Bronca au Québec contre l'époux de la gouverneure générale du Canada

JD Lafond - profondeur abyssale d'un génie méconnu, mais parvenu


Le couple Michaëlle Jean et Jean-Daniel Lafond. Le mari de la Gouverneure générale est sous le feu des critiques depuis la publication d'une interview dans L'Express.
Par Anne-Laurence Gollion - Jean-Daniel Lafond, le mari de Michaëlle Jean, la Gouverneure générale du Canada, a tenu dans les colonnes de L'Express des propos peu amènes envers la cause indépendantiste québécoise. En oubliant quelques anciennes amitiés souverainistes.

En racontant son parcours dans les colonnes de L'Express, Jean-Daniel Lafond n'imaginait sans doute pas que son entrevue serait à ce point reprise et commentée... Elle a pourtant suscité plus de 400 commentaires sur le site de Radio-Canada, dans la Belle province. Car évoquer la question, très sensible, de l'indépendance du Québec ne manque jamais de faire réagir. Surtout quand on est l'époux français naturalisé canadien de la chef d'Etat de facto du Canada, Michaëlle Jean.
En cause, certaines phrases péremptoires que les sympathisants du Québec libre ont du mal à digérer comme "le nationalisme québécois ne sert plus" ou encore "le combat pour le Québec libre est mort en 1970" (date de l'enlèvement puis de l'assassinat du ministre Pierre Laporte par le Front de Libération du Québec).
Des assertions qui font enrager le président de la société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu: "L'indépendance du Québec, c'est une nécessité géopolitique pour assurer l'avenir du Français en Amérique". Le président du Conseil de la souveraineté du Québec, Gérald Larose accuse Lafond de versatilité concernant la question québécoise et accuse le "premier homme" du Canada de révisionnisme depuis qu'il occupe les premiers rangs protocolaires: "Lafond fait de la désinformation. C'est son rôle. Il a à produire une fiction".
"Sur quelle planète habite-t-il?"
De même, lorsque Lafond souligne la vitalité de la langue française hors-Québec, Larose s'interroge: "Sur quelle planète habite-t-il? Ne lit-il pas les rapports annuels des différents commissaires aux langues officielles? Il n'y a pas de volonté politique de promouvoir le français!". Le bloggeur Patrick Lagacé renchérit: "Pas un mot sur l'assimilation galopante des "francos". Juste la version carte postale, celle des grandes cérémonies où règnent la pompe, le faste et les ronds de jambe".
Se construire une réputation présentable, proche des francophones et des anglophones en oubliant son passé: c'est en substance ce que lui reprochent ses adversaires. Comme le rappelle le site très revendicatif Vigile.net, Jean-Daniel Lafond a longtemps fréquenté des personnalités du monde indépendantiste québecois, dont les cinéastes Pierre Perrault et Gilles Carle. Jacques Rose, l'ancienne figure du Front de Libération du Québec (FLQ), présent lors de l'enlèvement de Laporte, aurait même effectué des travaux au domicile de Lafond, il y a quelques années. Comme le rappelle l'écrivain québecois René Boulanger, "Jean-Daniel Lafond ne frayait pas avec des politiciens de pacotille mais avec de purs révolutionnaires". Une sympathie pour les séparatistes que Lafond avait exprimée dans La liberté en colère, un ouvrage oublié en 1993 aux éditions de l'Hexagone.
La nomination de Michaëlle Jean en 2005 au poste de gouverneure générale avait été accueillie avec circonspection dans les milieux souverainistes. Beaucoup pressentaient un alignement de son époux, l'ancien artiste subversif, sur la ligne d'Ottawa. Une amie de Lafond, Odile Tremblay, chronique cinéma au Devoir, avait pourtant assuré: "Difficile d'imaginer Jean-Daniel Lafond dans le rôle du prince consort fédéraliste qui retiendra sa langue. Il aime tant parler et le fait si bien". Elle ne croyait pas si bien dire.


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