En dix-huit ans, je me suis bouché le nez à chaque élection (provinciale dans tous les sens du mot). Ç’a fini par provoquer une sinusite politique virulente et purulente. Le Parti québécois a poussé chaque fois devant lui la peur de la catastrophe pour ramasser des votes et il survit, à défaut de se réformer ou de disparaître, par sa manipulation consciente de la peur : exactement la même stratégie que le Parti libéral du côté fédéraliste quoique pour une trouille symétriquement opposée à la nôtre.
Au Québec, on continue de faire ce qu’on a presque toujours fait depuis l’échec de 1837 : à cheval ou en char motorisé, on carbure à la peur, peur de rater le sauveur. Lorsque c’est insuffisant, on CAQuète par-dessus le marché. Q’eSt-ce que c’est que tout ce verbiage! Tourne à droite, tourne à gauche, tourne en rond, on n’a jamais le volant en mains, les politiciens pas davantage.
Encore heureux d’avoir élu l’équipe du tonnerre en 1960 — chanceux parce que, à cause de la mathématique électorale, la minorité des voix a remporté la majorité des sièges... En dépit de la peur, nous sommes toujours là, même si nous y perdons quelques plumes, malgré qu’on nous promette le pire autant si nous bougeons que si nous ne bougeons pas.
Le plus souvent, notre choix doit se contenter, tous bords confondus, non du meilleur mais, au mieux, du moins pire. Tout compte fait, le contraire s’est produit, par hasard ou autrement, quatre fois : 1960, 1962, 1976 et 1994. Douze ans d’espoir en cinquante-trois ans, quatorze en y ajoutant le court règne de Daniel Johnson père, où le jadis caricatural Danny Boy s’était transfiguré en véritable homme d’État, jusqu’à ce que de faux amis aillent le harceler, dans les mers du Sud, à le faire mourir d’angoisse en le menaçant des foudres financières, le Deus ex-machina qui fonctionne à tout coup ou presque.
Pourrait-on, par un don des dieux — si quelqu’un entrevoit une autre possibilité ou même un simple indice, qu’il nous le dise au plus sacrant — nous retrouver, la prochaine fois, à voter autrement que la peur aux fesses? Et pourrait-on cesser de nous trompeter l’agonie de la nation québécoise pour le prochain 29 février ou le neuvième vendredi saint?
Et qui sait, après tout, peut-être que, sur le chemin de Saint-Hermas (Damas étant loin et peu sûr ces temps-ci), même le P.Q. pourrait être frappé par la grâce politique : «Péku, Péku, pourquoi me persécutes-tu?»
En effet, être simplement éclairé semble insuffisant puisqu’il lui faudrait alors au moins le courage de regarder la lumière plutôt que son nombril, ne pas appauvrir les plus pauvres pour appâter les amateurs de richesses nordiques, ne pas promettre plutôt que de ne pas tenir, ne pas parler d’union lorsqu’il tente de phagocyter, ne pas faire miroiter la gratuité scolaire pour ensuite la transformer en indexation, ne pas promouvoir une nouvelle Loi 101 lorsqu’il doit forcément, minoritaire oblige, se contenter de l’envoyer se faire teindre chez la coiffeuse et, surtout, ne pas parler de gouvernance souverainiste quand on navigue à l’oeil dans une bourbière, j’allais dire une barbotière, provincialiste.
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3 commentaires
Chrystian Lauzon Répondre
29 mai 2013Que vos propos sont justes et à hauteur du désespoir marchand que nous a vendu ce PQMarois depuis le 4 septembre 2012. De ce parti, j’attends encore l’intelligence stratégique étrangement comme le Sauveur dont vous parlez.
L’intelligence deviendrait-elle une religion depuis que notre minimaire là-là-Tremblay jubile d’avoir trouvé le doigt de Dieu pris dans celui de la Justice? – et je ne dirai pas où… Seul ce PQMarois POUVAIT rallier, car son pouvoir sur la cause repose sur l’histoire de l’indépendance au Québec et la gouvernance qu’il a effectivement sur l’État présentement.
Or, au lieu d’ouvrir la porte à tous les partis de la cause avec humilité, il a prêché pour une seule paroisse détentrice de la vérité unique et absolue. Au fleur de lys arraché de son coquelicot rouge, Pauline Marois a ajouté le remplacement d’une orientation sociale-démocrate par l’ultralibéralisme mondialisant. Quelle avancée! Vers le « non », le néantisant d’une affirmation citoyenne.
Alors que c’est ce parti qui devrait paniquer de ses dérives et tenter de nous rallier à lui en redressant les torts faits à ses électeurs et à la nation entière, c’est à nous, les citoyens bouche-toé-le-nez, que Richard Le Hir confie la tâche du pardon et du larbinage. En pointant que l’ennemi libéralo-fédéraliste est à nos trousses, nous devons nous réfugier sous la jupe de MaroisPQ. Une logique de perdants, rien de moins.
En nous ayant vendu le désespoir, que nous reste-t-il vraiment à faire d’un « véhicule » que Marois a réussi à renverser en dé-véhicule en quelques mois de POUVOIR raté. Je ne parle pas des décisions de gestion réussies mais bien des mandats d’indépendance et de social-démocratie jetés aux mains des multinationales et du néolibéralisme. Car l’indépendance du Québec, pour et par le peuple, peut-elle être néolibérale? Parmi les casseroles, Pauline ne fredonnait pas l’appel au déficit zéro à tout prix…
Cristal de Paix
Serge Jean Répondre
29 mai 2013Le Parti Québécois nous a volé le pays, eh bien reprenons-lui. Il faut aborder ce parti et envahir la timonerie,de la même façon que les pirates s'y sont infiltrés au cours des ans; c'est un abordage massif qu'il faut par un vote massif pour en même temps sortir de ce parti les sabots de denvers opportunistes, carriéristes, et prostitués.
C'est le seul vaisseau « souverainiste » connu et reconnu dans l'inconscient collectif du peuple et il faut aborder ce vaisseau, car c'est notre seul et unique vaisseau en l'occurence que le peuple valide.
Aussi incroyable que celà puisse paraître, nous avons là une chance en or de prendre tout le contrôle du vaisseau de l'indépendance. Oui! il faut voter massivement pour ce parti, pour le vider ensuite de son cancer! Un vote de règlement de compte une fois pour toutes, et sortir tous ces mauvais marins à la barre. Alons tous! À l'abordage!
Serge Jean
Stéphane Sauvé Répondre
29 mai 2013« Le courage croît en osant et la peur en hésitant. »
Proverbe romain
Et ce gouvernement ne fait qu'hésiter, peur de ne pas plaire à l'establishment.