Le Parti québécois s'était engagé le 5 novembre en campagne électorale sans trop d'illusions. Son objectif était d'abord de retrouver le statut d'opposition officielle. Il y est arrivé et, ô surprise, de plus belle façon qu'il ne s'y attendait. Tout redevient possible... pourvu qu'il ne s'assoie pas sur ces premiers lauriers.
La chef du Parti québécois, Pauline Marois, jubilait lundi soir devant l'élection de 51 députés avec qui elle formera l'une des oppositions les plus nombreuses de l'histoire de l'Assemblée nationale. Les progrès réalisés sont incontestables. Les 35 % de suffrages recueillis mettent fin à la descente aux enfers amorcée à l'élection de 2003. Pour les péquistes, il s'agit d'une victoire morale, remportée sur eux-mêmes, qui leur redonnera confiance en la capacité de leur parti de revenir au pouvoir.
L'euphorie du soir d'élection retombée, les militants péquistes devront toutefois analyser froidement ces résultats. Leur parti s'était engagé dans cette campagne mal préparé et avec peu de moyens. Il n'a réussi que rarement à définir l'ordre du jour électoral. Ses 51 députés, il les doit en partie à l'affaissement de l'Action démocratique. Présents dans toutes les circonscriptions, ses candidats ont divisé le vote, favorisant tantôt l'élection du candidat libéral, tantôt du candidat péquiste. Cette mathématique lui a donné 51 sièges, mais cela aurait pu être plus, comme beaucoup moins. On le sait, notre système électoral est une véritable boîte à surprises.
L'important pour le Parti québécois est de profiter des perspectives que lui ouvrent ces 51 sièges. Il retrouve par là le statut d'opposition officielle avec tous les budgets de recherche qui y sont associés. Avec autant de députés, il aura les moyens de talonner le gouvernement tous les jours en chambre et en comité parlementaire. Il aura l'occasion de faire connaître ses idées et de se présenter comme la seule solution sérieuse de rechange au gouvernement libéral. Au terme d'un troisième mandat, celui-ci a toutes les chances d'être fatigué. La règle de l'alternance devrait alors favoriser le Parti québécois.
Les militants péquistes peuvent croire que, dans quatre ans, le pouvoir sera à eux. Encore là, il ne faut pas se bercer d'illusions. Le travail de reconstruction de leur parti est loin d'être terminé. Il leur faut accroître et rajeunir l'effectif. Se donner des moyens financiers, approfondir la révision du programme, tant l'axe de la social-démocratie que celui de la souveraineté, se rallier à leur chef et éviter de s'engager dans de nouvelles guerres intestines. Ne pas oublier que le Parti libéral forme un gouvernement majoritaire. Que sa majorité ne soit que de trois voix ne change rien au fait qu'il pourra gouverner comme il l'entend. Si aujourd'hui le premier ministre Charest leur tend la main, il peut la retirer quand bon lui semblera. Il fera tout pour conserver le pouvoir.
Les militants péquistes doivent comprendre que la victoire morale remportée lundi, pour importante qu'elle soit, les laisse tout de même loin du pouvoir. Pour y arriver, il leur faudra beaucoup plus que les 35 % de suffrages obtenus cette fois. La clé de la prochaine élection sera très certainement encore une fois l'Action démocratique, que le départ de son chef, Mario Dumont, laisse encore plus affaiblie qu'elle ne l'était avant le déclenchement des élections. Parmi les 16 % d'électeurs qui lui ont donné leur vote se trouve un bloc de nationalistes que le Parti québécois devra trouver le moyen de séduire. Sa prochaine victoire est là, à droite, et non à gauche où le PQ devra compter désormais sur une concurrence plus vive de Québec solidaire qui obtient enfin l'accès à la tribune de l'Assemblée nationale avec son premier député.
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