 % dans Lévis et 17,14 % dans Louis-Hébert.
Optimiste, le directeur général des élections du Québec, Marcel Blanchet, disait souhaiter un taux de participation global de 75 % à 78 %. " Il faudra se questionner et expliquer cette situation. Est-ce que certains électeurs dans des circonscriptions gagnées d'avance se sont abstenus de voter? Est-ce un message des électeurs péquistes? A-t-on sous-estimé la percée de l'ADQ? s'interroge M. Beaud. On assiste à une extrême fragmentation du Québec, en quatre portions plus ou moins égales. Le quart des électeurs a par défaut pris position en s'abstenant de voter. "
" Plus il y a de joueurs dans la course, plus la décision devient difficile, avance de son côté Jean Crête, professeur titulaire et directeur du Centre d'analyse des politiques publiques de l'Université Laval. Dans le cas présent, c'est une lutte à trois, mais il y a beaucoup plus de candidats sur les bulletins de vote. Certains indécis ont probablement préféré s'abstenir. "
" On pouvait s'attendre à ce que ce le taux de participation soit élevé parce que la lutte a été très serrée et parce que les médias ont donné beaucoup d'espace à la campagne électorale. Ça aurait dû stimuler les électeurs ", ajoute M. Crête, étonné.
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