Aristote et Hérouxville

Tribune libre - 2007


Dans ses devoirs de philo du journal Le Devoir du 8 septembre 2007, [Gilles
Voyer signe un texte sur Aristote->http://www.ledevoir.com/2007/09/08/156041.html], qu'il voit comme étant un promoteur des
accommodements raisonnables.
Il écrit que le juste et l'équitable sont bons, nous dit Aristote; mais
que c'est l'équitable qui est le meilleur des deux. L'équitable est
supérieur au juste, car il restaure l'égalité lorsqu'un respect intégral de
la loi brise cette égalité.
Je suis tout à fait d'accord avec l'auteur à savoir qu'une personne
aveugle soumise à l'obligation de se rendre seule à l'isoloir lors d'un
vote doit avoir l'option d'être accompagnée par une personne de son choix
et que la loi électorale doit tenir compte de cette circonstance
exceptionnelle afin de reconnaître à la personne aveugle son plein droit de
vote.
Cependant, plus loin dans son texte, sous la thématique des règles sensées
promouvoir l'égalité, M. Voyer glisse lamentablement sur le terrain des
croyances en se demandant si cela signifie qu'on ne peut jamais faire
d'accommodement sur les principes qui promeuvent l'égalité? Il se répond,
à lui-même, en disant qu'il semble que non et qu'il y a des situations où
il faut, semble-t-il, s'y résigner.
M. Voyer y va de l'exemple suivant: un mari s'oppose à ce que son épouse
soit examinée par un médecin masculin, à première vue on serait tenté de
passer outre en vertu du principe d'égalité hommes-femmes. Mais, selon M.
Voyer, il faut tenir compte des conséquences qu'aurait une telle attitude
sur l'épouse en question, en voyant la possibilité de la répudiation et du
rejet de l'épouse en cause par sa propre famille. Parce que la croyance de
cette famille l'amènerait à croire que l'intervention d'un professionnel de
la santé masculin l'aurait rendue impure.
Avec ce raisonnement douteux, l'auteur plaide pour un nouveau type
d'accommodement religieux, dit conséquentiel.
Admettons, concrètement, que la femme d'un époux comme ça serait en mesure
d'exiger les services d'une femme médecin. Hypothétiquement, dans
l'éventualité où elle se présenterait à un hôpital et qu'il n'y aurait pas
de femme médecin de disponible pour le service médical requis, est-ce qu'on
laisserait cette exigence mettre en péril la vie de la patiente? Est-ce
qu'on démissionnerait devant le devoir de lui prodiguer, sur le champ, les
soins nécessaires à son état?
Avant d'aller plus loin, j'aimerais aborder le refus des transfusions
sanguines par les Témoins de Jéhovah et j'aurais été tenté de demander à M.
Voyer où il se situe par rapport à ce genre de préjugé qui peut engendrer
des conséquences mortelles?
Revenons à son exemple d'une femme dont le mari s'oppose à ce que son
épouse soit examinée par un médecin masculin.
Il faut se rappeler que du temps d'Aristote, l'esclavagisme existait. M.
Voyer le mentionne dans son article. Mais, il ne semble pas pousser plus
loin son analyse pour tenir compte d'une autre forme d'esclavagisme qui se
manifeste plus subtilement, voire insidieusement, qui est l'apanage de
toutes les croyances religieuses qui, implicitement, confèrent un statut
inférieur à cette moitié de l'humanité soumise aux ordres masculins de ces
diverses fantaisies théologiques.
Au Québec, face à un clergé oppressant qui dominait bien des sphères du
domaine public, la société québécoise a eu tendance à se
déconfessionnaliser, peu à peu.
Maintenant, comment se fait-il qu'on admette que des considérations
religieuses viendraient intervenir dans la sphère publique ou, plus
particulièrement, dans nos hôpitaux?
Je crois que toute cette question doit être abordée comme étant une
problématique sociale de condition féminine et - dans un sens plus large -
d'éducation à la citoyenneté.
Dans un autre ordre d'idées, on a eu des nouvelles d'Hérouxville cette
semaine. S'appuyant sur des sondages favorables à 80% et plus, [André
Drouin et Bernard Thompson->8709] ont adressé les recommandations suivantes à Jean
Charest: convocation de l'Assemblée nationale en vue d'un vote sur la
motion suivante à savoir que l'Assemblée nationale du Québec retire à tout
individu, groupe ou association la possibilité d'obtenir un accommodement
de type religieux sur son territoire.
Ces deux individus n'ont pas senti le besoin de consulter Charles Taylor
ou de faire un grand débat philosophique pour faire passer leur message.
Cinglants à l'endroit de M. Charest, ils ajoutent que si la motion est
majoritairement approuvée par les députés élus de l'Assemblée nationale,
qu'au moins, il (Jean Charest) aura finalement pris une décision.
Mets ça dans ta pipe mon Aristote...
Daniel Sénéchal

Montréal
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    10 septembre 2007

    De François Perrier le 19 septembre 2007.
    À Daniel Sénéchal et son texte "Aristote et Hérouxville".
    Vous êtes trop bon envers ce Voyer, M. Sénéchal, et espérons qu'il est meilleur médecin que (sic)maître en philosophie. Quant à son éthique macho, elle est abjecte. Mais j'y reviens.
    Vous avec oublié le plus important, en ce qui a trait au contre-exemple de l'accommodement prétendu PARFAIT, de Voyer, lequel en réalité témoigne (a) de son manque de bon goût, et (b) de tout son àplatventrisme congénital face aux altérités. Et il fait de son compromis dans la compromission, un accommodement DÉraisonnable.
    Voyer affirme qu'il n'y a pas de norme ou de pratique universelle prescrivant la présence du lard dans un plat de fèves AU LARD, dans une cabane au sucre, à la maison ou au restaurant. Voyer réduisant alors cet ajout de lard à une "simple pratique commerciale".
    Huit millions et demi de Québécois de souche française et leurs alliés non-arabe et non-juifs, PLUS un mythique million de Canadien français - PLUS 400 ans d'histoire nationale -- affirment au contraire qu'il faut du lard dans les binnes - sans compter les oreilles de crisse, comme amuses-gueule. Est-ce assez UNIVERSEL pour vous ça M. Voyer !? Voyer se révèle de la pire espèce de CanadiAns-français de la négation de l'histoire culinaire, avec un H majuscule.
    Quant à ses règles d'égalite dans de misérables grands principes aristotéliciens et la "résignation hypocrite" de Voyer, qu'il rebaptise un accommodement "conséquentialiste", elle fait de lui un macho raciste de la même trempe que ce mari qui répudirait et/ou lapiderait son épouse pour ensuite lui couper les vivres, la laissant ou morte, ou sans ressources et à la remorque de la nation québécoise, pour survivre.
    Docteur Voyer, il s'agira plutôt de pendre le mécréant à un arbre, par ses couilles, jusqu'à ce que le sang afflue à son cerveau, de façon à l'irriguer, afin de lui rendre la raison. Et pour s'assurer que sa fonctionne, l'État québécois confisquera tout ses biens terrestres et les donnera à Mme, puis déportera Mossié dans son pays d'origine. Comme ça on n'en parle plus.
    Pour vous docteur Voyer, qui fréquentez de bien mauvais maîtres de philo, ça sera $ 100 pour la consultation.