Autocolonialisme et mauvais comptables

Chronique de Bernard Desgagné

Le reportage Du sable dans l'engrenage, diffusé récemment à Radio-Canada, fait ressortir deux problèmes importants.
Premièrement, l'économie du Canada est de type colonial. Le Canada n'est plus une colonie, mais il a choisi lui-même le colonialisme comme système économique. Le Canada s'autocolonise: il brade ses ressources naturelles au détriment des générations actuelles et futures. Au Québec, c'est à peu près la même philosophie qui a cours. Le développement anarchique du secteur éolien, la surexploitation des forêts et le peu d'efforts consentis pour économiser l'énergie, au lieu de saccager les fleuves et les rivières du Nord, en sont de bonnes illustrations. Pour les gouvernements et les gens d'affaires canadiens et québécois, il est beaucoup plus facile de faire de l'argent en pillant qu'en créant.
Deuxièmement, la dichotomie entre l'environnement et l'économie est une prémisse fallacieuse. Il n'y a ni environnementalistes, ni économistes. Il n'y a que de bons et de mauvais comptables. Les premiers comptent tous les couts et tous les bénéfices; les seconds n'en comptent qu'une partie. L'exploitation des ressources naturelles du Canada et du Québec, que l'on exporte en vrac, se fait sans compter ce qu'il nous en coutera plus tard, lorsque nous devrons réparer les pots cassés. Elle se fait aussi sans compter la richesse vitale que constitue la nature elle-même.
Pour progresser, le Canada et le Québec doivent se défaire de la pensée autocolonisante et dichotomique en matière de ressources naturelles, d'environnement et d'économie. La science économique doit intégrer l'écologie.
Bernard Desgagné

Gatineau


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