Retour à la normale

Fallait y penser - Sarko, c'était l'anormal! Faudrait voir maintenant les chroniques de ce Dubuc au moment où Sarko a été élu, au Fouquet's, et sur le bobateau de son ami milliardaire... Un éloge de l'anormalité?!


Un peu partout à travers le monde, et surtout dans les pays anglo-saxons, on a eu tendance à interpréter la victoire du candidat socialiste François Hollande aux présidentielles de dimanche dernier comme l'amorce par la France d'un virage à gauche.
J'aurais plutôt tendance à y voir un retour à la normale, après le court règne de Nicolas Sarkozy, qui n'aura finalement été qu'une anomalie, une parenthèse dans la vue politique française. En chassant le président Sarkozy, l'outsider, les électeurs français n'ont pas fait un choix idéologique. Ils sont plutôt revenus vers leur zone de confort politique. La rupture, ce n'est pas la victoire de François Hollande cette année, c'était plutôt d'avoir choisi Sarkozy il y a cinq ans.
Bien des facteurs ont joué dans la désaffection des Français à l'égard de leur président - sa personnalité abrasive, ses flirts avec l'électorat d'extrême droite, mais beaucoup aussi son obsession pour les réformes, sa volonté de brasser la cage. Son agitation n'a pas donné beaucoup de résultats en fin de compte, à part la réforme des pensions, mais elle a irrité et épuisé une bonne partie de l'électorat.
On ne décèle d'ailleurs pas le parfum d'un printemps français dans la victoire de M. Hollande. Il a triomphé avec une marge modeste quand on sait l'impopularité de son adversaire. D'autant plus que le candidat socialiste incarnait la prudence et la modération, si on oublie quelques promesses qui ont frappé l'imagination - comme la taxe sur les super-riches - qui ont plus une portée symbolique que pratique. Le fait qu'il soit un énarque, et donc membre de la caste qui dirige la France depuis des décennies, renforce ce message de continuité.
Mais les Français, par ce vote, et à travers la dynamique de la campagne électorale, ont certainement exprimé leur allergie aux réformes qui les bousculent, très clairement affirmé leur refus de l'austérité et leur attachement aux droits acquis.
Ce que ça annonce, ce ne sont pas des gestes spectaculaires ou des virages marqués, mais le retour au train-train français traditionnel. Cela ne mènera pas à des drames ou à des catastrophes, mais plutôt à une poursuite de l'imperceptible déclin d'une nation engagée sur un faux plat descendant. Un peu plus d'État, une lutte au déficit plus molle, un enlisement progressif dans l'endettement, et la même incapacité à s'attaquer au chômage.
En choisissant François Hollande, les Français se sont éloignés encore plus de la voie qu'a choisie la quasi-totalité de ses voisins, à l'exception de ceux qui sont au sud de ses frontières. Cette voie, c'est celle des réformes structurelles dans lesquelles se sont engagés, depuis le tournant du siècle, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas ou les pays scandinaves, qui font en sorte qu'ils sont maintenant en meilleure posture que la France.
Il faut dire que le président Sarkozy n'avait pas vraiment réussi à rompre avec la conception traditionnelle que la France se fait du développement économique, sa méfiance des marchés, sa confiance démesurée dans la capacité de l'État d'assurer la prospérité. Souvenons-nous de la grande promesse qui avait contribué à sa victoire, il y a cinq ans, celle d'améliorer le pouvoir d'achat des Français. Un genre d'engagement électoral inconcevable ici.
Il suffit de voir le nombre de jeunes Français qui choisissent le Québec pour constater que la France a des problèmes. Ce qui inquiète dans la victoire socialiste, c'est que la multiplication des interventions alourdisse encore plus une économie déjà rigide et que cela empêche la France de surmonter ce qui constitue son principal échec, son incapacité chronique de créer des emplois pour les jeunes et de les intégrer dans le tissu économique et social.


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