Monsieur Jean-Daniel Lafond (cinéaste) a ce petit quelque chose qui rappelle Clotaire Rapaille, ce soi-disant spécialiste en étude de marché, engagé puis désengagé par le maire de Québec Régis Labaume pour refaire l'image de Québec. Il a cette même suffisante futilité, cette même volonté de jouer, ou de déjouer, de la réalité allant jusqu'à l'accoutrer à ses convenances.
Nés tous les deux pendant la deuxième guerre mondiale (Lafond, famille ouvrière « déracinée » en 1944 et Rapaille en 1941, d'une actrice de théâtre), ils se disaient tous deux traumatisés par le bruit des bombes. « J'étais marqué par la guerre dans ma tête et mon corps », disait Lafond, se cachant, l'un dans les placards pour ne pas entendre les feux d'artifice (Lafond, décidément les armoires à double-fond ont joué un grand rôle dans sa vie) l'autre caché par sa mère et sa grand-mère sous quelques mobiliers domestiques.
Tous les deux ont également reçu des « babioles » (Lafond), « du chewing gum et du chocolat » d'un soldat américain, sorti ou penché, c'est selon la version, de sa Jeep ou de son Tank (Rapaille). « Lors des vacances en Auvergne, le passage des soldats américains en manœuvre qui nous jetaient des babioles que je recueillais comme des objets magiques » (Lafond).
De plus, ils ont pratiquement les mêmes mots pour décrire leur « désir d'Amérique » : « Quand je serai grand je voulais devenir américain » (Rapaille) ; « Américain, Canadien, je ne faisais pas de différence à ce stade. Mes héros n'étaient pas français, mais américains » (Lafond).
Rapaille avait comme dicton : « Puisque le passé n'existe plus et le futur n'existe pas, autant les inventer », quant à Lafond il préfère le révisionnisme historique biaisé : « Les vrais premiers Québécois, ici, sont des néo-Québécois : ma femme est née en Haïti, moi en France… ». Autant dire qu'à eux deux ils réinventent et s'approprient « leur » réalité.
Voir également :
http://www.lexpress.fr/emploi-carri...
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil...
Auteur : Rodrigue Guimont