La proposition de Gilbert Paquette

Égalité ou indépendance?

Tribune libre 2008

Parmi toutes les propositions des derniers mois en vue de "régler le
problème québécois", celle de Gilbert Paquette ([Vigile, 28 février->12094])
constitue probablement la plus plausible, la plus claire et la plus simple.
Elle échappe aux écueils de toutes les autres et avance un processus dont
la légitimité n'offre pas de prise à la contestation.
Sa seule difficulté, considérable mais qui, cependant, ne lui est pas
intrinsèque, provient de ce qu'elle nécessite d'abord le ralliement de
toutes les chapelles indépendantistes, de même que des affirmationnistes,
notablement l'Action démocratique du Québec. Autrement dit, elle n'est
applicable que si tous ceux qui refusent le fédéralisme unitaire arrivent à
remiser leurs fidélités idéologiques ou claniques, leur ego ou leurs
calculs pas toujours désintéressés. Elle exige, en définitive, que chacun
prenne conscience, pleinement et sans détours, des exigences qu'entraîne
l'avènement d'un État-nation québécois.
En sommes-nous capables? Aux divers mouvements et partis
indépendantistes, nationalistes et même confédérationnistes — en présumant
que ce dernier terme ne s'applique pas qu'à M. Bousquet — de répondre...
si, pour paraphraser une ancienne publicité de l'armée canadienne, la vie
les intéresse.
À remarquer que la proposition n'est pas entièrement nouvelle. Elle
complète magistralement la position jadis défendue par Daniel Johnson père
dès 1963 ou 1964. Étonnant comme le temps passe...
Raymond Poulin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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12 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2008

    Pour le moment, l’initiative de la coalition ne peut venir que du PQ, il est le mieux placé pour en adopter l’idée.
    Monsieur Verrier,
    Je suis en désaccord avec cette assertion. Le PQ n'a plus la crédibilité nécessaire pour initier une telle coalition. Il l'a déjà eue mais l'a gaspillée. Son geste ne pourrait provoquer que de la méfiance. "Chat échaudé craint l'eau froide".

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2008

    M. Paquette,
    L'unité des Québécois est une exigence indiscutable. Je défends depuis plusieurs années l'idée d'une coalition qui mettrait entre parenthèses les différences entre la gauche et la droite. La résolution de la question nationale a ses exigences propres, il ne faut pas lui demander de régler la question sociale. Elle ne peut appartenir exclusivement à la social-démocratie ou à une autre tendance, mais elle doit leur faire une place. Il nous faut d'abord le statut de pays pour ensuite décider de gouverner à droite ou à gauche. Pour le moment, l'initiative de la coalition ne peut venir que du PQ, il est le mieux placé pour en adopter l'idée. Le fera-t-il ? Égalité ou indépendance est une fausse équation. Le PQ et l'ADQ voudront l'inscrire dans le texte de la coalition. Le pacte signé sera-t-il finalement celui que vous concevez aujourd'hui quand il aura passé entre les mains des politiques ? Pour aboutir à quelque chose, la coalition à naître devra se composer d'une forte proportion de gens pour qui l'égalité sera réalisée par l'indépendance. Il y a du boulot pour tout le monde.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2008

    Comme on peut dénaturer une proposition! J'espère que les intervenants liront le livre que je vais publier la semaine prochaine avec ouverture d'esprit. Certains seront peut-être choqués par le titre, mais je suis convaincu que s'ils le lisent ils verront que c'est la seule façon de sortir du carcan fédéral.
    1) Je ne propose pas une vague "égalité ou indépendance". Ce n'est pas une astuce mais un démarche transparente, déterminée et persistante pour parvenir à l'indépendance. Je pars des projets du Québec, des moyens qui lui manque pour les réaliser et je propose une démarche pour rapatrier ces moyens.
    2)Je ne me situe pas non plus dans un contexte partisan. Contrairement au PI, je vais appel à tous ceux qui en ont assez de la dépendance à l'égard du Canada, qu'ils appuient pour le moment le PQ, Québec solidaire, le PI ou même l'ADQ. Je leur demande d'unir leurs forces avec leurs arguments à eux, pour convaincre une indipensable majorité de la population.
    3)Il n'y a pas d'autre façon d'imposer une nouvelle légitimité, la nôtre pour sortir du cadre fédéral que de construire cette majorité. (voir ma réplique à Claude Morin dans la tribune libre)
    4)On ne se met pas à la remorque de l'ADQ. De deux choses l'une. Ou son programme est un leurre et il devra le reconnaître, ou il s'engage à contribuer à construire cette majorité. Qu'il le fasse avec des arguments de droite m'importe peu pour le moment. À nous qui sommes à gauche de lui répliquer que nous avons besoin des mêmes pouvoirs que nous n'avons pas, mais pour faire autre chose (EX: l'extension du réseau de garderies plutôt que le chèque aux parents)
    5) Pendant ce temps, proposons sans relâche, avec détermination, l'indépendance comme objectif et comme moyen, quel que soit le parti ou le mouvement dans lequel nous avons choisi de militer.
    6) Je ne connais pas de peuples qui ont acquis leur indépendance sans une convergence nationale au delà des partis. C'est difficile, mais il faut le faire.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2008

    "À ce stade, il faut préférer la droiture à l’astuce. Car la finesse ne rachètera jamais la crédibilité perdue par tant d’années du duplicité et de discours tordus. Faisons face. L’astuce n’aura jamais le souffle qu’il nous faudra pour se rendre au bout de notre combat. Seul un discours franc, fondé sur les faits historiques débarrassés de toute complaisance, pourra inspirer l’ardeur et redonner l’espoir."
    G. Verrier
    "L'égalité ou l'indépendance", cette formule est construite pour préserver les bons sentiments des Québécois, ménager leurs illusions. Ceux qui savent que l'égalité est impossible (pour des raisons socio-historiques, démographiques, de culture politique, etc.) mais qui veulent quand même mousser cette équation suivant laquelle l'"égalité" peut se substituer à l'indépendance, ont-ils bien réfléchi à ce qu'ils font ? N'est-ce-pas là se livrer sciemment à une certaine désinformation ? N'est-ce-pas là faire le contraire que de l'éducation à l'indépendance ? L'indépendantiste ne devrait-il pas plutôt considérer la formule suivante pour illustrer son option: "L'égalité par l'indépendance" ?
    Ce ne sont pas des questions de stratégie dont on parle ici, ce sont nettement des questions d'option politique.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2008

    À ce stade, il faut préférer la droiture à l’astuce. Car la finesse ne rachètera jamais la crédibilité perdue par tant d’années du duplicité et de discours tordus. Faisons face. L’astuce n’aura jamais le souffle qu’il nous faudra pour se rendre au bout de notre combat. Seul un discours franc, fondé sur les faits historiques débarrassés de toute complaisance, pourra inspirer l’ardeur et redonner l’espoir.
    Ce message n'étant pas signé, je ne sais pas de qui il provient, mais il reflète ma pensée.
    Le combat doit être mené franchement, à visage découvert.
    C'est de l'indépendance dont nous avons besoin, et rien d'autre.
    Soyons clairs avec nous-mêmes et avec ceux que nous désirons convaincre.

  • Raymond Poulin Répondre

    29 février 2008

    Il serait évidemment préférable, sur le plan doctrinal, de proposer directement l'indépendance, ce qui se fait depuis cinquante ans avec le succès que l'on sait. Ce qui compte d'abord, cependant, c'est d'y parvenir, pas de recevoir une médaille de pureté en guise de prix de consolation.
    La proposition de M. Paquette ne comporte rien de déshonorant et, contrairement à ce qu'on semble prétendre, elle ne constitue pas une demande de négociation. Elle présente au Canada le choix entre l'acceptation d'un "home rule" dont il ne veut à aucun prix et l'indépendance du Québec, qui devient le choix québécois advenant un refus. Les indépendantistes seraient minoritaires dans la coalition? Au départ, oui; à la fin, non, puisque tous les coalisés auraient accepté dès le début (sans quoi la coalition n'a aucune raison d'être) qu'un refus d'Ottawa entraînerait la proclamation de l'indépendance. Reste à savoir si les nationalistes style ADQ accepteraient de faire partie de cette coalition, mais refuser signifierait, à la face du public, qu'ils n'ont pas le réel désir de sortir le Québec de l'impasse et sont prêts à demeurer Canadiens à n'importe quelle condition. Je ne suis pas certain que beaucoup de sympathisants de ce parti accepteraient de cautionner une telle évidence. Il ne s'agit pas de convaincre au départ la majorité des Québécois de la nécessité de l'indépendance mais de leur prouver par les actes, et sur une période très courte, qu'à défaut de la faire, il n'existe aucune solution de rechange. C'est certainement moins glorieux mais au moins aussi valable en pratique que de continuer à leur en prêcher en théorie les vertus. Cela déconsidère-t-il l'idée de l'indépendance? Je n'y crois pas; je ne connais aucun peuple qui soit passé à l'acte à la suite d'une longue maturation purement intellectuelle: on découvre le besoin absolu de la liberté lorsque la chaîne devient intolérable, et elle devient intolérable lorsqu'elle est reconnue brusquement, brutalement, pour ce qu'elle est. Je défends cette position, tout en acceptant de me tromper, et suis prêt à en changer si on me présente autre chose qu'une théorie.
    Si, même dans cette situation, les Québécois refusent l'indépendance, au moins les choses seront claires pour tout le monde. De toute manière, je n'ai pas un espoir démesuré de voir naître, du moins rapidement, une telle coalition, ne fût-ce que parce que le Parti québécois, en tout cas actuellement, est trop velléitaire pour tenter quoi que ce soit et parce que les autres partis et organismes indépendantistes sont trop préoccupés de pureté, trop méfiants, et quelques-uns trop pétris de sectarisme, pour s'unir à leurs alliés naturels dans un scénario qu'ils n'ont pas concocté eux-mêmes. Si c'est bien le cas, alors demeurons tous sur nos positions et continuons de convaincre tout le monde que la nation sera assimilée dans dix, quinze ou vingt ans si "nous ne suivons pas le bon chemin", le nôtre évidemment...
    P.S. pour M. Bousquet. — En 1867, les termes de confédération et de fédération étaient indifféremment employés, et pas seulement au Québec. Par ailleurs, j'ai lu à peu près tout ce qui s'est écrit avant la concrétisation de l'AANB. Personne n'a jamais alors prétendu que le Québec y aurait le statut d'un État souverain ni qu'il s'agissait d'un pacte égalitaire entre deux nations. Cette dernière interprétation est venue après, et elle fut soutenue exclusivement par des Canadiens français. Parmi ces derniers, on trouve ceux qui avaient été assez naïfs pour s'imaginer les choses ainsi ou assez hypocrites pour masquer par là leur forfaiture d'avoir incité les Canadiens français à accepter de joindre la Confédération en votant pour les Bleus parce qu'ils émargeaient aux intérêts du groupe financier qui envisageait la construction d'un chemin de fer de l'Atlantique au Pacifique. On en trouve également qui, ni naïfs ni malhonnêtes mais ayant participé activement à la révolte avortée des Patriotes, croyaient sauver ainsi les meubles.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    Monsieur Verrier,
    Le but avoué de la proposition de M. Paquette (j'étais à sa présentation de lundi soir dernier chez les IPSO) est de créer une crise constitutionnelle, espérant que cette crise mènera les Québécois à désirer l'indépendance.
    J'ai constaté qu'il s'agit du nouveau hochet des péquistes: l'autonomisme comme déclencheur de crise débouchant sur l'indépendance. Sachant que le fédéral opposerait une fin de non recevoir aux demandes autonomistes (rapatriements de pouvoirs), on espère que les Québécois se vexeraient suffisamment de ce refus pour se séparer du Canada.
    Je n'en suis pas, bien sûr, parce qu'elle constitue une façon de déconsidérer l'indépendance, d'en faire un pis-aller, faute de mieux. Elle oblitère tout le potentiel mobilisateur de l'indépendance, exactement comme l'a fait le PQ ces dernières années. Et puis, comme vous le soulignez si bien, le leadership y serait confié aux autonomistes, et les indépendantistes y feraient figure d'épouvantails. De couteau sur la gorge. C'est Léon Dion qui approuverait, n'est-ce-pas!
    De plus, elle donne une importance exagérée à l'ADQ et son option autonomiste, ce que les résultats d'élections depuis l'existence de l'ADQ n'accréditent pas. Il se peut fort bien que les suffrages obtenus par l'ADQ en mars 2007 ne soient qu'un feu de paille allumé par les quelques cas médiatisés d'accommodements déraisonnables, qu'elle a su exploiter à son avantage. On ne peut l'affirmer avec certitude, mais il faudrait bien l'envisager. Une hirondelle ne fait pas le printemps.
    Bref, j'y vois le signe d'un grand désarroi chez les péquistes, qui ne savent plus à quelle option se vouer.
    Je trouve cela bien dommage, car de l'aveu même de M. Paquette, aucune promotion de l'indépendance n'a été faite depuis 12 ans. Et pourtant, l'option se situerait autour de 41%.
    N'est-ce-pas paradoxal de le déplorer et de proposer de continuer sur la même veine?
    Globalement, je trouve qu'il s'agit d'une proposition démissionnaire vis-à-vis l'indépendance.
    Désolée de jouer le trublion, encore une fois.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    "Et quoi qu’il choisira pour lui-même, il devra affronter une fois pour toutes l’histoire de ses duplicités. C’est cela le prix de la politique..." (Desroches, D,; Chevrette,P.,LA PROFONDEUR DE LA BLESSURE, Vigile)
    À ce stade, il faut préférer la droiture à l'astuce. Car la finesse ne rachètera jamais la crédibilité perdue par tant d'années du duplicité et de discours tordus. Faisons face. L'astuce n'aura jamais le souffle qu'il nous faudra pour se rendre au bout de notre combat. Seul un discours franc, fondé sur les faits historiques débarrassés de toute complaisance, pourra inspirer l'ardeur et redonner l'espoir.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 février 2008

    M. Bousquet,
    Ne vous a-t-il pas déjà été démontré que le ROC n'a jamais prouvé la moindre velléité à céder une quelconque différence au Québec, qui le distinguerait des autres provinces? Cum (ensemble)et rassembler. Mais les autres provinces nous préfèrent infra... ne se rallieront pas même à notre égalité.
    Au moment où le mouvement indépendantiste se retrouve à genoux, ne va-t-on pas plutôt en profiter, comme on le perçoit ce dimanche à Saint-Laurent (réunion Gaganov,Tyler et co.) pour nous passer le K.O.?
    Quel pouvoir de négociation nous reste-t-il?

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    La proposition Paquette a le souci de ne pas heurter les sentiments politiques de nos compatriotes. Préoccupation fort louable, modelée pour recueillir un important capital de sympathie. Le souverainisme rassurant ou progressif plaît. Il a cependant des failles. Une des failles de la proposition Paquette (advenant que le pacte proposé soit perçu comme nécessaire à gauche et à droite) c'est que les indépendantistes y seront minoritaires. Sans leadership indépendantiste fort, l'obligation de résultats risque de rester lettre morte, de ne pas succéder aux épuisantes et infructueuses négociations que l'on devine. Ré-écriture d'histoires connues : Johnson père, Lac Meech, etc... avec à la clé les mêmes résultats. Mais la faille la plus importante est d'ordre politique. La proposition Paquette s'inscrit dans la tradition qui veut que l'on s'adresse au fédéralisme comme à un régime avec lequel nous pouvons négocier, un régime qui pourrait recevoir et considérer nos revendications. On s'évertue encore ici à entretenir cette belle et rassurante illlusion. Il est vrai que dire le contraire ne serait pas aussi bien vu. Mais c'est pourtant exactement ce contraire qui est vrai. Le fédéralisme en tant que tel a été et continue d'être un régime nocif pour les Québécois. Il n'a jamais fait de place aux revendications nationales exprimées par le Québec. Que cela plaise ou non, les Québécois ont plus que jamais besoin qu'on leur dise la vérité. Le plan Paquette y manque.
    G. Verrier

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    Vous avez raison M. Poulin de penser qu'il faut une une coalition ou une fusion, comme vous l'écrivez : «des "divers mouvements et partis indépendantistes, nationalistes et même confédérationnistes — en présumant que ce dernier terme ne s’applique pas qu’à M. Bousquet"».
    Je suis d'accord avec l'indépendance ou la souveraineté-association ou la souveraineté partenariat ou même l'autonomie du Québec de l'ADQ si une des ces solutions pouvait aller chercher une bonne majorité de Québécois pour mieux assurer la pérennité de la langue française et de sa culture mais, comme je crois que c'est hautement improbable, je suggère un nouveau discours, un nouveau vocabulaire et un nouvel objectif pour arriver à sortir de la fédération centralisatrice actuelle.
    Il semble, pour l'instant, que je sois, à peu près le seul à croire à une vraie confédération, comme c'est si bien décrit dans nos dictionnaires, ce qui pourrait satisfaire une bonne majorité de Québécois. Ça pourrait être la base d'une coalition constitutionnelle pour nos diverses chapelles nationalistes qui n'acceptent pas la statu quo, avec raison.
    Une confédération serait le moins difficile concept à faire passer puisque c'est ce qui nous a été promis en 1867. Si l'indépendance totale et entière ne peut pas passer au Québec, elle ne passera pas dans le ROC. On a perdu 2 référendums sur un plan B, il nous reste le plan C, le plan CONFÉDÉRATION, s'il parvient à sortir de son placard et à prendre sa place au soleil.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 février 2008

    N'y a-t-il pas toujours sur le tapis ce projet, promu un temps par l'UDIQ, des ÉTATS GÉNÉRAUX de l'indépendance du Québec?
    C'était, disait-on, le lieu privilégié de rassemblement de toutes les factions de cette quête commune: la LIBÉRATION de la seule et menacée culture française en Amérique.