Que faire avec les tiers partis?

Quel avenir pour les tiers-partis



Beaucoup de souverainistes ont été surpris par l'élection dans Mercier du premier député de Québec solidaire. Ceux qui s'en réjouissent étaient sans doute aussi très heureux de voir l'ADQ chuter au niveau de parti non-reconnu à l'Assemblée nationale. Quant au Parti québécois, il redevient un gouvernement en attente en formant une des oppositions officielles les plus fortes de l'histoire. Dans ce contexte, que doit faire le PQ au cours des quatre prochaines années?
Pour quelques-uns, la réponse est claire et nette: il faut s'allier à Québec solidaire et tout faire pour faire disparaître l'ADQ. Certains militants souverainistes semblent croire que leurs électeurs vivent encore à Saint-Henri. Beaucoup de temps a passé depuis les années 60 : le centre de gravité s'est déplacé vers les banlieues.
Le «vrai monde» a un travail rémunérateur et suffisamment de programmes sociaux pour mener une bonne vie. Peu connaissent la misère. Ne leur parlez pas de transport en commun; ce qui les intéresse, ce sont les crédits d'impôt sur l'achat de voitures moins polluantes.

S'allier à Québec solidaire, ce serait se tirer dans le pied pour le PQ. Si on compare les résultats de ce parti, on se rend compte qu'il n'y a pas vraiment de différence entre l'actuelle et la précédente élections. QS a recueilli moins de 4 % des voix, comparativement à l'ADQ qui, bien qu'en chute libre, en a recueilli plus de 16 %.
Une alliance PQ-QS pourrait faire perdre au Parti québécois ses électeurs centristes et plus conservateurs, sans pour autant convaincre les solidaires de voter pour lui. Qu'on se le tienne pour dit : la majorité des électeurs se trouve au centre.
Lundi dernier, l'ADQ a rassemblé plus de quatre fois plus d'électeurs que Québec solidaire. C'est là que se trouve l'électorat à séduire. Le PQ doit donc prendre ses distances du parti d'Amir Khadir et faire preuve d'ouverture face aux adéquistes et à ceux qui ont voté pour eux. Le PQ pourrait notamment consentir à accorder à l'ADQ le statut de parti reconnu au sein du Parlement. Cette gentillesse pourrait pousser certains députés adéquistes à se joindre finalement à leurs adversaires.
Quant à Québec solidaire, le PQ devra recourir à la méthode du «cordon sanitaire». Cela consiste à éviter toute mention dans les médias du parti visé et à s'interdire toute collaboration au sein de l'Assemblée avec ce dernier. Avec un peu de chance, les électeurs de Mercier finiront par s'en lasser et éliront un député péquiste, à moins qu'Amir Khadir, ennuyé, n'ait déjà quitté l'Assemblée nationale.
Le projet de souveraineté dont le PQ se fait le porteur est né au sein du nationalisme québécois et doit y reprendre racine. Au cours des dernières années, l'Action démocratique de Mario Dumont a défendu des idées nationalistes novatrices qui ont su rassembler nombre d'électeurs, pendant que Québec solidaire s'entêtait à défendre les accommodements raisonnables. Le Parti québécois doit donc faire preuve d'audace en ressuscitant le Camp du changement, ce rassemblement qui pour la première fois a mené le projet souverainiste au seuil de la victoire le 30 octobre 1995.
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Maxime Schinck
Étudiant en politiques appliquées
Université de Sherbrooke


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