Regardons plutôt du côté de Jean Charest

Le manoir de Mme Marois vaut trois millions de dollars? Les résidences de Jean Charest, elles, en valent deux millions. Comment donc M. Charest a-t-il pu se les payer?

Chronique de Bernard Desgagné

Le journal Le Québécois avait soulevé en octobre 2006 une question légitime concernant les résidences du premier ministre Jean Charest. En réaction, une véritable opération d'intimidation avait eu lieu. Les avocats de M. Charest avaient envoyé une mise en demeure au Québécois et à d'autres journaux. Deux journalistes de Sherbrooke qui avaient osé s'intéresser à la question avaient été congédiés sur-le-champ par les amis conservateurs de M. Charest chez Quebecor. Le Québécois ne s'est jamais rétracté et reste encore aujourd'hui sur ses positions.
Il est intéressant de rappeler l'affaire des résidences de Jean Charest un an plus tard, alors que le journal The Gazette vient de convier le public et la classe médiatique du Québec à un petit festin de cannibalisme où le plat du jour était Pauline Marois. Les Américains aiment élire des présidents venant de riches familles, mais les Québécois, eux, ont une sorte de répulsion à l'égard de l'argent qui leur fait préférer en général des dirigeants qui ont l'air de tirer le diable par la queue. The Gazette et d'autres médias savaient qu'en montrant le manoir de Mme Marois en boucle à la télé, ils nuiraient considérablement à son image au Québec.
Bien peu de gens semblent avoir retenu de l'histoire du manoir de l'Ile Bizard que la fortune de Mme Marois la met dans une certaine mesure à l'abri de l'influence indue de riches donateurs, ce qui n'est pas le cas de M. Charest, un avocat qui n'a jamais pratiqué sa profession, qui n'a jamais été homme d'affaires, qui vient d'un milieu modeste, qui n'a pas marié une femme riche et qui a tout de même trouvé quelque part l'argent nécessaire pour mener un train de vie princier. Le manoir de Mme Marois vaut trois millions de dollars? Les résidences de Jean Charest, elles, en valent deux millions. Comment donc M. Charest a-t-il pu se les payer?
Il ne s’agit pas de salir la réputation de M. Charest, mais bien de savoir si de généreux donateurs l’ont encouragé ou récompensé avec des cadeaux pour qu’il vienne défendre le PLQ et le fédéralisme au Québec. C’est une question primordiale.
Je veux savoir pourquoi le train de vie de mon premier ministre semble dépasser largement ses moyens. Je veux que M. Charest nous dise, ne serait-ce que sommairement, mais tout de même avec preuves à l’appui, comment il peut se payer ce luxe. Je n’ai absolument rien contre la richesse et je sais que M. Charest travaille très fort. Je serais même d’avis que le salaire de premier ministre du Québec n’est pas assez élevé. Mais j’ai le droit de savoir si mon premier ministre travaille à temps plein pour le peuple québécois ou s'il est redevable à des personnes en particulier. Mme Marois a joué cartes sur table. C'est maintenant le tour de M. Charest de nous montrer qu'il n'a rien à cacher.
Mme Marois a élevé quatre enfants et a déjà fait une grande carrière de politicienne. Au lieu de se faire élire chef du Parti québécois et de défendre la cause de l'indépendance du Québec, elle aurait pu se la couler douce dans son manoir. Elle a choisi de servir de nouveau le peuple québécois sans rien y gagner sur le plan financier et en risquant de s'attirer bien des bosses de la part des riches et puissants que le mouvement indépendantiste québécois dérange et qui disposent d'une grosse machine médiatique capable de jeter toute la boue qu'il faut en temps et lieu.
Je veux savoir maintenant si Jean Charest, lui, défend le fédéralisme au Québec parce qu’il pense sincèrement qu’il y va de l’avenir du Québec ou s’il le défend peut-être aussi parce qu’il en tire des avantages personnels. Il est temps de faire la lumière sur les résidences de Jean Charest.
Bernard Desgagné

Gatineau



Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    30 septembre 2007

    Tout compromis repose sur des concessions mutuelles,
    mais il ne saurait y avoir de concessions mutuelles
    lorsqu'il s'agit de principes fondamentaux.
    (Gandhi) Extrait de Harijan

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2007

    «Celui qui veut servir, ne gaspillera pas une seule pensée pour son confort personnel.» (Gandhi)
    Nestor Turcotte

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    30 septembre 2007

    Ah oui, O, du mémo précédent, c’est moi, et j’ajoute :
    Tout en délaissant « les valeurs immobilières », sujet en rubrique, je ne m’éloigne pas vraiment du propos. Le scandale des commandites, c’était un symptôme d’une situation lancinante. Pour cela, si ça ne suffit pas pour rompre les liens, c’est le « p’tit pain »! C’est la peur d’être incapables de gérer ses propres affaires mieux que ce régime qui nous affame délibérément.
    N’oublions pas que sans le Bloc à Ottawa, c’est le retour à la Trudeaumanie : un troupeau bêlant sous la houlette du ROC… les mains liées pour laisser rapatrier la Constitution! Quand on parle de ne pas faire table rase au Québec… conservons les postes avancés!
    Simple philosophie avec les mots du peuple.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    30 septembre 2007

    Si les Québécois avaient le moindre sens de l'Honneur, ils auraient reconnu avec le Bloc que de se faire acheter avec son propre argent, c'est intolérable! (commandites) C'est une goutte de mépris au sommet d'un amoncellement qu'il faut faire sauter! Allons, Nestor le premier, tout l'monde tout nu dans' rue!

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2007

    Pendant que les gens s'amusent afin de savoir qui, parmi les politiciens, a la plus grosse maison en ville, l'indépendance du Québec piétine. Ce n'est pas en comparant les scandales des uns et des autres que la cause va avancer. On ne fait pas l'indépendance du Québec parce qu'il y a eu le scandale des commandites. On laisse ce genre de manœuvre au Bloc québécois qui s'est fait réélire deux fois en utilisant un tel alibi.
    Gandhi, le fakir nu, a libéré l'Inde. Que naisse sur nos routes ce genre de libérateur.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 septembre 2007

    Monsieur Julien,
    J’étais en admiration devant votre premier paragraphe, presque sans faute de français. Et ensuite, je sais, vous me l’avez déjà dit, tempérament passionné… puis, on prend prétexte du sujet traité pour semer un peu de ses connaissances générales, fruit de lectures récentes, et on néglige de se relire. Mais alors, pourquoi ce saut périlleux dans l’élaboration sur vos propres goûts de l’argent?… Vous vous exposez à une enquête pointue de la part de The Gazette!… :-) Il est bien connu que ce journal traque tous les nationalistes francophones, c’est sa raison d’être! Inutile de vous questionner publiquement sur les omissions d’enquête auprès des Canadians.
    Un piège : Un texte publié trop précipitamment laisse passer des coquilles comme : « L’argent des Blanchet/Marois ne me dérange pas puisqu’il a été gagné de façon honnête. Au contraire… » !!!
    Et enfin, pour dénoncer l’arrogance congénitale du conquérant, est-ce bien nécessaire d’humilier collectivement notre tribu au point de rappeler l’époque misérable des Canadiens-français réduits à l’ignorance et à la mendicité, heureux de trouver un « bon boss » anglais?
    (en toute solidarité pour la cause)

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2007

    Pour devenir propriétaire d'un maison de 2 millions à Westmount, M. Charest devait probablement ménager, gratter, reménager et regratter avec Michou qui surveillait les spéciaux et découpait les p'tits coupons-rabais du Métro, habillait la famille chez Croteau, prenait des marches et regardait la télé comme loisir, baissait le chauffage en hiver et, s'il en manquait un peu, pouvait compter sur de bons zamis tant que le pouvoir provincial ou fédéral conservateur ou libéral fédéraliste était à portée de main ou de bulletins pour le PLQ principalement avec un char de fourni avec chauffeur et essence itou.
    Ça doit être aussi comme ça que M. Chrétien a réussit à devenir propriétaire en ontario d'une maison dans de 1 ou 2 millions. "Nos politiciens doivent être bien logés pour compenser vu qu'ils se font tellement dérangés même quand ils ont cessé d'exercer leur lourde tâche".

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2007

    Je tiens à vous féliciter monsieur Desgagné pour ce succulent article. J'invite les lecteurs de VIGILE à lire le livre de Laurent Joffrin dont le titre est:" Histoire de la gauche caviar." Il est édité par la maison Robert Laffont.
    Ceux et celles qui prétendront que madame Marois ne peux défendre les gens ordinaires, sont dans le champs. Madame Marois a fait partie de gouvernements qui ont favorisé les gens ordinaires par ses lois progressistes pour ne citer que la loi sur les garderies à 5.00$ qui fait encore l'unanimité chez les québécois.
    La gauche caviar, ce sont des gens qui malgré leur opulence personnelle entretiennent un préjugé favorable pour les gens du peuple et qui prenaient nettement parti pour les moins nantis.Il cite le grand écrivain français Zola, l'économiste britannique John Maynard Keynes, dont les théories économiques ont inspiré le New-Deal qui permit la relance de l'économie américaine après la crise de 1929 ainsi que le Plan Marshall pour la reconstruction de l'Europe d'après-guerre.Il cite aussi le marquis de La Fayette, qui fut à l'origine de la révolution américaine.
    Pensons à Kennedy dont la fortune familiale était assez importante. Son court passage à la présidence permit de mettre fin à la ségrégation raciale dans l'espace publique américain.
    Il est vrai que plusieurs sciècles de catholicisme laissent des traces.Nos élites nous ont répété à satiété, ad nauseam mêmes que nous étions nés pour un petit pain. Que l'argent étaient sales et qu'on devait gagner son ciel par la mortification et la privation. J'ose espérer que ce temps achève!
    Nous québécois entretenons une relation à l'argent et à l'abondance qui est trop souvent, profondément tordu. L'argent au fonds, n'est qu'un moyen. L'argent des Blanchet/Marois ne me dérange pas puisqu'il a été gagné de façon honnête. Au contraire,dans le cas de Marois, cela lui permettra d'être à l'abri des magouilles et combines des milieux affairistes qui seront tentés de grenouiller dans son entourage.
    En ce qui concerne votre humble serviteur, je n'ai pas personnellement de rapport problématique à l'argent.Comme il est le fruit de mes activités professionnelles, il me permet au contraire de jouir de la vie à plein sans aucune espèce de remord ou de culpabilité. J'aime le sport, les beaux livres, la bonne bouffe, le bon vin, le beau et tous les grands plaisirs de la vie.L'argent me permet toutes ces choses et cela ne me rend pas plus indifférent au sort de mes concitoyens.
    Par contre, je me questionne sur le journal The Gazette. Il me semble que plusieurs de leurs lecteurs habitent Westmount ainsi que Town of Mont-Royal. Il n'est pas rare d'y trouver de nombreux palaces à plusieurs millions de dollars. Comment se fait-il que cela n'a jamais intéressé ce journal? Comment se fait-il qu'aucun reportage ne parle de ses occupants dans leur magnifique journal? The GAzette pourrait nous expliquer comment plusieurs de leurs occupant ont exploité nos ancêtres en les faisant travailler comme des bêtes de somme dans des usines crasseuses du bas de la ville dont St-Henri.Il serait intéressant qu'un reportage exlique à nos enfants comment ces grands hommes d'affaires traitaient les travailleurs francophones comme des presqu'esclaves dans des conditions d'inmsalubrité révoltantes et à des salaires de crève-faim. Cela constituait les premiers accomodements raisonnables québécos bien avant la commision Bouchard/Taylor. The Gazette devrait plutôt nous remercier pour les avoir bien servis, au lieu de se livrer de façon méprisante à ce procès d'intentions mené contre l'une des nôtres.
    Pourquoi ce journal ne s'est jamais intéressé aux propriétés de Pierre Trudeau, Bryan Mulroney. Comme c'est curieux qu'on s'intéresse soudain à la propriété d'une francophone et en plus, présidente d'un parti souverainiste québécois!C'est sûrement un hasard!(sic)
    En terminant,je n'oserait jamais dire que The Gazette est un torchon francophobe et carrément raciste. J'aurais trop peur d'éventuels poursuites judiciaires .