Pour l'union de toutes les forces indépendantistes

Il est minuit moins cinq pour la cause de l'indépendance du Québec!

2011 - actualité souverainiste



Nous faisons nôtre l'état d'urgence auquel fait face la cause de l'indépendance du Québec et la nécessité historique de l'union de toutes les forces indépendantistes du Québec tel que l'a souligné Claude Bariteau dans son article «Le peuple québécois d'hier et d'aujourd'hui»paru dans l'édition du Devoir du samedi 16 juillet 2011.
Quelles seraient les conditions conduisant aux rapprochements des forces indépendantistes identifiées par M. Bariteau — dont le Parti québécois, Québec solidaire, un éventuel nouveau parti politique issu de la dissension du Parti québécois et tous les autres partis, groupuscules et tendances indépendantistes? Comment, en effet, faire la distinction entre le parti et la cause, entre la gauche et la droite, entre les fonctionnaires, rentiers et financiers de l'indépendance et les militants? Comment tout ce beau monde pourrait-il regagner la confiance de la population?
Sous peine de jouer au gérant d'estrade, on ne peut plus ici faire l'économie d'une critique des compromissions historiques du Parti québécois et de ses dernières compromissions bassement électoralistes.
On ne peut plus en effet faire l'économie d'une critique du père fondateur du Parti québécois, qui est celui qui a définitivement mis ce parti sur la voie de l'électoralisme au détriment de la cause de l'indépendance.
Dès la création du PQ
Le tout a commencé avec un recul historique, celui de la dissolution du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) au profit d'un Mouvement souveraineté-association. Ce dernier nous apparaît maintenant beaucoup plus comme la suite logique de la Révolution tranquille, de son équipe du tonnerre et du «Maîtres chez nous» que comme la conversion de ses fondateurs à la cause de l'indépendance du Québec.
Il faut en outre — aussi douloureux que cela puisse être pour certains — sortir du mythe fondateur du Parti québécois et de son chef qui, ma foi, fut toujours plus «associatif» que «souverainiste» et dont les atermoiements ou compromissions historiques (son «étapisme», son beau risque, son bon gouvernement et son référendum) ne semblent pas avoir vraiment aidé la cause de l'indépendance.
On a préféré gouverner une province — avec un certain succès, il faut le reconnaître — plutôt que d'attendre pour gouverner un pays. Quel gâchis, on y aurait sacrifié une génération de militants!
Nous croyons que cette approche traditionnelle du Parti Québécois a vécu. Et ce, d'autant plus, comme le mentionne M. Bariteau, que ce modèle «qui préconise la prise du pouvoir suivie d'un référendum» est aujourd'hui dépassé. En effet, entre autres, la loi fédérale sur la clarté référendaire piège tout référendum.
D'ailleurs, le peuple y croit-il encore? Lui qui bien souvent a milité pour l'indépendance, soir et matin, pendant plus de 30, voire plus de 40 ans! Est-il demeuré dupe du sacrifice de la cause de l'indépendance au profit des financiers, des fonctionnaires et des rentiers de l'indépendance? De ces professionnels qui ont bien vite tenu le militant éloigné de la vie active du parti et bien souvent réussi à isoler ses hommes politiques de la population?
Que dire finalement qui n'a pas déjà été dit sur la dernière compromission bassement électoraliste du Parti québécois dans le cadre de la saga de l'amphithéâtre de Québec? Cela n'a certes pas réduit le cynisme de la population envers la classe politique en général ni aidé le Parti québécois à lui redonner confiance en un «bon gouvernement» issu de ses rangs!
Ce peuple serait-il prêt par ailleurs à se relever les manches et à se commettre de nouveau pour la cause de l'indépendance? Si oui, il demandera des garanties. Il n'accordera pas sa confiance aux premiers venus, pas plus — espérons-le — qu'au regroupement autour de M. François Legault et de son miroir aux alouettes.
Dépasser la gouvernance provinciale
Nous ne croyons plus que le débat politique actuel doive se situer à gauche ou à droite, qu'il doive être mobilisé par les «lucides et/ou les solidaires». Le moment présent de l'histoire du Québec est celui «d'une refonte autant du projet indépendantiste, de la démarche et du cadre politique d'un Québec devenu pays», comme l'écrivait Claude Bariteau. Cette démarche se doit d'être la tâche historique présente de toutes les forces indépendantistes.
Le Parti québécois ne peut plus se targuer d'être «le» parti du rassemblement des Québécois autour de l'indépendance, Québec solidaire est trop marqué à gauche pour y prétendre, les éléments démissionnaires du Parti québécois se cherchent un véhicule politique pour ce faire et les dizaines de groupuscules, tendances et associations indépendantistes y vont de leurs spéculations respectives.
Le Québec aurait donc besoin d'une nouvelle structure politique qui rassemblerait toutes les forces vives désirant faire du Québec un pays. Ce parti serait essentiellement axé sur la cause de l'indépendance et d'aucune façon sur la gouvernance provinciale. Il n'aurait donc pas à proprement parler de programme politique autre que celui entourant l'accession à l'indépendance.
Cette accession se ferait par la voie d'une élection référendaire. Une fois une majorité de députés acquise à l'Assemblée nationale, il déclare l'indépendance du Québec. Parallèlement, il met en place une assemblée constituante afin de rédiger la Constitution du Québec indépendant. Cette nouvelle Constitution est par la suite soumise à l'approbation du peuple québécois.
Une fois ces tâches historiques complétées, ce parti rassemblant toutes les forces vives et qui aura donné un pays au Québec se saborderait. Évidemment, il aura pris soin de déclarer des élections où tout chacun peut se présenter dans le cadre d'un parti politique québécois selon ses affinités solidaires et/ou lucides. Il devra bien sûr gérer les affaires courantes pendant cette période de transition.
Le modèle politique d'accès à l'indépendance du Québec que nous avons présenté ici nous semble clair, précis et sans faux-fuyant. Il priorise la cause de l'indépendance en n'accordant qu'un mandat limité au parti qui la fera. Il évacue le piège du référendum en adoptant un modèle d'accession basé sur l'obtention d'une majorité à l'Assemblée nationale.
Et surtout, surtout, il nous semble susceptible de rassembler toutes les forces vives du pays, celles de droite comme celles de gauche, voire de susciter l'adhésion enthousiaste de la population.
Certains traiteront notre proposition de trop radicale et d'irréaliste. À ceux-là, nous rétorquerons que nous préférons «passer à l'histoire comme les bâtisseurs de la nation politique québécoise... [plutôt que] comme son fossoyeur», comme le concluait M. Bariteau.
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Pierre Pichette, Mont-Saint-Hilaire


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