Une Constitution québécoise est nécessaire

Pour une constitution du Québec

Jacques-Yvan Morin nous fait part de ses réflexions sur la pertinence d’entamer « une démarche d’affirmation de notre existence au plan constitutionnel » dans son article intitulé [« Retour sur l’histoire et Perspective d’avenir »->14385]. L’article vaut le détour. Faire un projet constitutionnel qui se bornerait au thème de la transmission des belles valeurs acceptables au Canada, pondre finalement une Constitution qui donnerait le mi bémol, des détails supplémentaires à notre statut de province, voilà qui risque fort de nous scléroser davantage.
Très souvent au Québec, on confond « souci du consensus » et l’évitement pur et simple. Si Jean Charest entamait demain une démarche constitutionnelle, il s’excuserait d’avance en promettant de ne faire ni mieux ni pire que les britanno-colombiens! Et Radio-Canada, tout le long des pourparlers, nous servirait des témoignages, en direct du pupitre à Vancouver, engageant un éditorialiste du Vancouver Sun à nous rassurer sur le fait que tout s’exécute dans les règles.
Quand une nation se dote d’une Constitution, c’est au moins pour affirmer ses droits nationaux à l’existence. Aussi sommes-nous mieux de nous inspirer de l’énoncé de 1969 des délégués du Québec à l’issue des assises déjà cité dans l’article de Jacques-Yvan Morin. Cet énoncé ne veillait pas qu’à assurer les verrous et la soumission au serrurier. Il affirmait le droit à l’autodétermination, des dispositions sur les droits de la personne, l’intégrité territoriale, le suffrage universel, les objectifs fondamentaux du peuple du Québec, la suprématie de la Constitution sur toutes les autres lois et le droit d’initiative constitutionnelle de la nation québécoise.
Notre vie politique est perçue par une grande partie de la population comme un face à face grandiloquent entre fédéralistes et indépendantistes. L’électorat québécois redoute que trop d’initiatives engendrent une virulence symétrique de l’autre camp. Respecter le moule actuel leur paraît comme une solution obligée. Or cette solution est surdéterminée par ce que Claude Morin a justement qualifié dans son livre La Dérive d’Ottawa de « conception administrative du fédéralisme » : « Le reste du Canada, écrit-il, est porté à voir les provinces comme des structures régionales de gestion ».
Une partie de la bonne fortune du parti Libéral au Québec vient justement de ce choix limité, le seul possible entre bien-être administratif et contestation du régime. La population en est venue à craindre une pétrification querelleuse entre les partis. A un point tel que se confiner dans le statut provincial se présente comme l’unique façon quelque peu efficace de faire bouger les choses.
Si nous ne prenons pas garde, a-t-on tendance à penser, un pas de travers, et au lieu de régler les vrais problèmes, nous ne pourrons plus nous extirper de l’opposition entre défenseurs de la nation et défenseurs de l’individu. L’anachronique tandem, fédéralistes versus séparatistes, servira de cadre obligé à nos débats. Viendra le couperet d’une instance juridique supérieure qui réitérera que la « province » est la vraie cellule de base de la nation québécoise dans un Canada uni.
Alors que faire? Officiellement, la nation québécoise n’est plus une nation anonyme. Plus le temps passera cependant, plus le statut provincial deviendra une structure refuge à laquelle il n’est pas si terrible de s’habituer. Souvent les sondages le démontrent. La population en a marre de cet antagonisme répétitif entre fédéralistes et séparatistes.
Pour le fédéraliste, la joute est très facile : éterniser le débat, le déclarer à la fois démocratique et dépassé. Pour que la nation québécoise demeure la province du Canada, il lui suffit de réaffirmer qu’une bonne province est l’ultime abri pour des relations solidaires avec les voisins. Comme Québécois, on a tellement entendu de ces débats soulignant que le souci d’efficacité ne doit pas l’emporter sur le sentiment qu’on évite tout propos, tout geste le moindrement fondamental.
La province, cette unité administrative, offre une position dans le pays, des relations statutaires. Chaque jour, s’y soumettant, on renforce implicitement cette idée qu’après c’est le déluge. Avant même d’avoir remis le projet d’une vraie Constitution nationale sur la table à dessin, déjà des voix s’élèvent pour se demander en quoi c’est nécessaire au bon fonctionnement de la société canadienne.
La nation québécoise doit apprendre à penser selon ses propres critères nationaux. Il y a malheureusement à parier qu’elle ne le fera pas, ou beaucoup trop peu, tant qu’elle ne se sera pas outillée d’un cadre délibéré par elle. Trop de règles de « bon fonctionnement » suggèrent que la mission première de la nation québécoise est de se dissoudre dans la solidarité plus large de la nation canadienne.
Un bon exercice constitutionnel peut être salutaire au Québec pour signifier qu’un distinguo minimal s’impose. Le Québec doit affirmer son droit d’initiative constitutionnelle. S’il s’abstient de briser le moule provincial au nom du conformisme autoritaire et holiste du grand pays canadien, il va rester dans ce qui est, à l’évidence, l’instance d’apprentissage à l’obéissance.
Sous prétexte d’éviter les « vieilles querelles dépassées », la nation québécoise vaquera et diminuera sur le lieu du conformisme. Elle fondra, bien assise dans une tradition constitutionnelle imposée par d’autres.
André Savard


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20 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2008

    « Si cette constitution était votée par une majorité substantielle… »

    1er août 2008 Bruno Deshaies
    La question est de savoir comment on parviendra à créer cette « majorité substantielle ». Le problème demeure toujours entier ? Même si cette constitution avait des allures très progressistes, elle ne pourrait pas entraver les lois constitutionnelles canadiennes de prévaloir.

    Maurice Duplessis avec son premier projet de loi sur l’impôt provincial en 1954 a dû reculer devant l’offensive du gouvernement canadien d’alors dirigé par Louis Stephen St. Laurent – un député premier ministre libéral élu au Québec. (Une nouvelle loi a été adoptée l’année suivante pour s’harmoniser avec la position fédérale.) Par conséquent, St. Laurent est le digne successeur de Sir Wilfrid Laurier et le prédécesseur de Pierre Elliot Trudeau, tous deux des québécois (!).
    Pour ceux qui croient aux valeurs de la persuasion, il serait prioritaire de mettre nos énergies en commun au lieu de se disperser et agir, finalement, sans ordre et sans cohésion. Le mérite des Académies de l’indépendance du Québec consiste à actionner le levier de l’indépendance et à désirer agir dans la même direction.

  • Raymond Poulin Répondre

    29 juillet 2008

    Monsieur Deshaies, je n'ai jamais prétendu que les académies de l'indépendance n'étaient pas nécessaires, j'ai même affirmé le contraire, y compris dans un texte récent. Mon seul désaccord là-dessus: cet instrument ne peut exclure tous les autres. Quant au projet d'une constitution québécoise, j'y souscris pour autant que cette constitution ne s'inféode pas à la constitution canadienne. Elle serait alors contestée par Ottawa? En effet. Et alors? Si cette constitution était votée par une majorité substantielle à la suite d'une constituante, la situation pourrait devenir très intéressante. Une provocation? Absolument. Je ne prétends pas avoir raison et encore moins disposer d'une boule de cristal, mais, pour le moment, j'en suis là.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 juillet 2008

    En réponse au commentaire de M. Poulin du 18 juillet dernier
    28 juillet 2008 Bruno Deshaies
    Monsieur Poulin, votre sagesse m’éblouit. Mais je persiste à dire que de vouloir « penser en présence des faits » vaut mieux que d’étaler ses états d’âme nationalistes. Vous ne partagez mes idées, c’est votre droit. Mais tout ce boucan au sujet d’une constitution provinciale incluse dans le fédéralisme canadian n’est que de la poudre aux yeux pour les nationalistes.

    M. Savard exprime son point de vue. En contrepartie, je lui soumets le mien. Quant aux Académies de l’indépendance, je soutiens qu’elles sont nécessaires dans les circonstances. Sachez que des Instituts du fédéralisme existent et qu’ils sont financés par le gouvernement canadian. Allez voir et vous m’en donnerez des nouvelles.
    Quant à nous, il serait grand temps de cesser de s’asticoter sur des questions secondaires.
    L’UNION DES INDÉPENDANTISTES DOIT L’EMPORTER SUR LES DIVISIONS AFIN D’ALLER À L’ESSENTIEL.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 juillet 2008

    @Espoir
    En pognant !
    Il faut "pogner" en français.
    Un phénomène incroyable autour de moi récemment est de m'être vu invité par mes garçons à regarder le dernier film de Sacha Baron Cohen "Borat", un acteur juif jouant un documentariste du Kazakhstan dans son premier film, maintenant jouant un maghrébin Hip-Hop qui "impose" sa "culture" à l'occident.
    Tordant.
    Ce qui m'a encore plus rempli de joie, fut que mes jeunes et leurs amis ayant vu la version originale anglaise et la traduction française préféraient tous la française. La langue correspondait plus et mieux au personnage et les jeux de mots étaient plus "riches" en français !
    J'ai ensuite aussi regardé les deux versions et me devait de confirmer leurs observations. La langue française permettait plus de subtilités et rendait le tout plus humoristique car plus profond dans l'absurde.
    Il ne faut surtout pas immiter l'anglais.
    Nous n'imposerons cette langue que par la séduction de ses qualités propres et uniques.
    C'est une langue supérieure et mérite un effort supérieur. Elle n'est pas une langue pour les faibles.
    Ce n'est pas à la langue de nous défendre, mais à nous de la servir comme elle le mérite.
    Ce n'est pas par des règles d'orthographe ou précisions de grammaire, mais par le jeux libre qui permet ce qu'il était convenu ne pouvait pas se permettre.
    Faut faire "pogner" de l'entendre français.
    C'est à nous d'en donner l'envie.
    Elle ne servira pas si nous ne savons la servir nous-mêmes.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2008

    «MM. Verrier et Deshaies, en transformant en outils polémiques des expressions de l’historien Séguin, peuvent se permettre d’étiqueter (ou de stigmatiser) comme fédéralistes tous les indépendantistes qui ne suivent pas à la lettre la bonne voie, c’est-à-dire la leur. Joli tour de passe-passe sophistique. Allez, élève Savard, au confessionnal de l’Académie, et plus vite que ça...»
    Comme le débat quitte le champ du débat politique pour glisser dans celui de la caricature, je vais considérer l'occasion comme ratée et clore ma participation ici.
    Gilles Verrier

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    19 juillet 2008

    Pour progresser, ne faut-il pas émettre des pistes de solution?
    M.G.Tremblay, vous dites: "Il faut toucher le peuple. Le peuple doit reprendre contact avec le concret" Et alors?... Quel segment du peuple nous échappe? Qu'est-ce qui est assez concret pour expliquer à notre jeunesse qui Wants to pogne, comme à des administrateurs de Bombardier, que l'affirmation nationale n'est pas une faiblesse. Les Suédois ont appelé leur chaîne Ikéa. Personne ne sait ce que ça signifie mais c'est renommé de par le monde. Pourquoi une C-Series, fabriquée au Québec ne pouvait-elle pas s'appeler L'éclair ou Valcourt?...
    Se concentrer ensemble sur la rédaction du Compendium de ce qui constitue le Québec, qui en fait une bombe éventuellement modèle pour les peuples en lutte, n'est-ce pas un projet rassembleur, concret et "emballant" comme disait notre ami Cloutier?
    M. Haché: "Croyez-vous sérieusement que l'opération et le résultat de l'opération pourraient transformer des fédés en indép...
    Transformer des gens qui ont vendu le programme du 400ième au Canada, ce n'est pas un projet, c'est une utopie. Il faut se concentrer sur ceux qui sont encore récupérables, les jeunes qui vont habiter ce Québec libre et en faire leur grande fièreté dans leurs entreprises internationales...

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2008

    L’avenir politique a préséance sur l’avenir constitutionnel. Il précède. Il le fonde. C’est ça le social du peuple,de la nation. Le politique. Pas la politique. Partisane et petite. Le domaine politique. Et ce n’est pas mystique.
    L’avenir politique se fait quotidiennement. Cela s’appelle la lutte nationale. Qui est le contraire de la lutte reportée.
    Allez-vous soutenir que la nation kurde,bien plus nombreuse que la nation québécoise,mais ostracisée variablement par différents états,qu'il pourrait être très utile qu'elle se crée une constitution idéale pour les trente millions de kurdes de la région.
    Les kurdes s'en moqueraient.Ils répondraient :mais on nous tire dessus !Nous sommes dans la lutte.Nous nous défendons à tous les jours.
    Et croyez-vous que le peuple québécois n'est pas dans une situation parallèle.Que si on ne nous tire pas dessus,comme se tue à nous le rappeler M.Bousquet,avec raison,ici,dans Vigile,c'est tout simplement parce que ce serait immoral,que ce serait intenable politiquement,mais, finalement, parce que cela n'a aucune nécessité.Tout simplement.Cela n'a aucune nécessité.
    Les forces qui assujettissent sont si grandes qu'il n'est plus nécessaire de nous tirer dessus.Depuis longtemps.Il n'est plus nécessaire de nous ostraciser.`Nous le faisons nous-mêmes.Le 400 ime est éloquent à cet égard.Pourquoi donc reporter notre lutte de libération,qui reste,elle, par ailleurs, toute autant d'actualité, nécessaire.
    Pourquoi souhaitez-vous tant,à la fin, que des partis provinciaux initient une constitution qui soit libératrice.Sont-ils seulement eux-mêmes libérateurs
    Croyez-vous sérieusement que l'opération et le résultat de l'opération pourraient tranformer des fédéralistes en indépendantistes.Soyons zen !
    L'indépendance sans lutte,mais dans 100 ans ...
    Bonne chance.


  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2008

    Si la tâche est de ne rien toucher tant qu’on ne sera pas indépendant, ne touchons rien, donc.(André Savard)
    C'est le peuple qu'il faut toucher, pas une constitution.
    Un peuple c'est un dialogue.
    Il faut toucher le peuple pour faire l'indépendance, pas le contraire.
    Les partis "indépendantistes" actuellement, font dans la pornographie. Ils vous donnent l'illusion du "toucher" pour vous satisfaire à court terme. Ils vous séduisent par un intermédiare virtuel.
    Il n'ont pas de lien direct et véritable avec le peuple.
    Le peuple doit reprendre contact avec le concret et délaisser le virtuel.

  • Raymond Poulin Répondre

    18 juillet 2008

    MM. Verrier et Deshaies, en transformant en outils polémiques des expressions de l'historien Séguin, peuvent se permettre d'étiqueter (ou de stigmatiser) comme fédéralistes tous les indépendantistes qui ne suivent pas à la lettre la bonne voie, c'est-à-dire la leur. Joli tour de passe-passe sophistique. Allez, élève Savard, au confessionnal de l'Académie, et plus vite que ça...

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2008

    Monsieur Verrier
    Le souverainisme qui ne se pense que sur le terrain indépendantiste, avec une institutionnalisation indépendantiste, des catégories d'intelligibilité indépendantiste, ça donne un cogito indépendantiste avec un théâtre d'opération indépendantiste. Ensuite vous pensez à une manière de canaliser les comportements, à une machine qui prendra des décisions strictement indépendantiste sans être entachée par les réactions mutuelles au milieu fédéraliste. Avec ça comme programme politique, c'est à se demander si la politique est social ou un idéal mystique.

  • Michel Guay Répondre

    18 juillet 2008

    Passer de provincialiste et colonisé à nationaliste et ouvert sur le monde voilà notre destin si nous voulons que le Québec devienne un pays libre avec une constitution à notre image et nnotre ressemblance .

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    18 juillet 2008

    Et s’il s’agissait d’une constitution de Québec libre?
    On s’objecte à parler de constitution du Québec annexé au Canada : « Il faudrait s’approprier l’objectif politique de l’indépendance par petits groupes grandissants puis massivement. Le simple fait de s’approprier collectivement cette idée serait la véritable libération.. » « l’idée d’indépendance ne nous vient pas naturellement…)
    QUE DIT JACQUES-YVAN MORIN? « …démarche constituante, qui continue de hanter bon nombre de Québécois,… commandée par les manœuvres fédérales autour de la tenue de nouveaux référendums… Assemblée nationale, 2000, amenée à rappeler principes et prérogatives du peuple québécois et de L’ÉTAT DU QUÉBEC… »
    « …droit de choisir librement le RÉGIME POLITIQUE et le STATUT JURIDIQUE de L’ÉTAT… »
    « Quel contenu donner à une Loi fondamentale du Québec? … qui définissent le statut DU QUÉBEC… »
    « Le Comment?…l’intérêt soulevé par l’élaboration d’une Constitution, la participation populaire et le foisonnement probable de propositions portant sur les nombreux projets de société qui alimentent la vie publique québécoise soulèvent … pour assurer l’aboutissement effectif du processus…et son PROLONGEMENT DANS L’AVENIR, pour le cas où le peuple choisirait de modifier le STATUT DE L’ÉTAT AUTONOME QUÉBÉCOIS. »
    Assemblée nationale. L’idée d’une assemblée constituante a été prônée par divers groupes militants et d’un parti politique. Elle serait sûrement à examiner au moment où serait élaborée la CONSTITUTION D’UN QUÉBEC SOUVERAIN. Dans le cadre actuel, cependant… on peut souhaiter, à tout le moins, qu’elle établisse, dans une nouvelle Constitution autonome, le principe de la consultation populaire pour toute modification ultérieure. » (Le miroir d’une nation, Le Devoir, 15 juillet’08, p. A7)
    Loin de l’idée d’attendre un DIVIN BIG BANG, le projet ne parle-t-il pas justement de susciter la PARTICIPATION POPULAIRE? (…s’approprier l’objectif politique de l’indépendance par petits groupes grandissants, puis massivement)
    Bien sûr, nous sommes toujours dans le carcan Canadian, et dès que nous en sortons le nez, les Cours nous ramènent à l’ordre violemment : Loi 101! Même le projet de loi de Mme Marois sur la citoyenneté québécoise, qui s’étirait visiblement le cou jusque dans un éventuel Québec souverain,( en proposant que ne soient éligibles au vote universel que les citoyens ayant réussi un examen national de français après 2 ans de cours gratuits), a vite été décrié comme anticonstitutionnel (Canadian). C’est sans doute pour ces raisons que le Professeur de droit constitutionnel use de circonspection dans ses textes.
    Cependant, dans les milieux indépendantistes dynamiques, il n’est pas interdit de voir dans ces travaux une nécessaire fonction d’émulation et surtout, comme le conclut M. Morin : « Si nous réussissons, après quarante ans d’efforts et de tergiversations, à enchâsser dans une nouvelle loi fondamentale un COMPENDIUM DE VALEURS ET D’OBJECTIFS MAJEURS DE LA NATION, qui serait également un précieux INSTRUMENT D’ÉDUCATION CIVIQUE, alors nous pourrions espérer doter le Québec d’un instrument qui en serait à la fois le MIROIR et le PORTRAIT IDÉAL. »
    … et le cas échéant, un DOCUMENT FONDATEUR.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juillet 2008

    Monsieur Savard,
    Votre position politique est simplement fédéraliste, assortie d'une douce perspective indépendantiste. Ne le prenez pas comme une insulte, je suis ici sur le terrain politique et je sais que la plupart des souverainistes partagent d'ailleurs votre manière de voir les choses. Le "souverainisme" se pense dans le cadre fédéraliste canadien. Au lieu de lutter pour rompre le cycle de la domination politique vous voudriez que, par une Constitution asservie au Canada, l'on en témoigne au monde. On pourrait le dire autrement et c'est de la redite: la lutte dans le régime ne conduira pas à l'indépendance, la lutte doit porter sur le régime. C'est la différence entre l'approche fédéraliste et l'approche indépendantiste.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2008

    L’indépendance constitue le pare-feu par excellence
    contre la subordination politique sur place dans le fédéralisme

    Le cadre fédéral n’est pas immuable. Toutefois, les prétentions des Québécois à vouloir modifier le cadre constitutionnel de 1867 (qui est le prolongement de 1840) les obligent à préparer des opérations politiques largement plus étendues que de s’engager dans un exercice pédagogique qui les soulagerait du mal du centralisme canadian par l’illusion de la rédaction d’une constitution provinciale.
    .....................

    « Seul un changement révolutionnaire du statut politique du Québec peut apporter un changement fondamental. »

    [...]
    Les Québécois sont programmés pour penser dans l’optique fédéraliste au lieu que dans l’optique indépendantiste. [...]
    Le vrai fédéralisme existe, bien sûr, mais il est par essence centralisateur.
    La suite sur le Blog.
    Bruno Deshaies
    L'Académie de l'indépendance du Québec
    Blog : Le Rond-Point des sciences humaines

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2008

    Et si ce manque d'une Constitution vraiment osée, vraiment affirmative, une partie de la responsabilité en était attribuable à cette manie que nous avons d'attendre le vrai combat? À force de se dire: ce sera l'indépendance pour de vrai et tout le reste ne peut que nous enliser dans la diversion, ne laisse-t-on pas l'extériorisation de la nation à d'autres? À force de miser sur la fermentation, la mobilisation de ladite constellation indépendantiste, ne dédaigne-t-on pas d'affirmer tout de suite notre légitimité nationale? N'oublions pas que le Canada comme modèle d'une totalité intégratrice stable (et passablement fermée) est le seul qui s'extériorise. Si la tâche est de ne rien toucher tant qu'on ne sera pas indépendant, ne touchons rien, donc. Parlons de "courage" si vous voulez, de "formation". Moi, les habitués de ma chronique le savent, je ne marche dans ce raisonnement. Pour moi, ça équivaut à se faire manchot et à espérer un big bang culturel.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2008

    S’il est vrai que l’argent mène le monde, ne serait-il pas fantasque de lui subordonner tout le reste comme secondaire ? Aura-t-il réussi son pari par le seul fait de réduire à du blabla toute autre considération ? (Ougho)
    Le dollar américain menait le monde, c'est vrai. Nous sommes témoins de la fin de cet empire. Le système économique construit sur le dollar américain s'effondre. C'est la "mère de toutes les crises"(Volkner) qui se prépare chez notre plus important importateur (85%) et nous, Québécois, aurons une fenêtre pour jouer nos cartes.
    Oui, tout le reste est (était, bientôt) subordonné à ce système. Toutes les institutions et la politique y sont.
    La première "valeur" dans une constitution est la monaie et l'indépendance de la Banque. Tout le reste en dépend.
    Le moulin à vent c'est la fédération canadienne. Elle même a été littéralement offerte aux banquiers privés internationaux sur un plat d'argent par Trudeau et son ministre des finances d'alors, Jean Chrétien et poursuivit plus tard par Mulronney. Ils ont mis la Banque du Canada au service des banques privées qui sont devenues les prêteuses pour le gouvernement fédéral et les provinces. Avant ces trois moineaux, le Canada gérait sa propre dette (Banque du Canada) qui était stable à 18 milliards en 1974.
    Aujourd'hui, tous les habitants de la fédération sont au service du payement des intérêts de la dette de 600 milliards (50 milliards par an) qui va directement dans les poches de ces quelques familles de banquiers internationaux. Ce sont eux que sert Desmarais depuis le début (Trudeau, Chrétien, Mulronney, des créatures de Desmarais). Voilà le vrai pouvoir. Depuis 1974, c'est 1.5 trillions de dollars que nous avons versé à ces quelques familles et dans 200 ans rien aura changé. C'est carrément l'esclavage.
    L'indépendance véritable des Québécois est un État qui se sort de ce système mafieux. Autrement ce n'est que de la poudre aux yeux.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 juillet 2008

    Provocateur? Fin renard? Habile priseur? M. Gébé parie qu’il aura posé le premier jalon d’un long débat-Vigile sur la rédaction de la Constitution québécoise en établissant comme Article 1, la frappe de la monnaie?
    S’il est vrai que l’argent mène le monde, ne serait-il pas fantasque de lui subordonner tout le reste comme secondaire? Aura-t-il réussi son pari par le seul fait de réduire à du blabla toute autre considération?
    De quel régime politique se dotera le Québec?
    Parlons-nous de Pays ou de Terrritoire autonome dans le Canada?
    Propriété des ressources naturelles. Citoyenneté(devoirs/privilèges). Relations internationales.
    Système électoral. Administration publique(Finances-fiscalité-répartition de la richesse-MONNAIE)
    Défense/Douanes. Agriculture. Éducation-Culture-Langue.
    Santé-Sécurité-Emploi-Logement.
    Transports(aérien-ferroviaire-maritime-routier-urbain…)
    Environnement/Sport/Loisirs...etc...

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juillet 2008

    Nous voilà maintenant sollicités à prendre part à un débat purement académique sur l'intérêt que pourrait représenter l'adoption d'une constitution du Québec annexé au Canada. La belle affaire. Le PQ a été au pouvoir plusieurs années pendant lesquelles il a eu parfois le vent dans les voiles. Malheureusement, il n'a pas su faire adopter une constitution en temps opportun, ce que reconnaît honnêtement Jacques-Yvan Morin lui-même. Maintenant que les libéraux sont au pouvoir et que la date de péremption du PQ est expirée, que faut-il penser d'une telle idée au-delà de l'intérêt purement académique qu'elle peut représenter ?
    Les exutoires sont commodes et ils ont la vie dure. Ils ressurgissent périodiquement comme des bouées de sauvetage politiques dont le sort ultime est généralement connu d'avance. C'est comme l'exutoire du Québec français dans le Canada. Mais pourquoi diantre faudrait-il toujours se perdre dans des combats de minoritaires sans ambition ? Probablement parce que notre tradition politique est étrangère à l'exercice du véritable pouvoir politique. Tout simplement.
    Pour cette raison, il est extrêmement difficile pour nous Québécois de nous approprier l'idée de l'indépendance, d'exprimer et de justifier cet objectif en tant que tel. Cet objectif politique exprimé n'a pas de tradition véritable et dépasse tout simplement notre entendement, il dépasse l'entendement de la plupart des Québécois politisés. À un point tel que le PQ, même au pouvoir, même avec le vent dans les voiles était désemparé devant le défi d'assumer seul, vraiment seul, et en toute indépendance le pouvoir politique. Aujourd'hui, le défi n'est pas moins considérable. Il faudrait s'approprier l'objectif politique de l'indépendance (très difficile) par petits groupes grandissants, puis massivement. Le simple fait de s'approprier collectivement cette idée serait la véritable libération. Pourquoi ne pas se consacrer à "la vraie affaire" plutôt que de continuellement se débattre dans le mirage de vils exutoires, c'est la question que je pose.
    Que de temps perdu à s'attaquer aux moulins à vent.
    Gilles Verrier

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juillet 2008

    Article 1:
    C'est au Gouvernement du Québec qu'appartiendra le droit de frapper l'argent et d'en régler la valeur.
    Le reste est secondaire.
    Une constitution sans cet article premier n'est qu'un bout de papier empli de blabla.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    15 juillet 2008

    Monsieur Savard,
    Comme vous vous référez librement aux articles de J.-Y. Morin, je rapporte ici sa phrase qui résume l'amorce du COMMENT:
    "Dans le cadre juridique actuel, l'initiative de la démarche revient à l'Assemblée nationale; sans elle, rien ne peut aboutir ni même se mettre en train. Mais elle ne devrait pas agir seule et prendrait sans doute soin, comme le veut le projet de loi n° 196, d'y associer des représentants de la société civile, comme elle l'a fait dans le passé au sein de commissions spéciales, avec mission de procéder à une vaste consultation en parcourant toutes les régions du Québec."
    "L'initiative de la démarche revient à l'Assemblée nationale..."
    Ceci veut dire que notre grande hâte de procéder passe par nos DÉPUTÉS. Pourrais-je suggérer, M. Savard, que vous utilisiez votre tribune pour proposer un Formulaire uniforme que chaque participant à Vigile utiliserait pour inciter son député à exercer son pouvoir collégial de mettre en branle un tel projet? Et Vigile, comme groupe communautaire, pourrait entre temps préparer son propre mémoire à soumettre à cette éventuelle commission itinérante qui ne manquerait pas de sillonner le Québec pendant le temps qu'il faudra...