Elections fédérales : l’Orval interdite en Flandre ?

Chronique de José Fontaine


Comme je l’ai déjà expliqué à plusieurs amis du Québec, quand, le vendredi soir, je commence à rédiger ma « chronique du samedi » pour Vigile, j’ouvre une bouteille d’Orval. Il me semble que cette bière est l’une des meilleures du monde. Elle fait un peu plus que 6 ° d’alcool, est très digeste. Il se dit en Wallonie que même les médecins la recommandent comme un quasi remède. J’en parle parce que ce dimanche 13 juin, ce sont les élections fédérales belges. On va voir pourquoi.
Selon les sondages, en Flandre, ce serait le parti nationaliste flamand NVA (Nieuwe Vlaamse Alliantie), qui l’emporterait avec 25 ou 26% des suffrages contre 16 ou 19% au CD&V (les démocrates-chrétiens). Cet écart est étonnant. Car, de tout temps, la Flandre a été dominée par le catholicisme politique, ce qui l’opposait encore plus fondamentalement à une Wallonie dominée, elle, en raison de son industrialisation précoce, par des partis laïques et en particulier le Parti socialiste qui d’ailleurs y demeure encore le parti le plus important et le restera plus que probablement). De tout temps aussi, il y eut une rivalité entre les catholiques flamands qui ont toujours joué la carte nationaliste, seulement un ton plus bas que les nationalistes proprement dits. Et les nationalistes eux-mêmes ont longtemps joué eux aussi de l’attrait qu’ils pouvaient représenter aux yeux d’un électorat catholique dans un pays comme la Flandre qui fut longtemps très profondément catholique. Dans cette rivalité, les catholiques flamands l’ont toujours emporté. C’est peut-être le fait nouveau de cette élection que le catholicisme flamand risque de disparaître ou du moins de sortir considérablement affaibli de ces élections.
Le président de la NVA, Bart De Wever, est un homme intelligent, historien de formation, qui se revendique d’un nationalisme flamand démocratique. Il proclame haut et fort que son but ultime est l’indépendance de la Flandre, mais il entend n’y parvenir que par la discussion avec les Wallons et les Bruxellois francophones. L’une des étapes sur la voie de cette indépendance, c’est le confédéralisme. Bart De Wever a engendré un climat de peur tout à fait absurde en Wallonie où la rumeur courait vendredi soir que Bart De Wever allait interdire l’exportation en Flandre de… bière d’Orval. A moins que ce ne soit une blague, ou bien, les deux : à la fois une rumeur et une blague. J’avoue ne pas comprendre ces peurs ni les efforts que font certains pour s’opposer au confédéralisme alors que, de l’avis de maints juristes, il y a des traits évidents de confédéralisme dans le fédéralisme belge. Dont le plus important est le prolongement quasiment sans réserve des compétences exercées par les Régions sur le plan international, ce qui leur donne la capacité, sans vraie possibilité de veto fédéral, de signer des traités. Il n’y a pas de sens d’avoir peur d’une extension des pouvoirs régionaux (ce qui angoisse parfois certains), car cela équivaudrait à diminuer encore ce qui reste d’unitarisme à la Belgique. Or, depuis trente ans, l’Etat fédéral a perdu quasiment la moitié de ses compétences, mais sans que cela ne provoque aucun drame. On peut donc continuer. Et je ne crains pas que les Flamands soient privés d’Orval.
L’autre fait nouveau qui pourrait se produire, c’est, à Bruxelles, l’émergence d’un parti régionaliste bruxellois qui, vu son poids éventuel, pourrait renforcer l’objectif pour lequel je lutte depuis trente ans d’une entente confédérale entre la Flandre, Bruxelles et la Wallonie, la citoyenneté étant ainsi liée plus au territoire qu’à la langue. Ce en quoi je me range aussi du côté de l’avis d’André Ferretti sur la même question au Québec. L’intérêt de l’avantage donné au territoire sur l’ethnie, c’est qu’il conduit à une définition de la Cité qui n’en exclut personne, tout en permettant que joue aussi malgré tout le fameux « Nous » culturel ou moral (et constitutionnel), dans la mesure où via le territoire et le nationalisme inclusif, nous pouvons nous reconnaître toutes et tous comme relevant de la même patrie et, ceci, au-delà de nos différences, justement.

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José Fontaine355 articles

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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.

Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...





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1 commentaire

  • Jean-Paul Gilson Répondre

    18 juin 2010

    José c'est indiscutablement la meilleure bière au monde.
    Mon ami René Brault n'en n'est tout simplement pas encore revenu. Lis donc la déclaration unilatérale d'indépendance du Québec que le Gouvernement provisoire vient d'éditer pour faire démarrer le processus d'indépendance , ce WE lors de la marche des jaunes partout au Québec.
    Je t'embrasse fraternellement
    Jean-Paul
    Déclaration
    unilatérale
    D’inDépenDance
    Du québec
    Au nom du peuple québécois,
    Le Québec est le pays natal du peuple québécois. C’est dans ce
    pays qu’il a grandi, s’est développé et s’est épanoui culturellement,
    économiquement et politiquement. Malgré une impitoyable adversité,
    c’est dans ce grand pays qu’il a su protéger et construire avec courage
    et opiniâtreté son existence nationale.
    Le peuple québécois a connu l’oppression nationale à différentes étapes
    de son histoire, de la conquête anglo-britannique de 1759 à la création
    de la Confédération jusqu’à nos jours. Les représentants politiques
    du peuple québécois ont tenté plusieurs fois d’obtenir un État où lui
    seraient reconnues son identité nationale et l’égalité avec les autres
    nations. Toutes ces tentatives légitimes ont échoué.
    Depuis le début des années soixante, le peuple québécois a cru de
    bonne foi, dans l’honneur et l’enthousiasme, pouvoir négocier et
    obtenir des amendements constitutionnels afin de protéger sa langue,
    sa culture et son plein épanouissement. Par deux fois, il a exercé son
    droit à l’autodétermination à l’intérieur du cadre politique existant et le
    tout s’est soldé par des échecs.
    Aujourd’hui, le peuple québécois proclame devant la communauté
    internationale que, malgré toutes les formes d’oppression nationale
    subies, l’exercice de sa souveraineté est incessible, imprescriptible,
    inaliénable et indivisible. Le Québec appartient au peuple québécois
    aujourd’hui, demain et pour toujours.
    Le peuple québécois, comme tous les peuples du monde, est à la
    recherche du bonheur et de la prospérité pour les enfants, les femmes
    et les hommes qui le composent. Pour le peuple québécois, le bonheur
    et la prospérité résident dans la création de l’État du Québec.
    Le peuple québécois, par ses différentes expériences politiques et
    historiques vécues, est arrivé à un rendez-vous avec l’Histoire.
    Puisque le peuple québécois est politiquement l’unique détenteur
    de sa souveraineté, le moment est venu pour lui d’utiliser son droit
    politique à l’autodétermination et à l’indépendance de son État du
    Québec.
    Le peuple québécois réaffirme avec force de conviction son droit
    incessible, imprescriptible, inaliénable et indivisible de créer en sol
    québécois l’État souverain du Québec.
    Le Gouvernement Provisoire du Québec, au nom du peuple québécois
    souverain, comme devoir de civilisation, déclare l’existence de l’État
    souverain du Québec sur tout l’espace territorial, maritime et aérien
    du Québec, avec pour capitale politique la ville de Québec.
    L’État du Québec appliquera sur son territoire les plus hauts niveaux
    de démocratie, de droits et libertés, avec la mission de protéger son
    intégrité territoriale et de travailler à maintenir la paix dans le monde
    entre les nations.
    L’État du Québec reconnaîtra tout État qui le reconnaîtra, et ce afin
    de développer des relations amicales avec les autres peuples épris de
    paix, de démocratie et de respect mutuel.
    L’État du Québec présentera une demande formelle d’adhésion à
    l’Organisation des Nations unies (ONU), à l’Organisation des États
    américains (OEA), à l’Organisation internationale de la francophonie
    (OIF), ainsi qu’à toute autre organisation internationale qu’il jugera
    pertinente, et ce pour le développement et le mieux-être du peuple
    québécois.
    Le Gouvernement Provisoire du Québec décrète qu’à compter de la
    Grande Marche vers l’indépendance du Québec, le 20 juin 2010, le
    peuple québécois possède tous les pouvoirs politiques afin de rendre
    effective sa Déclaration d’indépendance.
    Les membres du Gouvernement Provisoire du Québec lancent donc
    un appel fraternel et unitaire à tous les partis indépendantistes,
    organisations indépendantistes et personnalités indépendantistes,
    à s’unir, à proclamer la Déclaration Unilatérale d’Indépendance du
    Québec et à diriger ensemble le Gouvernement Provisoire du Québec,
    et ce, jusqu’à l’élection du premier gouvernement historique de
    l’État souverain du Québec.
    Vive le peuple québécois !
    Vive l’état souverain du québec !
    Le Bureau Politique du Gouvernement Provisoire du Québec
    Un détour en provence
    1328 rue Beaubien Montréal | 514 279-4528
    appuie la Déclaration unilatérale d’indépendance
    www.g-p-q.org
    communication@g-p-q.org