POLITIQUE QUÉBÉCOISE

Un «statu quo» trompeur

Legault était celui qui avait le plus à gagner, mais surtout le plus à perdre

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Une analyse insignifiante

Tant que le PQ et la CAQ vont se séparer à peu près également le gros de l’électorat francophone, les libéraux vont pouvoir continuer à dormir en paix. Ils ne devront s’inquiéter que si l’un des deux s’impose clairement comme solution de rechange.

À cet égard, le résultat des élections partielles de lundi, qui consacre le statu quo, peut sembler rassurant.

La lutte a pourtant été chaude dans Verdun. Si le PQ et Québec solidaire avaient réussi à s’entendre pour désigner un candidat commun, le PLQ aurait mordu la poussière, comme cela avait aussi été le cas lors de l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne en novembre 2015. Après avoir plus que doublé son score, alors que la progression du PQ est très légère, il reste à voir si QS aura vraiment envie d’une alliance.

Le premier ministre Couillard gagne quand même au change dans Verdun. Alors que Jacques Daoust était devenu un boulet, la nouvelle députée, Isabelle Melançon, qui a une longue expérience de la politique, a toutes les qualités requises pour accéder au Conseil des ministres.

Il ne faut pas tirer de conclusions prématurées d’élections partielles, mais deux ans d’austérité et le lourd héritage sur le plan de l’éthique laissé par Jean Charest ont laissé des traces. Le pourcentage de voix recueillies par le PLQ est sérieusement en baisse dans les quatre circonscriptions. Le statu quo dans la répartition des sièges à l’Assemblée nationale pourrait être trompeur.

Tenues à peine deux moins après le couronnement de Jean-François Lisée, ces quatre élections étaient inévitablement perçues comme un premier test de son leadership. Si les résultats ne traduisent pas plus de « liséemanie » que les derniers sondages, les louvoiements du nouveau chef n’ont manifestement pas indisposé les électeurs. Au moment où nous écrivions ces lignes, le vote péquiste était en hausse partout, sauf dans Arthabaska.

Sans surprise, le PQ conserve son bastion de Marie-Victorin et l’ancien fief de Pierre Karl Péladeau.

Au départ, la CAQ avait Saint-Jérôme dans sa mire, mais la bouchée était manifestement trop grosse. La victoire de 2012 était un accident de parcours dû largement à la notoriété de Jacques Duchesneau. Ce justicier tombait pile dans une campagne où les questions d’intégrité étaient omniprésentes.

M. Lisée peut se féliciter lui aussi d’avoir fait élire une recrue de choix. La nouvelle députée de Marie-Victorin, Catherine Fournier, qui avait remporté l’investiture péquiste de haute lutte après avoir vainement tenté de se faire élire à la Chambre des communes sous les couleurs du Bloc québécois, est une jeune économiste qui a la politique dans le sang.

Pour faire la démonstration qu’il n’est pas le parti d’une génération, le PQ pouvait difficilement rêver mieux que l’élection de Mme Fournier, qui devient la plus jeune députée de l’Assemblée nationale.

François Legault était celui qui avait le plus à gagner, mais surtout celui qui avait le plus à perdre. La similitude entre l’élection dans Arthabaska et celle que la CAQ avait perdue dans Chauveau en juin 2015 était trop frappante pour ne pas susciter d’inquiétude.

Dans les deux cas, la CAQ devait remplacer un ou une député(e) éconduit(e) par le chef, mais qui jouissait de l’affection de ses commettants. Alors que Gérard Deltell semble voué à une belle carrière à Ottawa, le destin tragique de Sylvie Roy rendait sa succession encore plus difficile.

Il est vrai que M. Legault a semblé reconnaître les mérites de Mme Roy de façon bien tardive, même si les torts étaient partagés dans ce douloureux divorce. Les libéraux n’en ont pas moins exploité la situation de façon presque indécente.

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