obsession raciale

L’homme blanc au banc des accusés

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« Hommes et femmes, Blancs et Noirs ne pourraient plus vivre ensemble. C’est le règne de la détestation. »


Les États-Unis sont capables du meilleur et du pire.


Le pire aujourd’hui, c’est « la tribalisation du monde, l’obsession raciale, le cauchemar identitaire » qui font tache d’huile sur les campus universitaires, déclenchant une chasse à l’homme blanc hétérosexuel et mangeur de viande, la nouvelle personnalisation de la culpabilité, affirme d’emblée l’essayiste et romancier Pascal Bruckner.


Une nouvelle idéologie s’est substituée à la quête d’une société plus juste portée par de nombreuses générations. La race, le genre, l’identité ont remplacé le vieux rêve socialiste. Exit la lutte des classes. Les multinationales, le patron, le bourgeois, c’est ringard. « Pour trois discours, néoféministe, antiraciste, décolonial, le coupable désormais est l’homme blanc, réduit à sa couleur de peau. C’est lui le pelé, le galeux, responsable de tous les maux. » 


Ces discours identitaires, qui tentent de nous inculquer le déshonneur de ce que nous sommes, sont tous fabriqués aux États-Unis, pays inspirant pour ces nouveaux philosophes. La force de séduction de l’empire nord-américain est telle qu’on en vient même à vouloir endosser ses crimes, « alors que la France n’a jamais pratiqué l’esclavage ou la ségrégation sur son territoire ».


Obscurantisme


Les combats d’hier ont été dévoyés et le progressisme s’est transformé en obscurantisme, déplore Bruckner. Quel est désormais notre ennemi ? demande-t-il. « Non pas les dictatures ou les autocraties mais le régime qui nous accorde le maximum d’autonomie. » Or, dit-il, il y a bien deux fascismes : « celui de la droite extrême, bien connu, celui de l’ultragauche identitaire, plus subtil, car camouflé sous la bannière de l’antifascisme, l’anti-impérialisme, l’antiracisme. »


Hommes et femmes, Blancs et Noirs ne pourraient plus vivre ensemble. C’est le règne de la détestation. Désormais, mieux vaudrait être foncé que pâle, homosexuel ou transgenre qu’hétérosexuel. Et si on est bêtement blanc, place à l’autoflagellation. L’homme blanc devient ainsi le bouc émissaire parfait, l’ennemi No 1, et son pénis, une arme de destruction massive. Tout homme est un violeur en puissance, mais avec des circonstances atténuantes si on est un Non-Blanc. Cela s’expliquerait par les habitudes culturelles dans les pays d’où sont issus les migrants africains ou dans ceux du Proche-Orient, entend-on de la bouche de militantes et militants islamistes. « Il faut savoir que pour les plus ardentes dénonciatrices de l’espèce masculine, il y a des viols plus admissibles que d’autres s’ils sont commis par des musulmans ou des migrants », conclut l’auteur.


Cette attitude relativement nouvelle s’explique par le concept d’« intersectionnalité » : « Chacun de nous, selon sa situation de classe, de race, de genre, d’identité, est traversé de multiples infirmités qui l’asservissent. [...] Par exemple, une femme noire lesbienne peut se prévaloir de trois oppressions qui comptent comme autant de notes dans son cursus et plus encore si elle est handicapée. » Dans un tel contexte, un hétérosexuel blanc est le grand perdant. 


L’auteur pointe « un certain féminisme contemporain qui dénonce l’attirance entre les sexes comme une anomalie à gommer ». Tous les gestes amoureux d’un homme envers une femme seraient des actes de viol. Mais si le viol est partout, il n’est plus nulle part, précise Bruckner.


Bruckner aborde, entre autres, la question du déboulonnage des statues érigées à la mémoire des héros d’hier. « On barbouille de rouge la statue de Cervantes à San Francisco, alors qu’il fut lui-même esclave des Barbaresques durant cinq ans, on tague les bustes de De Gaulle ou Churchill, les deux vainqueurs du nazisme. Leur vrai crime, en réalité, au-delà de la duplicité réelle des personnages, c’est d’avoir été blancs, conservateurs et imbus des préjugés de leur époque. »


Mais on sent chez Bruckner beaucoup de ressentiment lorsqu’il évoque les luttes de libération, celle de l’Algérie surtout. Comme s’il tentait d’excuser les massacres commis par la France par la guerre civile qui fit 200 000 victimes trente ans après la proclamation de l’Algérie libre. « Le tiers-mondisme fut en partie une faillite », affirme-t-il, mais il oublie de préciser que ce tiers-mondisme fut une réponse à un système colonial qui a permis que des empires se constituent et s’enrichissent aux dépens de ces pays du tiers-monde.




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