L'argument géopolitique

Géopolitique, géoéconomie, géostratégie, etc.

Tribune libre 2008

L'argument géopolitique demeure le plus solide et le plus crédible pour reconnaître et faire reconnaître la nation.
La nation est une société territoriale, qui possède son propre territoire, duquel elle tire la subsistance, l'identité et la raison de vivre. Cette conquête s'est effectuée par osmoses et symbioses successives au cours des siècles précédents. (Géopolitique et avenir du Québec, chapitre UN )

C'est l'argument que j'apporte et c'est l'argument le plus concret et le plus fort.

Je l'ai fait reconnaître aux États Unis et en Europe mais il y a toujours quelqu'un qui me coupe l'herbe sous les pieds, des souverainistes bien intentionnés qui ont lu des tonnes de livres sur le sujet et qui ont tout appris, sauf l'essentiel.

Cet argument a été retenu lorsque le Parlement d'Ottawa a passé sa motion du 29 novembre 2006, reconnaissant le Québec comme une nation au sens géopolitique du terme, donc d'une manière permanente parce que la nation Québécoise est un fait accompli, non une discussion littéraire.

Il n'y a pas à y revenir.

L'essentiel maintenant, c'est de préparer le terrain pour la reconnaissance de l'État.

Méfiez-vous des définitions littéraires et savantasses de l'État. L'essentiel: L'État, société politique et ontologique. Voilà sur quoi nous devons travailler et qui va réussir.

Avoir de belles lettres et de la littérature est très beau, mais ne fait pas reconnaître l'État, qui n'est pas de la littérature mais qui existe en Acte et en Puissance ou qui n'existe pas du tout. L'ontologie est primitive, non pas sauvage, suivant cette tendance littéraire à confondre le primitif et le sauvage. Primitif veut dire fondamental, relationnel, par opposition à rationnel.

Nous y reviendrons. Il y a énormément de travail à faire, précisément parce que nous avons trop de lettres et pas assez de sens de l'existence comme telle, qui est Relation en Acte et en Puissance.

Nous devons faire appel à l'instinct, qui n'a rien de péjoratif mais que nous sommes portés à dénigrer, comme font les grands lettrés et les savantasses qui méprisent les lois naturelles. Cela se paie cher. La nature se venge lorsqu'on l'ignore ou la méprise. On ne peut ignorer ou détruire la nature sans se détruire.

Il y a du travail à faire.
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Géopolitique , géoéconomie, géostratégie, etc.

Je connais ces auteurs depuis les débuts de mes études en géopolitique à l'Université de Montréal en 1950: Kjellen, Rätzel, aussi Haushofer, que j'ai examiné à Munich, au Geschwitzer Scholl Institute, 18 Ludwigstrasse, coin de Turkenstrasse, si vous voulez aller vérifier.

Aussi les Américains et les Français dont Yves Lacoste. Également Aristote, et Napoléon. Ce dernier est connu pour une remarque: "La politique est simple et complètement dans la géographie".¸Sauf qu'il ignora les principes qui lui auraient imposé des limites.

Les auteurs les plus valables en géopolitique sont: le chinois Sun Tsu,; les romains Caius Julius César (lisez et étudiez de Bello Gallico, c'est un chef d'oeuvre de géopolitique); l'autre romain Bélisarius.

Machiavel a produit des oeuvres valables et durables en géopolitique : (lisez della chiese francese, un chef d'oeuvre de réalisme ). Un autre bon auteur est le suisse Antoine Henri Jomini, (son travail sur la stratégie d'État est une oeuvre magistrale, qu'on ne vous montrera pas à l'université, pour ne pas vous donner la possiblité de voir comment nous pouvons constituer un pouvoir qui serait le nôtre.

Les autres auteurs, y compris l 'anglais Halford Mackinder, fondateur du London School of Economics, qui jouissait d'un grand prestige à l'Institut de Géographie de l'Université de Montréal, sont tous solidement piégés dans le nominalisme.

Les auteurs américains, dont Mahan, sont également nominalistes.

Comme le nominalisme est subjectif, chacun l'est à sa manière. Il n'existe aucun dénominateur commun universel qui leur permette d'entrer dans une relation en profondeur avec quelqu'un d'autre. Le prestige demeure le principal facteur de succès de ces auteurs.

Qui connaît réellement la Géopolitique? Ceux et celles qui connaisent les arcanes du pouvoir d'État, des gens qui VOIENT PENDANT QUE LES AUTRES PENSENT et qui se gardent bien de les instruire.

La géopolitique est comme la philosophie. Il y a toutes sortes de doctrines plus ou moins proches de la Réalité, (causale) et du Réel (relationnnel). Les querelles du passé, du présent et peut-être de l'avenir tournent autour du problème central de la vision et représentation de la Réalité, (causale, radicale, semelfactive) confrontée au Réel, (relationnnel et libre).
L 'erreur la plus courante consiste à prendre la géopolitique comme un idéal ou un ensemble de solutions alors qu'elle n'est qu'une méthode de travail fondée sur l'USAGE.
Ne partez pas en peur: L'USAGE, appelé multitudinis usus chez les Latins, est une méhode de travail très simple qui consiste à emprunter À LA FIN (LA FINALITÉ SI ON VEUT) le chemin pour y parvenir.

La finalité est le premier principe de réalité selon les grands Médiévaux.

Par exemple, en géopolitique. la fin c'est L'ÉTAT, dont la connaissance fondamentale relève de l'ontologie et de l'épistémologie classiques. Vous voulez des cours sur le sujet? Je suis encore disponible.

Le grand défaut de ces doctrines très particulières: elles ne sont pas sorties du nominalisme (voir ce sujet sur votre instrument de recherches). Ce qui veut dire la tendance continuelle à prendre les idées et le langage pour la Réalité, alors que la Réalité et le Réel existaient bien avant la naissance de la nature humaine, de ses idées et de ses multiples langages.


La preuve est complètement dans l'existence comme, dont l'origine de la nature humaine. avant le langage et l'écriture.

La Réalité, c'est l'Existence telle qu'elle, à l'état primitif, non pas sauvage mais primitif, ce qui veut dire fondamental: L'Existence est relation en Acte et en Puissance.

Le Réel est relationnel et on en trouve une explication plus que valable chez l'auteur juif Martin Buber, dans un ouvrage magistral: Je et Tu. Aubier. Bibliothèque philosophique.

La Réalité et la Relation (le Réel) , sont les deux fondements de toute certitude.

Réalité et Réel sont les deux éléments de base de la géopolitique. Les nominalistes vont vous sortir des tonnes de théories pour prouver que c'est telle ou telle idée, avec force mots et phrases sophistiquées pour le dire.

La Géopolitique est complètement dans la Réalité et le Réel, ce qui veut dire suprarationnelle et non rationnelle au sens abstrait et souvent mathématique du terme.

La Géopolitique, avec un grand G, voit la transcendance de l'Existence dans l'existence et non dans la pensée.

Car l'Existence, qui est relation en acte et en puissance, précède la pensée et le langage, qui sont des à posteriori.

Évidemment, nul moderne ne veut voir l'Existence comme relation puisque ce serait admettre du même coup que l'Existence est intentionnelle et voulue par une Volonté qui nous dépasse tous.

L'Existence en effet nous est donnée et nous agissons à partir de ce qui est là et ce qui est là est fait de ce qui a été fait. Le principe et le statut de fait qui en résulte est l'à priori de la géopolitique. Les lois, les techniques et les calculs sont des à posteriori.

En géopolitique, il faut se méfier des idées pour les idées et des mots pour les mots.

L'INTELLIGENCE AVEC UN GRAND " I" VOIT et ne trouve pas spontanément les concepts ni les mots pour l'exprimer.

Pendant ce temps, le nominalisme se gausse d'idées et de mots. L'intelligence dont il est question ici est une faculté inorganique et distincte de la pensée, qui se situe entre l'organique et l'inorganique, entre la radicalité de la Réalité et la liberté de la Relation.

POURQUOI VOIR avant de penser?

Parce que VOIR EST ACTE ET L'ACTE EST RELATIONNEL.

JE VOIS PARCE QUE MA FACULTÉ DE VOIR EST EN RELATION DIRECTE, SPONTANÉE ET PARFAITE AVEC LE MONDE VISIBLE QUI M'ENTOURE ET QUE DES JEUX INFINIS DE LUMIÈRES METTENT EN RELATION MA FACULTÉ DE VOIR AVEC LE MONDE VISIBLE. Voir est un ACTE, donc actuel et non virtuel.

De même les autres actes qui jalonnent l'existence: Entendre, sentir, toucher, marcher, et....penser. Je pense parce que j'ai la faculté de penser et parce qu'un monde intelligible, (la quiddité du sensible) m'incite à penser pour que je recommence à voir et partant, pénétrer plus loin dans la Relation. C'est la transcendance de l'existence.

L'intelligence avec un petit " I " pense et parle sans se précupper de savoir si sa pensée et ses paroles correpondent à la Réalité causale et au Réel relationnel.

Remarquez que le Virtuel, car c'est du Virtuel qu'il s'agit lorsqu'on s'exprime à partir d'une optique nominaliste, ce Virtuel, donc, est presqu'impossible à extirper des esprits modernes, tant il y est solidement et profondément ancré. Nous vivons par les idées et pour les idées, non par les actes et pour les actes.

La Réalité et le Réel sont refusés, même chez les religieux qui vivent en institution, parce que trop exigeants dans l'Instant même, ou à chaque Instance si on préfère, qui exige l'Acte de Présence indispensable pour agir en conformité avec les treize principes de stratégie d'État, inconnus dans presque toutes les écoles de géopolitique.

J'ai bien dit principes, non théories, idées ou idéologies.

Alors, que chacun reste avec son "opinion", ses idées, ses mots et ses phrases. puisque c'est la pensée virtuelle qui se propose comme une fin en soi, non l'Acte.

Malgré la catastrophe financière qui frappe le monde, causée par le recours continuel au Virtuel, ceci depuis le Siècle des Lumières, nous ne sommes pas à la veille d'accorder priorité à l'Actuel mais l'Actuel va finir par prendre sa place, grâce aux gens ordinaires dont l'esprit fonctionne par l'entremise du sens commun, que nous appelons bon sens.

Avec priorité à l'Actuel, nous ferons de la géopolitique avec un G majuscule. Cette discipline, exigeante sur le plan de la Réalité et de la Relation, fait peur, parce que rien n'est décidé d'avance, sauf ce que les institutions imposent arbitrairement. Nous sommes frileusement habitués au Virtuel commode qui n'oblige à rien et pousse à agir comme une mécanique. La liberté, qui signifie aptitude et capacité de voir, penser, s'exprimer et agir en pleine conscience de causalité, de fait et de relation, est trop exigeante. Personne n'en veut mais tout le monde en veut l'illusion.

JRMS


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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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