[Madame David se dit pour la souveraineté du Québec->10334]. Fort bien. Mais ce
qu’elle propose ne tient pas la route : après l’élection de Québec
solidaire, l’élection d’une assemblée constituante suivie d’un référendum à
deux volets, un sur l’avenir politique du Québec, l’autre sur un projet de
constitution.
Le projet de madame David a d’importantes failles. L’assemblée
constituante serait élue au suffrage universel mais ne serait pas
partisane. Madame David fait semblant de croire que les partis politiques
ne se mêleraient pas de cette élection, tout en précisant elle-même que la
constituante devrait comprendre des représentants de différents groupes :
« Comme partis politiques, nous pouvons, avec modestie, soutenir des
personnes de milieux très diversifiés pour qu’elles prennent en main la
discussion sur l’avenir du Québec ».
Imaginez une assemblée constituante
contrôlée par une alliance ADQ-PLQ : rien d’impossible.
Ensuite imaginons que le référendum se tienne. À la première question
(Voulez-vous que le Québec soit indépendant?) si la réponse est oui à 50%
+1, nous sommes à peu près dans la même situation qu’avec un référendum
péquiste, à la différence qu’il y a une deuxième question pour QS. Cette
deuxième question, sur la constitution, est plus délicate car le débat est
pensé par QS en termes de « souveraineté populaire » et il devient
impossible de proposer une constitution de pays indépendant sans biaiser la
réponse à la première question. On ne pourrait pas prévoir par exemple un
régime présidentiel car celui-ci implique l’indépendance et selon QS le
peuple souverain pourrait dire non à sa souveraineté nationale.
Alors on nous demanderait peut-être: 1- Voulez-vous que le Québec soit
souverain? 2- Acceptez-vous la constitution (d’un Québec non-indépendant)
que nous vous proposons ? Dans ce cas, les réponses possibles sont
oui-oui, oui-non, non-oui et non-non, les indépendantistes ayant choisi
oui-non. Quelle serait l’interprétation faite par le parti au pouvoir (QS
dans cette hypothèse)?
QS ne prône pas l’indépendance nationale, ce n’est pas dans son programme!
Nous savons tous que ce parti a même présenté des candidats ouvertement
fédéralistes aux dernières élections. Qu’il n’essaie pas de nous berner
avec un amalgame de souveraineté populaire et de souveraineté nationale.
Un parti politique doit présenter un choix clair à l’électorat. Les
scrutins servent à choisir les élus et leurs politiques. Tout parti doit
expliquer clairement son programme et celui qui se fait élire sur la
promesse d’indépendance nationale a le devoir de réaliser son programme.
Madame David a au moins le mérite de dire qu’elle ne veut pas réaliser
l’indépendance à court terme (et peut-être pas à long terme).
Actuellement, le Parti Indépendantiste est le seul parti qui propose
vraiment l’indépendance, pas de faire un référendum pour vérifier s’il a
vraiment été élu sur le programme qu’il avait proposé. Le Parti
Indépendantiste promet de voter dès son élection une constitution
provisoire pour le pays du Québec et de mettre sur pied une assemblée
chargée de la rédaction de notre constitution permanente au terme d’une
vaste consultation. Le peuple du Québec en a assez des tergiversations, il
est temps de se décider.
C’est pourquoi j’ai moi-même décidé d’adhérer au PI. Je vous invite à
faire de même.
Colette Provost, 19 novembre 2007
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
QS ne prône pas l’indépendance nationale
Réponse au texte de Françoise David "Souveraineté : pour un pays solidaire"
Tribune libre - 2007
Colette Provost4 articles
Ex-Secrétaire générale du Parti Indépendantiste
Ex-candidate dans Pointe-aux-Trembles
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
22 novembre 2007M. Jocelyn Roy,
Votre analyse a le mérite d’être extraordinairement lucide. Il est pénible de réaliser toute l’opacité idéologique dans laquelle nous nous sommes engluées depuis le dernier référendum. La démarche de QS, du PQ et de l’ADQ à bien des égards témoigne du désarroi collectif qui nous afflige depuis lors. Cet événement marquant nous a traumatisés beaucoup plus que nous le pensons. L’heure est venue d’en mesurer toute l’ampleur si nous voulons avancer.
Nous cherchons désespérément une solution, une alternative qui, pensons-nous, nous libèrera, nous redonnera la fierté perdue. Chacun, chacune se répartit dans des familles politiques dont le programme représente le mieux leur représentation du monde. Toutes et tous sont convaincus que leur point de vue est le meilleur. C’est la démocratie dans toute sa splendeur ! Ce processus, sein et normal, dans un pays dûment constitué nous apparaît cependant comme dérisoire dans le contexte d’un Québec soumis, colonisé et qui se refuse à exister comme peuple. Nous avons oublié en cours de route que l’essentiel reste à faire. Les projets de société que nous élaborons avec tant de conviction dans nos familles politiques respectives ne pourront jamais se réaliser complètement sans d’abord passer par la maîtrise de la totalité des leviers que procure un pays.
Le Parti Indépendantiste réalise l’ampleur de sa tâche. Son défi sera de reconnaître et de respecter le point de vue des uns et des autres. La meilleure stratégie pour rassembler les Québécois autour d’un objectif ponctuel mais décisif et primordial pour leur avenir tout autant que pour leur programme politique est de ne pas en avoir. Cela ne signifie pas qu’il ne s’en donnera jamais mais s’il en propose un, ce sera après que le Québec sera devenu indépendant. Il sera alors un projet de société applicable à un nouveau pays. Le peuple choisira lequel répondra le mieux à sa vision de ce que devait être son nouveau pays. De toute façon, les programmes actuels de gestion provinciale seront périmés dans ce contexte et devront être redessinés en conséquence.
Le mieux pour le moment est donc de ne pas argumenter sur le bien fondé des programmes de l’un ou de l’autre, qu’il soit de gauche ou de droite. Il est préférable, en lieu et place, que le Parti Indépendantiste avance des arguments qui convaincront chacun et chacune du bien fondé de faire l’indépendance avant tout autre chose. Il doit s'engager envers tous ses partenaires à gérer l'appareil d'état le plus efficacement possible mais aussi de la manière la plus neutre passible et dans tous les cas sur une base provisoire.
Serge Savoie
P.I. Taillon
Archives de Vigile Répondre
22 novembre 2007Effectivement, la stratégie de QS est dangereuse. Tout comme celle du PQ. Je crois que l'auteure de l'article principal l'a compris puisqu'elle a joint le PI.
Pour Monsieur Roy, je trouve votre attitude défaitiste. Vous parlez d'une victoire du PQ avec 2 députés de QS. Alors que vous devriez parler d'une victoire de QS. Sans prétendre que ce soit possible dès les prochaines élections, on ne sait jamais ce qui se produira d'ici une dizaine d'années comme l'a dit Madame David. Je rajouterai rien n'indique que le PQ reprendra le pouvoir avant que QS ait des chances d'accéder au pouvoir.
Dans cette optique, QS aurait dû tout faire pour aller chercher les indépendantistes radicaux déçus de la position du PQ. Mais ils ont plutôt une position modérée comme le montre si bien l'auteure de l'article. D'où l'importance d'un nouveau parti indépendantiste.
Archives de Vigile Répondre
21 novembre 2007Je ne désire pas vous empêcher de vivre monsieur Roy. Je respecte beaucoup trop la gauche du Québec pour souhaiter son musellement. Je crois sincèrement qu'avant de faire le débat gauche/droite, il faut se donner un pays le Québec.
Par contre, je réalise moi-aussi que quelque chose ne tourne pas rond présentement au PQ.
Comment se fait-il que le Parti Québécois n'ait pas encore réagi aux propos méprisants tenus lors du congrès des jeunes adéquistes sur les assistés sociaux?
Le PQ est-il d'accord pour qu'on s'en serve encore une fois, comme bouc-émissaire, comme si nous avions pas tiré de leçons de l'épisode des bou-bou macoutes des années 80?
Archives de Vigile Répondre
20 novembre 2007Je comprends votre sentiment et le respecte. Si le PQ reprend le pouvoir, avec idéalement un ou deux députés de Qs à ses côtés, et qu'il enclenche un référendum, nous y participerons activement pour le gagner, ça va de soi. On pourrait même à ce moment là former une coalition, pas de problèmes. Entretemps, laissez nous vivre et permettez au Québec de se donner un parti de gauche. Le paysage politique ne s'en portera que mieux.
Archives de Vigile Répondre
20 novembre 2007Monsieur Roy,
Moi aussi, je suis un homme de gauche mais la cause nationale transcende le clivage gauche/droite.
L'idée d'indépendance appartient au peuple québécois et dans le peuple québécois, il y a des gens de gauche et des gens de droite. Donc, ce grand projet de pays ne peut-être porté que par une partie de son peuple.
Le débat politique normal entre la gauche et la droite ne peut se faire en famille qu'après être devenu d'abord un pays normal. Pierre Bourgault a toujours prétendu cela.
Je suis solidaire de Québec-Solidaire. Je partage en grande partie sa vision. Le problème, c'est que le momentum n'est pas favorable.
Je dis et le redis encore une fois, le pays d'abord!
Denis Julien Lotbinière
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2007À l'exception de quelques personnes, les membres de Québec solidaire sont souverainistes. Cette particularité a été réafirmée en fin de semaine lors du conseil national. Je ne sais pas d'où vous tenez vos informations pour nous faire croire le contraire. Et, comme le disait Pierre Dubuc la semaine dernière lors d'une intervention à une conférence publique, l'idée de souveraineté du Québec sans un projet de société ne sert à rien.
Pourquoi devrais-je appuyer un parti qui se dit souverainiste et qui penche résolument vers la droite? Pour moi, souverainteté du Québec et justice sociale sont indissociables. C'est pourquoi j'appuie Québec solidaire dans sa démarche.