Revenir au souffle vital et fondateur de ce mouvement

M. Boisclair, vous êtes en déni de notre option et votre repentir ne va pas assez loin.

Tribune libre - 2007



À la mémoire de Pierre Bourgault

En hommage à Jacques Parizeau

Les résultats du vote de lundi, en parallèle avec son faible taux de participation, nous démontrent à quel point les sondeurs et les analystes de tous les spectres idéologiques de nos médias du divertissement se sont tout à fait fourvoyés par rapport à l'ampleur de cette vague adéquiste et de cette présumée effervescence de la population par rapport à cette élection.

À mon avis, le système électoral actuel en est un qui génère ou entretient des réseaux de connexions complaisantes et interdépendantes du monde médiatique et politique, qui entraine à son tour la corruption de ce processus.

Une élection au Québec, c'est devenu une sorte de course pour la captation du pouvoir, strictement pour le pouvoir, une espèce de cirque où foisonnent les clichés et les promesses creuses de lendemains meilleurs.

Pas plus futé que ces analystes ci-haut mentionnés, je dois vous avouer que je pensais que l'ADQ récolterait un maximum de 25 sièges. À mon horreur, je réalise maintenant à quel point M. Dumont a réussi à se faire du capital politique sur le dos du Montréal multi-ethnique et d'une certaine élite politique montréalaise. Aussi, j'ai constaté que son image de gratteux qui veut faire du ménage chez les assistés-sociaux et les fonctionnaires a bien résonné avec les populations de certaines régions où il a su rentabiliser ses interventions pleines de fausses promesses, avec cette trame de fond d'un Québec déchiré par les accommodements raisonnables.

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Face à ce constat, il y a quelque chose qui est devenu assez évident pour moi. En tant qu'indépendantiste et membre du PQ, je crois qu'on doit revenir au souffle vital et fondateur de ce mouvement. Il faut que notre parti se reconcentre sur certaines idées de base s'articulant autour de la primauté et de la défense d'un Québec français, vibrant au diapason d'un authentique mouvement vers l'indépendance culturelle et économique du Québec.

Ça prendra le temps qu'il faudra, mais, notre futur chef devra actualiser son discours à cette volonté d'émancipation. Ce faisant, il fera ressurgir ce goût de liberté et d'indépendance, étant toujours soucieux de faire la promotion de cette noble volonté, la ramenant au niveau discursif qu'elle mérite.

Nous devrons voir à ce que notre futur chef le fasse haut et fort, même suite à cette amère défaite électorale.

Ce ne sera pas une tâche de tout repos que de trouver un chef à notre mesure. S'il y a une leçon à tirer du passé, c'est qu'il faudra être patient et rigoureux dans ce choix si important.

Je suis encore assez naïf pour croire que le Parti Québécois appartient à ses membres. Si M. Boisclair ne veut plus défendre l'article un de notre parti, qui est la raison d'être de ce parti, c'est notre devoir de le remplacer au plus vite.

Les commentateurs de nos médias du divertissement se trompent lamentablement quand ils prétendent que le PQ est un tueur ou un mangeur de chefs. Le problème, c'est qu'à certaines époques, on a voulu que le PQ devienne le parti d'un seul homme, au mépris même de ses membres, entravant, avec leurs egos gonflés, l'expression même de la volonté indépendantiste.

Le PQ n'avait pas à répondre aux attentes de M. Lévesque ou de M. Bouchard. La quête du pouvoir, pour le pouvoir, ne devrait pas venir corrompre l'essence même de ce parti.

Le PQ devra se mettre à la recherche de quelqu'un qui est vraiment habité par cette volonté d'indépendance et qui y investira tout son talent, toutes ses pensées et toutes ses énergies. Quelqu'un qui poursuivra inlassablement ce cheminement. C'est la seule façon que les membres finiront vraiment par le suivre et que le peuple embarquera.

M. Boisclair, vous êtes en déni de notre option et votre repentir ne va pas assez loin. Vous devrez céder la place à quelqu'un qui supportera notre juste cause et qui s'abreuvera à la sève de ce parti, les indépendantistes, ceux que l'on nomme injustement les purs et durs.

Lors du prochain vote de confiance qui portera sur votre chefferie au PQ, il faudra vous rappeler certaines choses de base sur notre volonté de voir se réaliser notre projet et je tiendrai absolument à faire une intervention en ce sens.

Daniel Sénéchal

Montréal


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