Commission Bouchard-Taylor : pourquoi et pour qui?

C’est mal connaitre la psychologie québécoise que de prétendre revenir de quelque 60 ans en arrière et faire comme si rien n’avait bougé

Tribune libre 2008

Messieurs Bouchard et Taylor, en humanistes patentés fiers de leur
notoriété, ont voulu laisser à la postérité l’ouvrage de leur vie, une
sorte de jurisprudence en matière d’intégration.
Charles Taylor (76 ans) anglophone, récipiendaire du Prix Templeton en
2007 (ce prix de 1,5 millions de dollars récompense «le progrès de la
recherche dans le domaine des réalités [sic!] spirituelles»), il fallait
s’y attendre, c’était clair comme de l’eau de roche que Taylor voyait en
cette commission une occasion en or de poursuivre ses vaticinations
philosophico- religieuses… mais Gérard Bouchard (64 ans) c’est plus
difficile à comprendre et à expliquer!
Michel David, dans le Devoir du 11 mai 08, colle l’étiquette d’ «homme
égaré» à Gérard Bouchard. Les sociologues Guy Rocher et Jacques Beauchemin
voient dans la publication du Rapport pour le moins… de la mauvaise foi.
Monsieur Parizeau lui non plus n’y va pas de main morte : à la poubelle!
(filière 13)
Lors des procès en hétérodoxie intentés par le Saint-Office à partir du
XVIe siècle, on retrouvait souvent parmi les juges - magistrats ou
fonctionnaires - un ancien coreligionnaire. Ce juge était bien placé pour
comprendre les déviances qu’il fallait redresser, afin de revenir
soi-disant à l’orthodoxie.
Or, ces juges étaient ordinairement plus étroits que les autres juges
lorsqu’il fallait rendre sentence (ou rendre public). C’était ce qu’on
attendait d’eux : une hyper correctivité sociale, afin de remettre à leur
place les déviants. C’est un peu ce que je ressens par rapport au Rapport
de la Commission B-T.
***
L’interculturalisme dont se parent nos deux gérontes, ressemble à s‘y
éprendre au multiculturalisme. Ce n’est pas sorcier!... vous n’avez que
quatre significations à donner à l’étymon «inter» : le milieu, le temps, la
ressemblance, le partage. Inter ne signifie et n’a jamais signifié autre
chose que mélange, sans prédominance, sans référence à une quelconque
primauté numérique. C’est le « melting pot american or canadian » si vous
préférez.
On s’étonne aussi chez nos deux Commissaires (enfin un seul… M. Taylor ne
parle guère!) du rejet par la majorité québécoise d’origine néo-française
(Nouvelle-France) du terme « Canadien Français». Pire, on y va de
répétitions en rabâchages, multipliant le rétrologisme, ouvrant des
blessures, comme pour mieux les noyer dans un pays anglophone qui a
drôlement besoin de racines pour ne pas sécher.
Le Canada a dépouillé puis travesti les uns après les autres les symboles
et les identités québécoises. Outre le terme «canadien », je pense aussi à
l’hymne national «Ô Canada» composé par Routhier et Lavallée et chanté pour
la première fois lors de la fête de la Saint-Jean le 24 juin 1880 et qui
faisait référence exclusivement au Canada français. Aujourd’hui c’est au
tour du [400ième anniversaire de la ville de Québec, de se faire diluer cf :
Québec cède le contrôle à Ottawa.->http://www.ledevoir.com/2008/06/12/193671.html]
C’est mal connaitre la psychologie québécoise que de prétendre revenir de
quelque 60 ans en arrière et faire en somme comme si rien n’avait bougé
depuis. Que l’on ne s’étonne pas de ce que le mot « Canadien » signifie
pour une grande majorité de Québécois de souche. Ce qui fut volé, même
lorsqu’il est retourné à son vrai propriétaire, est indubitablement
souillé.
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juin 2008

    Le rapport B-T est un squelette sur lequel il faut mettre de la chair. On aurait y écrire que les québécois forme UNE NATION reconnue par une motion de la chambre des communes presque à l'unanimité (seuls 13 libéraux ont voté contre la reconnaissance de notre nation), que le français en est la langue officielle et commune, que la charte des droits et libertés du Québec est incontournable et inclue l'égalité homme femme, qu'il faut prêter un serment aussi au Québec sur ces valeurs pour être recommandé à la citoyenneté, qu'on y vit déjà une laïcité ouverte (n'en déplaise à Foglia) et que les signes religieux ostentatoires (le voile) n'y seront pas acceptés dans les services de l'état (comme en France quoi) mais sans fanatisme anti et sans chasse aux sorcières; les signes discrets relevant de la LIBERTÉ. La fraternité et le respect de la personne donc sont les fondements de notre nation et il faut accepter ces principes avant touts autres pour poser sa candidature à l'immigration chez-nous. Voilà le genre de choses qui manquent dans lale rapport B-t et que l'assemblée nationale devrait insérer dans une loi d'affirmation du Québec. Mais Charest qui ne sait pas qui il est exactement se sauve ou agit comme Trudeau, l'internationaliste multiculturel, fera un texte payant électoralement sans plus: un texte uniquement sur l'égalité de la femme. La musulmane restera soumise au port du voile par les mâles de sa famille qui la domineront. Quelle égalité que celle-là!