Quand le PQ avait promis, la main sur le coeur, de « faire de la politique autrement », on aurait pensé que cela se traduirait par un peu plus de respect et d’honnêteté intellectuelle dans le débat politique. Plus encore que la foire d’empoigne dont l’Assemblée nationale donne quotidiennement le spectacle, la tournure navrante prise par la course à la chefferie permet de prendre la mesure de cette illusion. Tous partis confondus, il s’agit sans doute de la moins édifiante que le Québec ait connue depuis des années.
De passage au Devoir vendredi, Paul Saint-Pierre Plamondon ne cachait pas son dépit. Après avoir eu droit à quelques bons mots sur la fraîcheur qu’apportait sa candidature et l’aisance qu’il avait manifestée pour un nouveau venu en politique, il a complètement disparu de l’écran radar des médias qui n’en ont plus que pour les coups bas que s’échangent ses adversaires, alors que son propre discours est assurément le plus neuf.
En 2005, les rivaux d’André Boisclair s’étaient tous abstenus d’évoquer sa consommation de cocaïne à l’époque où il était membre du cabinet Bouchard. Il est vrai que durant la course libérale de 2013, Raymond Bachand s’était fait vivement reprocher d’avoir rappelé l’association de Philippe Couillard avec l’escroc qu’était Arthur Porter, mais il s’agissait d’un fait indiscutable.
Associer Alexandre Cloutier à Adil Charkaoui et lui inventer un entourage musulman, comme l’a fait Jean-François Lisée, n’avait rien de « facétieux ». C’était aussi vicieux que faux. Remarquez, M. Lisée n’a jamais eu la prétention de faire de la politique autrement. Simplement d’y mettre plus d’imagination. Selon Gilles Duceppe, il s’est disqualifié pour occuper le poste de chef du PQ, mais bon nombre de péquistes pensent manifestement le contraire.
M. Saint-Pierre Plamondon se présente comme le seul candidat à vouloir changer la culture du PQ, mais le plus urgent aux yeux de plusieurs semble plutôt être de battre les libéraux et il est clair que ces derniers n’ont aucune intention de renoncer aux bonnes vieilles méthodes. Dans ces conditions, aussi bien choisir un chef qui n’hésitera pas à rendre coup pour coup, quitte à remettre le renouvellement de la politique à plus tard. Le dernier sondage Crop vient de rendre un grand service à M. Lisée en le présentant comme le plus dangereux adversaire pour les libéraux.
Paradoxalement, M. Saint-Pierre Plamondon est le seul autre candidat à partager avec M. Lisée la conviction que le PQ doit s’engager à ne pas tenir de référendum dans un premier mandat et qu’un « bon gouvernement » est encore le meilleur moyen de donner à la population le goût d’en tenir un, même si les deux diffèrent sur la suite des choses. La question est de savoir comment il pourra continuer à militer au sein d’un parti dont la culture le rebute autant qu’il le dit. Il est vrai que l’homo politicus peut être remarquablement adaptable.
Il ne mesure peut-être pas à quel point sa proposition de déboulonner la souveraineté de son « socle » au profit de la notion de service public peut être déroutante pour des gens qui ont toujours cru que l’indépendance était plutôt la condition première d’une société plus juste. Dans son essai intitulé Les orphelins politiques, il explique que le départ des baby-boomers de la vie politique active « marquera la fin de vieilles pratiques politiques ancrées qui ne correspondent plus à la volonté populaire ». Le danger est qu’il marque aussi la fin du PQ, où ils sont dangereusement surreprésentés, plutôt qu’une renaissance.
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