Sondage Léger Marketing - Constitution: vive le statu quo!

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Tant qu'un parti de pouvoir n'en fait pas la promotion, les Québécois ne se sentent pas obligés de se brancher

Si Philippe Couillard veut rouvrir le débat constitutionnel et faire en sorte que le Québec signe la Constitution en 2017, il devra travailler fort pour convaincre les Québécois de l’utilité de la démarche. À peine un quart de la population trouve ainsi important que le Québec signe le document, et moins de 30 % se dit favorable à ce que l’épineux débat soit rouvert.
Selon un sondage Léger Marketing préparé pour Le Devoir et The Gazette, le dossier constitutionnel n’apparaît pas comme une priorité pour les Québécois. À la question de savoir s’il est « important ou non que le Québec signe la Constitution de 1982 », 26 % du millier de répondants disent oui, mais 46 % pensent le contraire. Un fort contingent (28 %) ne sait pas.
C’est chez les libéraux de Philippe Couillard que l’appétit est le plus marqué (43 % des électeurs libéraux trouvent importante la question), alors qu’à peine un péquiste sur dix (11 %) accorde de l’importance au dossier. À la Coalition avenir Québec (CAQ), dont le chef François Legault a promis de mettre la question nationale en suspens pour dix ans, un électeur sur quatre (27 %) répond positivement à la question. Les francophones accordent moins d’importance au dossier (19 %) que les répondants parlant d’autres langues (54 %).
Dans la foulée, 29 % des répondants se disent favorables à la réouverture du débat constitutionnel, alors que 39 % y sont défavorables, ce qui laisse 32 % d’indécis. L’appui est plus fort chez les libéraux (38 %), et assez semblable chez les péquistes (23 %), les caquistes (28 %), les solidaires (25 %) et Option nationale (32 %). À noter que les sous-échantillons par parti comportent des marges d’erreur plus importantes.
Les résultats sont semblables lorsque Léger Marketing demande si les répondants sont favorables à la proposition de Philippe Couillard de signer la Constitution en 2017, lors du 150e anniversaire du Canada. Le tiers des répondants ont dit oui, un autre tiers ont dit non, et un autre ne sait pas…
« Je ne peux pas concevoir que l’on puisse s’investir en politique québécoise et choisir le Canada sans le désir de voir le Québec réintégrer un jour la famille canadienne, disait Philippe Couillard quelques heures avant d’être élu chef du Parti libéral du Québec. On ne peut pas vouer à l’oubli un enjeu aussi fort sur le plan des symboles que l’absence de la signature du Québec au bas de la loi maîtresse du Canada. » Il a plus tard précisé que la Constitution n’était pas « une priorité quotidienne », celle-ci étant l’économie.
Souveraineté
Cette tiédeur des Québécois pour le débat constitutionnel est aussi valable pour la question de la souveraineté. Le sondage montre ainsi que, si un référendum sur la souveraineté avait eu lieu la semaine dernière, 33 % des gens auraient voté oui, contre 57 % de non (l’échantillon est de 500 répondants pour cette question). Et si un référendum offrant deux options - soit que le Québec signe la Constitution, soit qu’il devienne souverain - avait été organisé, il aurait donné un résultat nul : 44 % des répondants auraient choisi la Constitution et 42 %, la souveraineté.
Donc ? « Les Québécois savent ce qu’ils ne veulent pas, mais ne savent pas ce qu’ils veulent, dit Jean-Marc Léger, président de la firme. Ils disent qu’ils sont contre la Constitution, que ce n’est pas important, qu’ils ne veulent pas qu’on la signe. Mais ils sont aussi contre la souveraineté et ne veulent pas de référendum. Si on regarde depuis 1980, les Québécois disent non à toutes les propositions, rien ne leur convient. » C’est le règne du statu quo.

Rien à gagner
Jean-Marc Léger estime que le nouveau chef libéral n’a « rien à gagner politiquement à rouvrir le dossier. Mais il peut se demander s’il est acceptable que le Québec ne signe pas l’acte fondamental d’un pays : ça, c’est autre chose. »
Les résultats du sondage apparaissent a priori contradictoires avec ceux d’un autre sondage Léger Marketing dévoilé le 26 mars 2012 par l’Association internationale des études québécoises, qui organisait alors un colloque sur les 30 ans du rapatriement de la Constitution. Plus de 70 % des répondants indiquaient à ce moment qu’ils souhaitaient que le gouvernement du Québec prenne l’initiative de soumettre à Ottawa un projet permettant à la province de signer la Loi constitutionnelle.
Le sondage a été réalisé en ligne entre le 25 et le 28 mars auprès de 1001 personnes. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 % dans 19 cas sur 20 (les sondages Internet ne sont pas considérés comme probabilistes).
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Pour lire le sondage


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