Je dois vous faire une révélation. Je n’ai jamais rencontré Jean-Daniel Lafond, le mari de la gouverneure générale Michaëlle Jean du temps que j’étais éditeur, je ne lui ai jamais serré la pince, je n’ai jamais eu de discussion avec lui. Jean-Daniel Lafond n’a jamais manifesté de sympathie envers le mouvement indépendantiste et Jacques Rose ne lui a jamais construit une bibliothèque, aménagée avec une cachette, au cas où... Est-ce que vous me croyez?
Tous ces propos qu’on attribue à Lafond sont faux et ont été inventés de toutes pièces pour nuire à la carrière de ce cinéaste obscur, devenu numéro deux depuis la nomination de sa femme au poste de gouverneur général du Canada.
Ce serait d’ailleurs vraiment triste, vous l’admettrez, si Lafond avait eu, par le passé, quelques sympathies pour cette noble cause de l’indépendance du Québec. Comment cet homme hautain et si imbu de lui-même aurait-il pu manifester de l’empathie pour tous ceux qui ont lutté et luttent encore pour l’indépendance de cette « province française », qui est néanmoins la patrie de la nation québécoise, quelque chose de différent de la nation canadienne? Jean-Daniel Lafond n’a jamais souffert en sa chair propre le poids de la dépendance, son destin personnel n’a jamais été lié au destin collectif du peuple québécois, il n’a jamais été un cinéaste engagé, « engagé comme l’algue est accrochée à son rocher » (Aimé Césaire), il n’a jamais connu le combat pour la dignité et la liberté.
Une telle liaison, une telle connivence entre le mouvement indépendantiste et Lafond, si elle avait existé réellement, aurait été susceptible d’entraîner une solidarité inébranlable, qui n’aurait pu être biffée du jour au lendemain, aussi alléchante pouvait être l’offre d’emploi du gouvernement fédéral. Mais ce ne fut pas le cas. Lafond n’est pas un intellectuel ayant des capacités de réfléchir sur la dimension du colonialisme au XXe siècle. Il a la fâcheuse habitude de diminuer un peuple pour tenter d’en grandir un autre, comme il l’a fait récemment dans une entrevue accordée au magazine « L’Express », en tenant des propos vides de sens mais néanmoins outrageants.
Sans doute, le rôle de numéro deux, qu’il joue depuis quelques années, où il doit sans cesse s’effacer devant sa gouverneure générale de femme, lui pèse-t-il énormément et le porte à des déclarations erratiques. D’ailleurs qui est-il, Lafond, pour se prononcer de la sorte sur une question aussi vitale que la survie de la nation québécoise? Il nous arrive avec ses vieux dogmes européens pour les appliquer à une situation qu’il ne connaît que très peu, en nous accusant de pratiquer un nationalisme ethnique « fondé sur l’appartenance biologique »! Il ne connaît rien à notre idiosyncrasie, à notre « difficulté d’être », à notre « négritude », pour employer des termes chers à Aimé Césaire, le poète martiniquais qui a prouvé qu’« on peut en même temps être fier de son identité et prôner l’universalité ». Il parle de culture sans rien savoir d’un système politique qui ne fait qu’alimenter nos frustrations culturelles.
En fait, Jean-Daniel Lafond est un Louis 19 antipathique, un tonton-macoute qui s’ignore. C’est un fondamentaliste qui ne fait qu’attiser les haines et détruire la beauté de notre combat, où la générosité, la pluralité des cultures et le rêve occupent une place prépondérante.
Pas question de laisser notre combat aux broyeurs de rêves. Jean-Daniel Lafond ne fut jamais de notre combat, il n’a jamais rien risqué, n’a jamais rêvé, et en cela il est totalement inintéressant et inutile. Qu’il retourne à son vélo stationnaire!
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